Villars-les-Dombes Parc des Oiseaux (Ain), envoyé spécial.
Cette fois, qui leur en tiendra rigueur? L’ambiance est telle sur la route du Tour, que les coureurs eux-mêmes semblaient avoir la tête ailleurs lors de la quatorzième étape, samedi 16 juillet, entre Montélimar et Villars-les-Dombes Parc des Oiseaux (208,5 km). Bien sûr, il y eut les échappées du jour, quatre courageux (Elmiger, Roy, Howes, Benedetti) partis tôt après le départ, avancé d’un quart d’heure en raison d'un fort vent de face. Bien sûr, il y eut, lors du départ fictif, une minute de silence observé par tout le peloton en mémoire des victimes de la tuerie de Nice, avec, en première ligne, les porteurs des différents maillots de leader et le champion de France Arthur Vichot. Bien sûr, il y eut une course tactique des équipes de sprinters, gérant la faible avance des fuyards jusqu’à les étouffer dans les derniers kilomètres. Bien sûr, il y eut la visite du Parc des Oiseaux, plus grand centre ornithologique de France, avec ses 300 espèces de tous les continents. Bien sûr, il y eut un vainqueur, le Britannique Mark Cavendish, sa quatrième depuis le départ du Mont-Saint-Michel… Mais les intérêts de l’épreuve semblaient encore dérisoires, sans parler des polémiques des derniers jours, nées dans le chaos du Mont Ventoux. Pour le chronicoeur comme pour beaucoup de ses confrères, que tout cela paraissait loin…
Ce samedi, faute de mieux, beaucoup de commentateurs se
penchèrent encore sur le cas Nairo Quintana, vingtième du contre-la-montre, vendredi,
et désormais quatrième au classement général, à près de trois minutes de Chris
Froome. Le Colombien, présenté à juste titre comme le principal adversaire du
Britannique et tenant du titre, refusa de trop s’épancher, livrant néanmoins
une analyse sommaire sur sa contre-performance dans le chrono. «Le vent soufflait fort et j'ai
vraiment souffert au début»,
confia l’ancien meilleur jeune du Tour. Cette perte de temps conséquente
de Quintana sur Froome n‘était évidemment pas une énorme surprise. Mais cette
journée s’ajoutait à celles passées en première partie de Tour, où le Colombien
ne parvint jamais à dominer son adversaire en montagne. Plus grave, il avait perdu
du temps, sur le plat à Montpellier, dans la descente de Peyresourde et dans
l’ascension escamotée du Ventoux. De quoi oublier une possible victoire finale? «Si on ne
croit pas à sa remontée, on peut fermer le camion et rentrer à la maison, il y
aura des bonnes journées en fin de Tour, on attend ça», répondit son directeur sportif José
Luis Arrieta. «Trois minutes au général, c’est un peu loin, mais il y a
encore beaucoup de montagne», confirma Quintana en personne. Les Alpes
offriront en effet quatre journées difficiles…
Mais avant cette perspective, ce dimanche, le Tour honorera
le Grand Colombier, la montagne totem du département de l'Ain, situé dans la
région naturelle du Bugey, dans la 15e
étape qui reliera Bourg-en-Bresse à Culoz. Le parcours de 160 kilomètres
affichera un dénivelé de 4000 mètres, l'équivalent d'une belle étape de
montagne, même si le point le plus haut, au sommet du Colombier, ne culminera
qu’à 1501 mètres. Quatre ascensions, dont une classée en première catégorie
(col du Berthiand, km 23), précèderont la montée intégrale du Grand Colombier,
hors catégorie en raison de ses 12,8 kilomètres à 6,8 % de pente. La descente
mènera à un premier passage à Culoz, avant un circuit qui comportera une
ascension partielle de la montagne, sur un autre versant, par de spectaculaires
lacets au-dessus du Rhône, avec vue sur le lac du Bourget et le Mont Blanc.
Suivront 5,5 kilomètres de descente et les 8,5 derniers kilomètres sur le plat,
jusqu'à la ligne installée dans la petite cité (3100 habitants).
Dans ce Colombier mythique, calvaire des cyclistes locaux, les
adeptes de la «Confrérie des Fêlés du Grand Colombier» sont déjà à pied d’œuvre.
Constitués depuis 1991 sur le modèle des «Cinglés du Ventoux», ils s’enquillent
régulièrement l’ascension de ce sommet légendaire par ses trois faces, dans la
même journée. La Confrérie compte près de mille «Fêlés». Le
chronicoeur les aime tellement que, lors du premier franchissement par le Tour
de ce col, voilà quatre ans, il avait voulu y adhérer… avant de renoncer,
vaincu par les pentes.
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