mercredi 28 septembre 2016

Tous au théâtre de Poche !

Le premier rendez-vous public du Comité parisien des Amis de l'Humanité se déroulera le lundi 3 octobre. 

Cher-e-s ami-e-s,
Nous sommes heureux-ses de vous annoncer la création du Comité Parisien des Amis de l'Humanité. Notre première rencontre, lundi 3 octobre à 19 heures, aura pour thème «Le pouvoir des mots du pouvoir». À l'heure de l'hégémonie de la pensée ultralibérale, comment décrypter le vocabulaire dominant? Comment nous réapproprier les mots de combat, de fraternité, de progrès? 

Le débat se déroulera en présence de Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste (dernier livre «Moi, Présidente», éditions Autrement) et Jean-Emmanuel Ducoin, rédacteur en chef de l'Humanité et écrivain (dernier livre «Bernard, François, Paul et les autres», éditions Anne Carrière, prix Louis Nucéra 2016).

Théâtre de Poche. 
75, boulevard du Montparnasse 75006 Paris.
Métros: Montparnasse-Bienvenüe (lignes 4, 6, 12, 13)
Bus: (lignes 96, 95, 94, 92, 91, 89, 82, 58)

Entrée libre.

mardi 27 septembre 2016

Réinventer l'industrie, une urgence

En moins d’un quinquennat, 887 usines ont fermé leurs portes en France. Une débâcle industrielle.
 
Les chiffres que nous publions le mercredi 28 septembre dans l'Humanité valent toutes les radiographies les plus savantes sur l’état de l’économie de notre pays. Certains feignent de les ignorer, comme s’il convenait de reporter le réel à une date ultérieure et de s’accommoder d’une forme de déclin qui touche à l’existence même de notre indépendance, sinon à notre capacité à maîtriser notre destin. Lisez bien: en moins d’un quinquennat, 887 usines ont fermé leurs portes en France. Une débâcle industrielle. Et si nous osons encore affirmer qu’il n’y a pas de pays fort sans une industrie forte et que l’époque nécessite une nouvelle maîtrise publique des outils de production et des moyens d’investissement, nous pratiquons, comme l’écrit le Monde, un «populisme industriel»
 
Quoiqu’en disent pourtant les tenants d’une économie de purs services et sans usines, les Français ont à peu près compris – et ils le déplorent souvent avec colère – les effets dramatiques de la désindustrialisation. Un million d’emplois industriels perdus, un déficit commercial chronique, des champions nationaux qui passent sous contrôle étranger, des pans entiers du territoire dévitalisés… sans parler, bien sûr, des plus de six millions de chômeurs, des quelque dix millions de pauvres, et de cette jeunesse sacrifiée, non intégrée, ni intégrable, dans ce marché ou dans ce salariat. L’incapacité des pouvoirs publics à remédier à ce déclassement est un véritable scandale. Quant aux dispositifs mis en place par Hollande, ils n’ont fait qu’alimenter la broyeuse à profits.
 

lundi 26 septembre 2016

Le droit à l'IVG, un combat permanent... et européen

En Pologne, le gouvernement réactionnaire, soutenu par l’Église, veut entériner une proposition de loi visant l’interdiction quasi totale de l’avortement, même en cas de viol...

Pour ceux qui doutent que les droits essentiels ne soient jamais gravés dans le marbre ad vitam aeternam, fussent-ils arrachés par les plus nobles conquêtes collectives, l’exemple polonais, un parmi tant d’autres, devrait les refroidir, sinon les réveiller. La Pologne est membre de l’Union européenne. Pourtant, la machine libéralo-catholique-patriarcale qui s’abat sur ce pays atteint désormais la dignité des femmes dans leur engagement même pour le droit à l’avortement. Singulière ironie de l’histoire. Nous avons tous en mémoire le souvenir d’une mère, d’une grand-mère nous racontant qu’avant la loi Veil beaucoup de Françaises s’absentaient pour pratiquer une IVG en… Pologne. En 2016, ce sont les Polonaises qui traversent les frontières, du moins celles qui le peuvent, les autres ayant recours à la clandestinité : entre 100.000 et 150.000 par an. Pour l’instant, la loi polonaise reste l’une des plus strictes en Europe et n’autorise l’IVG que dans les cas extrêmes, danger pour la vie de la mère, pathologie irréversible du fœtus ou grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste. Seulement voilà, le gouvernement réactionnaire, soutenu par l’Église, veut entériner une proposition de loi visant l’interdiction quasi totale de l’IVG, même en cas de viol...

dimanche 25 septembre 2016

Pacte(s): la gauche française en question

Le corps du peuple sans l’âme du progrès social n’est qu’un squelette en voie de décomposition. Nous laisserons-nous embarquer sans réagir, alors que, à gauche, de nombreux mouvements rassemblés montrent qu’une dynamique peut être engagée?
 
Gauche. Nous vivons tous à l’affût de surprises qui sauraient rendre nos mémoires toujours plus fidèles, ce qui nous éviterait de nous fuir, de nous tromper, et accessoirement de perdre de vue l’essentiel par les temps qui courent: croire encore «en la» politique (comme on dirait croire en l’amour). Idée absurde, n’est-ce pas, tellement décalée, presque vieux jeu. Faut-il qu’il ait existé entre l’idée «de la» politique et nous-mêmes des complicités si profondes et si inconscientes pour que l’évoquer encore et encore soit toujours indispensable! Admettez que le sort de la gauche française – et son pôle d’attraction le plus social et révolutionnaire possible – nous importe et nous occupe presque quotidiennement, au moins par devoir et passion, sinon par fonction, comme si les déboussolés que nous sommes par l’évolution en cours nous permettaient la posture de l’observateur, un pied dedans, un pied dehors. Le philosophe et médiologue Régis Debray, présent au stand des Amis de l’Humanité lors de la dernière Fête, à La Courneuve, résumerait le dilemme d’une formule savoureuse: «La gauche, sans faire le détail de ses tribus et avec tous ses aggiornamentos, a dans son ADN un pacte avec la durée, parce qu’elle est “transmission”, transport d’une information rare le long du temps.» C’est au nom de ce «pacte» et de cette «durée» que nous nous autorisons à nous interroger sur la séquence électorale qui s’ouvre, avec la crainte de revivre un cauchemar pour cette gauche de transformation qui nous tient lieu de maison commune. Celle-ci possède pourtant une définition assez simple: le «peuple de gauche», comme concept et permanence, est une histoire longue, ou plus exactement l’unité de cette histoire. Les deux coexistent, plus ou moins bien selon les périodes, mais il n’est jamais bon que l’un chasse l’autre. Disons, pour schématiser, que nous traversons (temporairement?) une période creuse.

jeudi 22 septembre 2016

Frères en humanité, frères de classe

Il faut accueillir les migrants. Si la vie de nos concitoyens s’avère si difficile socialement, est-ce la faute des migrants ou des politiques libérales et d’austérité mises en œuvre depuis si longtemps?

Les débats majeurs, ceux qui nous déterminent, méritent de la vigilance et ce surcroît d’attention et d’intelligence collective qui devrait être le propre d’une grande République comme la nôtre. Assez souvent, pourtant, ceux qui font profession de parler au nom des Français nous donnent la nausée. Que dire de l’attitude des responsables de droite et de son extrême dès que le mot «migrants» est prononcé? Comment réagir face à l’ignominie de ce que nous entendons quotidiennement, sachant que plus l’ignominie sera terrible, plus elle s’attirera une place de choix dans les médias? À écouter les Wauquiez, les Estrosi, les Sarkozy et les autres, qui n’ont que «la France, la France» au bout des lèvres, le pays de Voltaire et d’Hugo devrait cesser d’être une terre d’accueil. Dans ce contexte de surenchères irresponsables, qui attisent la haine des uns contre les autres et au bout du compte accréditent la xénophobie, le Front national vient même de créer un collectif de maires intitulé Ma commune sans migrants… vous savez, ces peaux foncées, ces parasites, ces illettrés, ces bas morceaux, ces morts-la-faim… 

Maintenant, ça suffit! Les migrants sont nos frères en humanité, nos frères de classe.

jeudi 15 septembre 2016

Exception(s): une certaine idée d'être ensemble

La Fête de l’Humanité et sa permanence. Comme exigence.
 
Extase. Et, soudain, l’inattendu nous rattrape par la manche. Comme par effraction. Ou par grâce. À nos pensées douloureuses du moment succèdent alors un sentiment de liberté, une invitation brutale à se délester de nous-mêmes, au point d’éprouver une sorte de vertige et la promesse d’une jubilation (même relative) que nous nous étions interdits jusque-là. Un frémissement. Une élévation. Voici le miracle de la Fête de l’Humanité, unique en tant qu’exception. Vous allez plutôt mal? La Fête vous immunise. Vous avez la tête ailleurs? Elle vous réaffirme. Vous manquez de courage? Elle vous rehausse. Vous avez honte de n’être pas assez vous-mêmes, de trahir parfois le sens profond de votre intimité? Elle vous irrigue et vous impose cette petite extase qui atrophie les heurts et les chasse. Avec la Fête, notre horizon compose quelquefois des ourlets que seule l’imagination déplisse avec progressivité, comme on dirait avec «l’ambition du progrès». Quels meilleurs mots, une semaine après, pour traduire le sentiment qui domine, alors que les ultimes échos résonnent au loin du côté du parc de La Courneuve, nous laissant, chaque année recommencée, un peu orphelin? Sachez-le, une question nous a hantés encore cette année, par exemple au stand des Amis de l’Humanité, le dimanche soir venu, quand un sentiment de joie intense dissipait toutes les fatigues: comment poursuivre le « temps » de la Fête pour que ce temps-là, unique en son genre, ne soit pas qu’une trace éphémère, un souffle, une respiration éperdue mais déjà dissipée par la suite qui mange le meilleur de nous-mêmes? Le bloc-noteur traduit là, en somme, ce que beaucoup pensent: comment préserver «l’esprit» de la Fête jusque dans ses moindres détails de diversité, de richesse et d’intelligence, comment continuer d’ouvrir les fenêtres et d’aérer les idées

 
 L'intégralité de l'échange
entre Philippe Martinez et Régis Debray,
au stand des Amis de l'Humanité, à la Fête 2016.
 

mercredi 14 septembre 2016

Le "quoi", le "qui"...

Le message du Peuple de la Fête de l'Humanité à toute la gauche critique. Une sorte de mode d'emploi.


Trois jours se seront bientôt écoulés, déjà, et la mémoire vivante de la Fête de l’Humanité, tel un mode d’emploi, ne se dissipe pas. Au contraire, prend-elle un sens plus évolutif, à mesure que se déclinent sous nos yeux les fracas d’une actualité comme autant de matières emblématiques qui nécessitent un grand renversement de la conscience collective. Cette année plus encore que d’ordinaire, tant la nécessité d’une refondation de la gauche alternative – et de la gauche tout court – s’avère urgente. Dans un contexte de désarroi profond du peuple de gauche, longtemps figé dans la sidération, nous pourrions résumer d’une seule formule le « message » du Peuple de la Fête : de quelle société voulons-nous ? La question paraît banale pour ceux qui connaissent l’âme politique de la majorité des participants, néanmoins, elle cristallise l’ampleur des attentes à l’heure d’échéances électorales primordiales pour notre avenir. Lisez l’Humanité d’aujourd’hui et vous comprendrez ce que signifie répondre à cette interrogation, au fil des articles, quel que soit le sujet. 

jeudi 8 septembre 2016

Présidente(s): prémunissez-vous du pire

Une nouvelle élue s’installe à l’Elysée... Un livre drolatique et cauchemardesque de Gérard Mordillat.
 
Futur. Savez-vous ce qu’est une sotie? Voici la définition donnée par Gérard Mordillat en exergue de son dernier livre: «Farce à caractère satirique jouée par des acteurs en costumes de bouffons, allégorie de la société du temps.» Le genre peut paraître désuet aux non-lecteurs-spectateurs d’arts comiques grinçants. Croyez-nous pourtant sur parole. Notre époque de bric et de broc – qui tue toute critique anticipatrice – exige des méthodes parfois iconoclastes et audacieuses pour en dénoncer les travers idéologiques. Le verbe et la satire peuvent se révéler une arme redoutable. Tous les moyens ne sont-ils pas bons, désormais, pour réveiller les consciences et secouer ceux qui refusent de voir la réalité et derrière la réalité un petit bout de ce qui se profile à l’horizon si rien ne change. Avec "Moi, présidente" (éditions Autrement, 122 pages), Gérard Mordillat se transporte dans la préfiguration d’un futur risible mais très cauchemardesque. À l’Élysée, une équipe de TV Près De Chez Vous, la télévision façon ORTF du pouvoir fraîchement installé, filme la nouvelle présidente élue dans l’exercice de ses fonctions. Dans les coulisses, nous croisons le ministre du Racisme Efficace, le ministre de la Police et Répression, le ministre de la Propagande Officielle, le ministre de la Précarité Raisonnable, le ministre du Savoir et Folklore, le ministre de Ma Guerre – celui de la Défense a été supprimé, puisque, «s’il y a la guerre, c’est bien moi qui le décide et qui commande à tous les connards le petit doigt sur la couture du pantalon». Nous côtoyons également l’Éminence des Cultes, utile pour le redressement moral du bas peuple, le Patron des Patrons, de même que l’Actuel de madame la Présidente (comprendre: le conjoint en mode serpillière).

dimanche 4 septembre 2016

Ne nous laissons pas impressionner

Les vendeurs de nostalgie veulent nous imposer des thématiques mortifères, accaparés qu’ils sont par leur culture de l’exclusion et de la sélection entre citoyens. Regardons devant nous sans ciller et sans mollir. La séquence électorale qui s’ouvre réclame des débats de fond.
 
Macron, Valls, Sarkozy, Fillon, Le Pen… Identité française, sécurité, islam… Si, vous aussi, vous en avez marre du médiocre feuilleton qui pollue quotidiennement la rentrée, sachez-le : vous n’êtes pas les seuls ! Alors que nous nous lançons déjà dans une campagne politique majeure et fondamentale pour l’avenir du pays, il semble que nos concitoyens soient moins sensibles aux discours dominants qu’il n’y paraît. Pour une fois qu’une étude d’opinion nous intéresse, ne boudons pas notre plaisir. D’après un sondage Elabe, 64% des Français se déclarent davantage préoccupés par les thèmes économiques et sociaux que par l’identité et la sécurité. Parmi eux, et pour cause, pas moins de 83% des sympathisants de gauche évoquent la réduction du chômage et la lutte contre les inégalités sociales. Une véritable claque aux minables marquis de la politicaillerie qui, de la droite à son extrême, jusqu’à certains membres éminents du gouvernement, détournent volontairement leur regard et ignorent les vraies souffrances qui martèlent la masse du peuple.
 

vendredi 2 septembre 2016

Rentrée(s): ancrée dans le réel

Le climat de ce mois de septembre possède quelque chose de puissamment ambigu. Mais déjà, qui ne comprend pas que l’établissement d’une nouvelle République est une urgence absolue?
 
Tréfonds. Un invariant utile à se remémorer aux heures de troubles persistants et de crises diverses propices à tous les dangers: les tragédies de l’existence – et donc celles qui frappent aussi les autres – ne concernent que ceux qui souffrent par passion, et seulement ceux-là. Nous en sommes. Intimement. Certes nous vieillissons et les rentrées s’empilent sur nous comme des montagnes de Lego livrées à nos gamins, laissant des traces accumulées, chaque année plus prégnantes. Si peu ragaillardis par des chaleurs harassantes, à peine bronzés à l’ombre des conifères, nous agitons les bras, nous prenons des voix de conteurs pour tenter déjà de narrer la suite ancrée dans le réel, tandis que la fin de l’été meurtrier continue de nous essorer autant qu’il nous maintient en éveil – assez utilement au fond. Le climat de ce mois de septembre, à une semaine de la Fête de l’Humanité et à quelques mois d’une double échéance électorale majeure, possède quelque chose de puissamment ambigu. D’un côté, la petite musique médiatico-politique repart sur un rythme pestilentiel, encagée dans des problèmes subalternes dont le fameux vêtement féminin de baignade a constitué le fait marquant (sic), du matin au soir et sur tous les tons, dans le prolongement d’une longue séquence autour de la seule religion musulmane, suspecte de tous les troubles inhérents à la vie quotidienne, favorisant surtout les pires hypocrisies, tous les amalgames, prétendument combattus, alors que, pendant ce temps-là, le chômage de masse, la précarité du travail, les maux sociaux comme les dérèglements climatiques, sans parler des tensions guerrières mondiales, passent au second rang. Et d’un autre côté, assez paradoxalement peut-être, nous sentons dans les tréfonds du peuple français une envie de changement considérable, comme si le « moment » qui se présentait devant nous se révélait assez historique pour qu’une prise de conscience collective attise les esprits les plus farouchement attachés à notre à-venir commun.