Ce sera une sorte de 1er Mai des convergences de toutes les
luttes en cours. Souhaitons qu’il soit une étape supplémentaire vers un
rassemblement encore plus large.
Rarement, ces dernières années, la Fête des
travailleurs n’a autant charrié de symboles. À l’évidence, ce 1er Mai ne
ressemblera à aucun autre. C’est peu dire à quel point ce printemps 2018 nous
tire par la manche et nous pousse dans le dos, avec en toile de fond, bien sûr,
les 50 ans de Mai 68, que nous devons regarder avec lucidité, sans dogme,
mais comme un point de raccordement avec la tradition française en tant
qu’étape décisive de notre modernité politique et citoyenne. La conscience du
moment, en somme depuis le début du mouvement des cheminots, a au moins une
vertu: face aux choix d’Emmanuel Macron, chacun a pris la mesure de ce que
souhaite la noblesse d’État, qui prêche, partout, le dépérissement des services
publics au profit du règne sans partage du marché. Laisser faire ne pourrait
qu’avaliser le sacre de l’Homo œconomicus et l’extension des normes marchandes
à toutes les activités humaines, y compris celles qui concernent le bien
commun.
Avec la SNCF, une brèche décisive contre le
droit social a été ouverte par l’exécutif. La visée macronienne, soi-disant «complexe»,
est pourtant d’une simplicité redoutable. L’attaque brutale contre les uns –
les cheminots, livrés en pâture – ne sert qu’à préparer et favoriser celle
contre les autres, pour que, au fil des contre-réformes et des privatisations,
la France tourne le dos à son histoire sociale. Chacun est concerné par les
dangers de la précarisation généralisée…
La bataille d’idées, depuis des semaines, est
tout aussi violente. Elle ne se mènera et ne se gagnera qu’ensemble. Le
bouillonnement social, visible bien au-delà des gares, dans les amphithéâtres,
dans les hôpitaux, dans le secteur de l’énergie et ailleurs, doit trouver un
prolongement significatif dans ce 1er Mai singulier. Aux côtés de tous les
salariés du privé comme du public, des retraités, des privés d’emploi, des
étudiants, la manifestation des forces syndicales s’avère un point d’appui
essentiel afin de défendre leurs revendications, leurs emplois, leurs services
publics… Ce sera une sorte de 1er Mai des convergences de toutes les luttes en
cours. Souhaitons qu’il soit une étape supplémentaire vers un rassemblement
encore plus large.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 30 avril
2018.]
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