samedi 18 juillet 2009

A bout de souffle...

Pour la deuxième fois depuis le départ du Tour de France 2009, je me dois de vous parler à nouveau de la chronique de Greg LeMond, chaque jour dans Le Monde. Je confirme ce que j’écrivais sur ce blog il y a une semaine : chronique décidément passionnante. En témoigne celle publiée dans l’édition du week-end et intitulée « Bouche bée ».

L’ancien triple-vainqueur du Tour, se référant aux premières étapes de montagne (les Pyrénées), puisque, selon lui, il s’agit « d’un bon indicateur pour mesurer l’état du dopage dans le peloton », a constaté ceci :
« Hormis les leaders des grandes équipes et une formation en particulier, j’ai cru déceler des signes de fatigue sur le visage des coureurs, les bouches de certains étaient même grandes ouvertes. »

Pour LeMond, qui en connaît un rayon, il faut naturellement dépasser le seul aspect visuel, au bénéfice d’un autre « élément un peu plus compliqué à appréhender » : « La façon dont un coureur produit l’énergie nécessaire à le propulser dans les cols. » Et l’ancien coureur, premier américain à triompher sur les routes du Tour, précise : « Comme dans tout sport d’endurance, ce qui fait la différence à haut niveau, c’est la capacité à capter la plus grande quantité d’oxygène possible, le ‘’carburant’’ indispensable pour faire avancer le vélo. (…) Le seul moyen d’aller plus vite, pour un cycliste, c’est d’augmenter sa capacité d’oxygénation. La plupart des sportifs améliorent leurs capacités pulmonaires au cours des trois à cinq premières années professionnelles. Ensuite, les coureurs ne peuvent plus améliorer leurs capacités respiratoires naturellement… »

Greg LeMond entre dans le détail. Et ça devient croustillant. « Si un coureur, explique-t-il, possède une VO2max (consommation maximale d’oxygène) de 78 millilitres par seconde, il lui sera normalement impossible de battre un adversaire qui affiche une VO2max de 90 millilitres. Et aucune charge d’entraînement ni aucun régime diététique ne peut transformer un coureur qui n’a pas une excellente VO2max en champion. »

Je me dois de citer encore LeMond : « Quand je courais encore, poursuit-il, ma VO2max était de 93 millilitres, c’était la plus élevée du peloton. Aujourd’hui, je serai très loin des premiers ! Certains coureurs donnent comme explication à ce bond de performance la perte de poids et un meilleur entraînement. C’est de la poudre aux yeux ! La recette miracle s’appelle EPO et transfusion sanguines. »

Certains anciens ont décidément des choses à nous apprendre. Merci à Greg LeMond…

Evidemment, je profite de l’occasion pour apporter un élément complémentaire. Sachez en effet que la VO2max d’Armstrong, qualifiée d’«exceptionnellement haute», ce qui justifierait pour une bonne part l’ampleur de ses capacités de l’époque, avait été mesurée à 81,2 millilitres en 1993, ce qui la plaçait en effet dans la moyenne haute des sportifs de haut niveau. Seulement voilà, elle fut mesurée à 71,5 millilitres en 1999, année de son premier succès dans le Tour !

Peut-on dès lors parler d’une VO2 Max « exceptionnelle » ? Et comment expliquer qu’elle était au sommet en 1993, quand il était incapable de franchir un col de 2000 mètres, et au plus bas en 1999, quand il lâchait les purs grimpeurs ?

A plus tard…

4 commentaires:

stéphane a dit…

Armstrong restera, selon moi, la pire des escroqueries de l'histoire sportive.

Excellent coureur de classiques à 25 ans ( un âge ou la marge de progression est déjà réduite ), le voilà qu'il revient d'un cancer, à l'âge de presque 28 ans, pour devenir , tout simplement, le meilleur rouleur et le meilleur grimpeur du monde !!

Même un Marco Pantani, grimpeur de génie de 55 kg suroxygénés ( époque de l'EPO généralisé ), ne parvenait plus à le suivre alors que quelques années auparavant, il le laissait à 15 ou 20' à chaque étape de montagne ( Tour 1995 ) !!

Or, l'on sait trés bien, depuis que le Tour de france existe, qu'on ne devient pas grimpeur ou coureur complet , on nait grimpeur ou coureur complet !!

Jusqu'en 1991, y avait pas d'histoires. Les vainqueurs du Tour se reconnaissaient trés vite. On savait déjà si un coureur pouvait gagner le Tour, lorsqu'il avait 23/24 ans.

Depuis l'arrivée de l'EPO et de l'ère Indurain, Bugno,Rominger,Chiappucci, les repères historiques ont volé en éclat.

Méfions-nous d'un Christian Van de Velde ou d'un Fabian Cancellara ...( je plaisante à peine )

Clément a dit…

Méfions nous de Wiggins, surtout ! C'est bien beau de perdre du poids, mais de passer d'un coureur mauvais en montagne, incapable de passer un pont, à un grimpeur sur le Tour, ce n'est pas sensé.

Anonymous a dit…

MERCI FRANCE 2

Le service des Sports, la direction de la chaîne, les annonceurs rois de l'audimat, enfin tous ceux qui ont de l'influence et du pouvoir sur ce média se sont bien sûr rendu compte, comme tout le monde, qu'il fallait faire quelque chose. Réveiller le sportif de salon, celui qui depuis le départ de ce tour de France, pique du nez dans son canapé, bercé par la voix monocorde de Jean-Paul Ollivier et les commentaires de ces pauvres journalites qui ne savent vraiment plus quoi dire pour capter notre attention.
La chaîne du vélo a trouvé la parade, mais il fallait être vers 22h samedi soir devant son écran pour voir ça.
Mesdames Meesieurs, le roi Richard, oui oui Virenque en personne, septuple détenteur du maillot de grimpeur, assis sur une selle de vélo suspendu à un câble à 15 ou 20 mètres du sol, la tête en bas, pédalant de son plein gré.
Renversant non!!
Merci le service public de l'audiovisuel.

stéphane a dit…

Eh oui, j'avais oublié Bradley Wiggins, pourtant la menace la plus sérieuse..Bravo Clément !! Hier, c'était trés trés marrant, dans la montée de Verbier, mais j'espère vraiment que ce n'était qu'un feu de paille. S'il fait un top 5 au Tour de France, quel début de crédit pourra t'on encore donner à ce sport ??