lundi 23 mai 2022

L’indécence

Un million de personnes vont tomber dans l'extrême pauvreté toutes les 33 heures. Dans le même temps, durant ces deux dernières années, un nouveau milliardaire a éclos toutes les 30 heures…

La cruauté des statistiques et des chiffres dit parfois l’inhumanité et l’indécence des puissants. Alors que les «grands» de «l’élite» économique de la planète se réunissent au Forum de Davos, empreints, nous dit-on, d’une certaine «inquiétude» quant à l’avenir du capitalisme globalisé (sic), Oxfam lance un énorme pavé dans cet océan d’orgueil friqué. Sous la forme d’un rapport explosif, l’ONG alerte le monde en affirmant deux vérités aussi tragiques l’une que l’autre. Primo: en 2022, pas moins de 263 millions de personnes vont tomber dans l’extrême pauvreté, soit un million toutes les 33 heures. Secundo: dans le même temps, durant ces deux dernières années, un nouveau milliardaire a éclos toutes les 30 heures…

En l’espèce, devant semblable réalité, les mots ne traduisent qu’imparfaitement notre sidération et nos colères. Comme l’explique l’une des responsables de ce rapport d’Oxfam, Gabriela Bucher: «Les milliardaires arrivent à Davos pour célébrer une incroyable poussée de leur fortune.» Et elle met en garde: «Nous sommes en train de revenir sur des décennies de progrès concernant l’extrême pauvreté, avec des millions de personnes confrontées à l’augmentation impossible du coût pour simplement rester en vie.» En d’autres termes, la pandémie puis les fortes hausses des prix alimentaires et de l’énergie ont constitué une aubaine pour les plus riches. L’histoire toujours recommencée. À tel point que la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, en appelle, sans trop y croire, au «devoir moral» des invités du forum et les exhorte à «utiliser leurs vaste richesse et influence pour mettre fin au statu quo».

Reste un fait, l’explosion des inégalités sévit partout. D’autant que la France n’est pas en reste. Du côté de «nos» milliardaires, n’oublions pas que leur fortune a augmenté de 86% en moins de trois ans, avec un cumul de 236 milliards supplémentaires engrangés par les Arnault, Pinault et consorts. De quoi quadrupler, par exemple, le budget de l’hôpital public. Victor Hugo écrivait en son temps: «Et je dis que l’humanité a un synonyme: égalité.» Un beau sujet de campagne avant les législatives, non?

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 24 mai 2022.]

vendredi 20 mai 2022

Burkini(s)

Tout est prétexte pour réactiver la polémique identitaire.

Quiproquos. Vu la séquence politique, franchement, nous aurions pu nous épargner une telle polémique. Alors que depuis plusieurs mois nous étions – enfin – sortis des thématiques rances et involutives (identités, sécurité, etc.) au profit des vrais sujets qui préoccupent les citoyens (salaires, pouvoir d’achat, etc.), nous voilà subitement replongés dans un bain inutilement bouillonnant. Ainsi, après une longue trêve, le burkini retrouve une place inattendue dans le débat public et médiatique, au point de (re)devenir absurdement une «affaire nationale». À Grenoble, donc, le conseil municipal a décidé que se vêtir à sa guise dans les piscines serait une ardente obligation qui ne souffrait aucun délai. Très bien, formidable, pourquoi pas. Le bloc-noteur, qui déteste la police du vêtement, surtout en République laïque, estime que dans l’espace public chacun a le droit de se déguiser à sa convenance, puisque tel reste l’esprit de nos ferments. Petit rappel: dans la ville de M. Piolle, comme ailleurs, nous nous sommes longtemps satisfaits de la nage en maillot moulant, pour limiter l’étendue du tissu. Des raisons d’hygiène tout à fait compréhensibles. Autrement dit, le bermuda était tout autant proscrit que le burkini. Sauf que, depuis quelques années, l’histoire est terminée. Et les élus de Grenoble ont choisi ce moment-là pour remettre la question aux avant-postes, et avec elle les sempiternels quiproquos sur l’islam. La bataille du maillot de bain comme nature profonde des fantasmes à la française. Comment ne pas le regretter?

Inconcevable. Mais revenons à l’essentiel. Sauf à considérer que le burkini est un cheval de Troie des islamistes ou des séparatistes d’un islam ultraconservateur – idée pourtant absurde –, pourquoi la simple évocation de ce type de maillot suscite-t-elle semblables commentaires si déplacés que beaucoup perdent raison? Souvenons-nous, par exemple, que le port du burkini n’est pas, et ne saurait être, aux yeux des fondamentalistes radicaux autorisé en islam. Les théologiens le rappellent souvent: pour les croyants musulmans les plus rigoristes, il est plutôt inconcevable pour une femme de simplement fréquenter une piscine… et encore moins de s’y mélanger, quelle que soit sa tenue, surtout s’il s’agit d’un vêtement moulant. Mais alors, où est le problème? Et pourquoi tant de cris de honte?

Règle. En vérité, tout est prétexte pour réactiver de la controverse identitaire quand celle-ci paraissait noyée. L’affaire redevient donc politique. N’y voir aucun hasard. Au soutien de leur délibération, les élus grenoblois ont eu beau expliquer que la loi de 1905 sur la laïcité était «très claire» sur le fait de garantir la liberté de porter des signes religieux dans l’espace public, y compris les piscines. Ils ont même ressorti l’avis du Défenseur des droits Jacques Toubon et les arrêts du Conseil d’État de 2016 sur les plages du sud de la France. Toutes ces décisions laissent le libre choix, à condition de respecter l’hygiène et la sécurité. La règle s’impose à tous : neutralité des acteurs publics, liberté des citoyens. À ce propos, il est un endroit où les choses se déroulent dans le calme et la sérénité. À Rennes. Oui, des femmes nagent en burkini dans les piscines de la capitale bretonne depuis que le règlement intérieur de ces équipements a été modifié à l’unanimité des élus en 2018. Le règlement stipule que les tenues de bain «conformes aux exigences de sécurité et d’hygiène (…) ne doivent pas avoir été portées avant l’accès à la piscine». Et tout se passe dans le meilleur des mondes, sans excès ni haine, sans anathèmes ni disputes. Conclusion: puisqu’il ne s’agit en rien d’une revendication communautaire, la République n’est pas en danger. Et maintenant, revenons aux sujets essentiels!

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 20 mai 2022.]

dimanche 15 mai 2022

Abject(s)

Quand Thierry Henry insulte Saint-Denis.

Polémique. Diantre, mais qu’arrive-t-il à Thierry Henry, pour oublier l’histoire et la piétiner à ce point? Vous le savez peut-être, mais, pour la première fois depuis 2006, le Stade de France, lieu mythique du sport français dans le quartier de la Plaine Saint-Denis, accueillera la finale de la Ligue des champions, le 28 mai prochain. Sur la plateforme américaine Paramount+, l’ancien footballeur iconique des Bleus était ainsi invité comme consultant à commenter les qualifications pour ladite compétition. Et là, patatras. Voulant corriger en direct une animatrice de CBS Sports, qui eut le malheur d’associer la ville de Paris à celle de Saint-Denis, où se situe depuis janvier 1998 le plus grand et prestigieux stade de notre pays, Thierry Henry lança une polémique assez indigne en déclarant: «Techniquement, faites attention, le stade est situé à Saint-Denis.» Jusque-là, tout allait bien. Sauf qu’il ajouta: «Le stade est à Saint-Denis, pas à Paris. Ce n’est pas Paris. Croyez-moi, vous ne voulez pas être à Saint-Denis. Ce n’est pas la même chose que Paris, croyez-moi.» La somme des sous-entendus apparaissant assez évidente, une polémique légitime s’ensuivit, à la mesure de ce que certains considèrent un «dérapage», mais qui, en vérité, témoigne d’un présupposé insupportable. Depuis une semaine, de nombreux Dionysiens s’indignent et ne cachent pas leur incompréhension devant de telles paroles, prononcées par l’un des héros de l’équipe d’Aimé Jacquet. Thierry Henry n’a-t-il pas brandi, ici-même, le trophée suprême qui fit entrer l’enceinte dans la légende du football mondial? Sentiment de honte et de colère…

Mensonge. Alors oui, Saint-Denis n’est pas Paris. Et? Quel est le problème? Thierry Henry ne veut donc pas vivre dans la Cité des rois, soit. Personne ne le force. En revanche, a-t-il seulement pris le temps, comme tant d’autres le firent jadis (Dominique Rocheteau par exemple), de découvrir la ville, d’en saisir toutes les richesses humaines, de parler avec ses habitants, avec sa jeunesse, avec ses élus, d’errer rue de la République, de visiter la Basilique, d’assister aux concerts du célèbre festival de musique? Sans doute pas, ou alors «en surface», incapable de voir et de comprendre. Pardon pour les excès, mais le bloc-noteur ne peut s’empêcher de penser aux dérives antérieures et aux fausses projections sur «sa» ville de cœur, jadis présentée en «Molenbeek-sur-Seine» par le Figaro Magazine, comme si rien ne changeait, comme si les intérêts bassement politiques et les folies médiatiques pipolisées trouvaient leur compte dans le travestissement d’une réalité déjà assez complexe pour ne pas avoir à en rajouter dans la désinformation, sinon le mensonge abject.


Résister. Non, contrairement à ce que nous entendons régulièrement, Saint-Denis n’est pas en «guerre» et les habitants encore moins des «survivants» frappés par la seule «insécurité», la seule «montée de l’islam», la seule «absence de vie sereine». Le bloc-noteur, qui a vécu plus de vingt-cinq ans dans plusieurs quartiers de la ville, a la prétention, quoique modeste, de savoir à peu près ce qui s’y passe et que, si la vie n’y est pas facile pour tous, cela tient moins aux personnes qui l’habitent qu’aux conditions sociales qui s’y déploient, comme dans bien des quartiers populaires de notre République. Comprenons bien: à Saint-Denis, malgré les efforts considérables et souvent admirables des élus locaux depuis des décennies, c’est bel et bien la brutalité de la vie sociale, et rien d’autre, qui a pris le dessus, et a fini par permettre aux citoyens de résister, entre joie et crainte, dans la part que le pays – et d’abord l’État – leur a réservée. Cruelle vérité: plus de vingt ans après, certains n’ont toujours pas digéré qu’un quartier populaire, grâce à son temple sportif, devienne un phare de la nation. De l’autre côté du périph, on continue de disserter, d’insulter, d’ignorer l’évidence… Cher Thierry Henry, venez nous rendre visite. L’Humanité y a son siège depuis 1989, nous en sommes fiers. Et sachez-le: cela ne vous coûtera que le prix d’un ticket de métro…

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 13 mai 2022.]

mercredi 11 mai 2022

Logiques de l’ultralibéralisme

Pression, précarisation, subordination, harcèlement... France Télécom n'a pas été un cas isolé. 

En 2019, le premier procès France Télécom fut exemplaire et le jugement du tribunal correctionnel de Paris entra dans l’Histoire. Le harcèlement moral managérial institué en système fut alors décortiqué, analysé et… lourdement condamné. Nous n’oublierons pas de sitôt les mots de la présidente, empruntant à La Fontaine cette phrase: «Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.» Pour la mise en place du plan Next, novlangue anglo-saxonne d’une véritable machine de guerre sociale ayant entraîné une crise sans précédent, il fut précisé que «les dirigeants» avaient froidement organisé le «choix d’une politique à marche forcée». Seuls 39 cas de victimes avaient été retenus par les magistrats instructeurs. Dont 19 suicidés…

Comment se déroulera le second procès qui s’ouvre ce mercredi, puisque les dirigeants, l’ex-PDG Didier Lombard en tête, osèrent faire appel? Des sanctions inférieures seraient perçues, par toutes les victimes, comme un nouveau drame s’ajoutant aux drames qui secouèrent la société française si durablement. Une nouvelle fois, le rôle de l’État a été laissé à l’écart de la procédure. Plusieurs gouvernements successifs ont pourtant présidé à cette violente mue de l’entreprise, transformant l’un de nos fleurons des services publics en groupe du CAC 40 aux méthodes managériales vautours. Car l’histoire emblématique de France Télécom dit d’abord et avant tout les logiques infernales de l’ultralibéralisme poussé aux limites de la négation des travailleurs.

Au seuil de toutes les injustices, quand des femmes et des hommes sont broyés et poussés au pire, que dire encore de la course à la rentabilité, des ambiances délétères, du «time to move»? Figure là tout ce que nous connaissons de l’évolution du travail au sein de l’économie capitaliste. La pression, la précarisation, la subordination, la concurrence entre salariés, l’individualisation croissante des responsabilités, la désaffiliation, la sauvagerie du chacun pour soi… France Télécom n’a pas été un cas isolé. Le travail a aussi tué ailleurs, dans tous les secteurs: Renault, HSBC, BNP Paribas, La Poste, EDF, Sodexo, Ed, IBM, etc. Ou comment sortir des solidarités du service public jusqu’au sens du travail.

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 11 mai 2022.]

vendredi 6 mai 2022

Visionnaire(s)

La série Baron noir… et la gauche de 2022.

Historique. «Les urnes sont des boîtes à double fond, électoral et ­funéraire: elles recueillent, avec un léger décalage, nos rêves et nos cendres», écrivit un jour Régis Debray. Et il ajoutait, en fin connaisseur des us et coutumes en engagement: «Quand les rêves d’une génération tombent en cendres, en arrive une autre pour ranimer la flamme.» Depuis l’élection de Mac Macron II, quelque chose de prodigieux vient donc de se réaliser au sein de la gauche française, capable de parler, de négocier, de conclure un accord historique. Un joli mai qui annonce le printemps, pas forcément l’été. Parmi les confidences truculentes de ces heures et jours de palabre, quelques-unes en disaient long. «Ça fait dix ans qu’on se fout sur la gueule, on ne peut pas tout régler en quelques heures», justifiait par exemple un membre de la délégation socialiste après l’une des premières réunions chez les insoumis. Sans surprise, les négociations bloquaient moins sur le programme que sur la répartition des circonscriptions: les insoumis en proposaient 70, les socialistes en voulaient plus. Dans la bouche d’une négociatrice, nous pûmes ainsi entendre: «Ils se croient à une autre époque. Vous voyez Baron noir? C’est 100 fois pire!»

Fiction. La référence enchanta le bloc-noteur, qui ne compte plus le nombre de visionnages de la célèbre et prodigieuse série de Canal Plus. L’analogie entre notre actualité ici-et-maintenant et la saison 3 est d’ailleurs confondante de vérité, puisque «Baron noir», alias Philippe Rickwaert (Kad Merad), avait anticipé les discussions sur une véritable union de la gauche. Comme avec la FI, le PCF, le PS et EELV dans la vraie vie, tout se déroule de manière identique dans la fameuse fiction: les idées, les projets, les priorités et même le nom de la coalition. Autant l’admettre: l’union de la gauche reste à ce point fantasmée par une partie du peuple concerné que les brillants scénaristes l’avait incluse comme une sorte de point d’orgue, anticipant les moindres détails. Saison 3, épisode 6: Rickwaert se marie et la réception festive de ses noces devient prétexte à réunir les représentants des partis de gauche, du PS de Daniel Kahlenberg à la gauche radicale Debout le peuple de Michel Vidal (François Morel). Tout le monde répond présent, et le marié, bouteille de champagne à la main, en profite pour leur présenter un programme commun, auquel il aspire depuis toujours, intitulé «Plateforme du rassemblement de la gauche et des écologistes». Pour dépasser les ego, le nom de ladite plateforme se transforme en enjeu idéologique. «C’est pas si mal, sauf le titre qui sent très fort la naphtaline», lance Michel Vidal, le leader de Debout le peuple, l’équivalent de Jean-Luc Mélenchon. Et Vidal propose: «Pour une Fédération populaire.» Vous avez bien lu. Après disputes, un accord est trouvé: «Pour une fédération populaire, sociale et écologiste.» La saison 3 date de 2020…

Union. Dans cette série, le plus cruel concernait les socialistes (ceux de la vraie vie), finalement sauvés du naufrage par la trajectoire singulière de Rickwaert et d’un coup de barre à gauche grâce à une union improbable mais réussie (le réel rattrape aujourd’hui la fiction). Dans une tribune publiée dans le Monde, en février 2020, Yoan Hadadi, alors membre du bureau national du parti à la rose, expliquait sans détour: «Baron noir est peut-être l’ultime lien entre les Français et le Parti socialiste. À tel point qu’on ne sait plus si c’est le PS qui fait la série ou la série qui fait le PS.» Et il précisait: «Le dernier média d’une relation séculaire entre un parti culturellement minoritaire en France et des Français qui aiment le détester tout en ressentant le besoin de le rendre périodiquement majoritaire, le temps de quelques progrès sociaux… Dans une symétrie parfaite, plus la série rassemble les Français, moins le PS est en capacité d’attirer leurs suffrages.» Série visionnaire? Et tribune prophétique? À deux détails près. Le PS n’est plus maître du jeu, mais, en ce mois de mai, il est redevenu de gauche. 

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 6 mai 2022.]

mercredi 4 mai 2022

Une clarification des idées

La gauche unie, un événement majeur. D’abord et avant tout pour le peuple, qui attend une gauche ferme sur ses principes.

Parfois, l’accélération de l’Histoire a quelque chose de fascinant et de vertigineux. Qui aurait cru cela possible, il y a encore si peu de temps? Oui, qui pouvait imaginer qu’une alliance historique à gauche se scellerait en quelques jours, sur des bases claires et solides du côté du programme partagé? Après EELV et le PCF, la FI et le PS ont annoncé avoir trouvé un accord total, ce mercredi. Cette union parachève la construction d’une nouvelle union populaire de la gauche pour les législatives. Une séquence politique inédite s’ouvre. Elle suscite un tel espoir que la prochaine bataille électorale, les 12 et 19 juin, ne ressemblera à aucune autre.

Si beaucoup considèrent, à juste titre, que cet accord signifie que la gauche dans son ensemble «redevient» la vraie gauche, oublions néanmoins quelques instants les schémas anciens. En vérité, et ce n’est pas moins enthousiasmant, les premières pages d’un nouveau livre viennent de s’écrire – un livre qui peut s’avérer dense et prometteur. Une sorte de chapitre I qui ne présage pas un futur déjà rédigé. Tout reste à construire dans la durée, avec exigence et ambition, dans le respect des forces en présence, des différences et des divergences sur certains sujets, reléguées à l’arrière-plan par intérêt général.

Autant le dire. Si le conseil national des socialistes confirme que le PS entre dans l’alliance, il s’agira d’une étape décisive dans la clarification de la bataille idéologique et des idées à gauche. Le centre de gravité n’est plus le libéralisme ou le « social-libéralisme », mais bien la rupture profonde avec le système. Un événement majeur. D’abord et avant tout pour le peuple, qui attend une gauche ferme sur ses principes.

Rien n’est impossible désormais pour répondre aux attentes populaires et enclencher une dynamique, s’adresser aux 11 millions d’électeurs de gauche du premier tour de la présidentielle et aux 12 millions d’abstentionnistes afin d’élire une majorité au Parlement et battre le bloc raciste de l’extrême droite, comme le bloc libéral de la droite représentée par Emmanuel Macron. Petit rappel: 63% des Français espèrent que le chef de l’État réélu «ne dispose pas d’une majorité» et 44% aimeraient le voir cohabiter avec Jean-Luc Mélenchon comme premier ministre.

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 5 mai 2022.]