mardi 20 juillet 2010

Tour : l’Italien Petacchi inquiété par la justice italienne pour fait de dopage ?

Depuis Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Permettez-moi d’abord une courte parenthèse symbolique. Sachez-le, les suiveurs continuent depuis vingt-quatre heures de s’amuser d’une douce ironie de l’histoire. Andy Schleck (Saxo Bank), victime lundi d’une mécanique prétendument supérieure à toute contingence (un saut de chaîne monstrueux), serait donc le leader malheureux d’une équipe que l’on soupçonnait il y a peu, pourtant, d’utiliser des bécanes à moteurs… C’est quand même fabuleux ! Les techniciens et autres laborantins seraient parfois dépassés par la tradition des heures antiques et des Illustres… Comment ne pas s’en réjouir ?

Trêve de plaisanterie. Car beaucoup de chimistes, manifestement, sont toujours opérationnels… Aujourd’hui à Pau, dans la torpeur d’une étape quasi escamotée par les leaders malgré quatre sommets mythiques (Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque), nous avons appris que le porteur du maillot vert du Tour Alessandro Petacchi (il l’a perdu ce soir au profit de Thor Hushovd), venait d’annoncer personnellement qu’il faisait l'objet d'une enquête en Italie sur des pratiques dopantes présumées.

Le sprinteur italien de la Lampre, âgé de 36 ans, serait en effet soupçonné d'avoir pris plusieurs produits interdits, rapporte la Gazzetta dello Sport, citant du PFC (perfluocarbone, qui accélère le transport de l’oxygène dans le corps sans modifier l’hématocrite) et de l'albumine (utilisée pour faire baisser le taux hématocrite, limité à 50% en compétition). Rappelons au passage que Petacchi, dont la réputation en ce domaine a largement dépassé les frontières de son pays, avait été contrôlé positif en 2007 au salbutamol, un médicament qui a la propriété de dilater les bronches...

« Le 12 juillet 2010, le procureur de Padoue a invité M. Petacchi à se rendre disponible à la fin du Tour de France pour répondre aux questions sur son passé, qui ne se rapportent ni à la saison actuelle ni à son équipe actuelle », a précisé hier l'avocat du coureur, Virginio Angelini, dans un communiqué transmis par la Lampre. Non sans hypocrisie, nous pouvons également lire dans ce texte : « En toute sérénité, Alessandro Petacchi s'est déjà dit, par l'intermédiaire de son avocat, disponible pour clarifier sa position et il est certain de pouvoir prouver qu'il n'est absolument pas impliqué dans ces événements. » Petacchi, qui a quand même remporté deux étapes cette année, à Bruxelles et Reims, n’a pas été et ne sera pas retiré du Tour par la Lampre, si l’on en croit l’équipe italienne. Pour justifier sa décision, celle-ci avance le fait qu’elle a été informée de ces poursuites judiciaires par la presse. Ce qui reste évidemment à démontrer...

Dans le cadre de l'affaire dite de « Mantoue », qui débuta suite aux auditions du grimpeur italien Emanuele Sella, contrôlé positif en 2008, le procureur de Padoue, Benedetto Roberti, tente depuis des mois de mettre au jour un trafic de produits dopants. Il a déjà entendu plusieurs cyclistes ayant couru au sein de l'équipe Lampre. Rappelons également que, en avril dernier, l'équipe BMC avait suspendu provisoirement Alessandro Ballan et Mauro Santambrogio pour les mêmes faits : les deux hommes, jadis à la Lampre, venaient d’être «entendus» par le même procureur...

Questions pour finir.
D'abord, comment la direction du Tour va-t-elle réagir ? Officiellement, Christian Prudhomme et ses proches viennent d’apprendre – comme nous – que Petacchi était inquiété par la justice de son pays. Va-t-elle l'exclure au plus vite ou se contenter de ces explications pour le moins sommaires ?
Ensuite, sachant que l’information remonte au 12 juillet dernier, comment cette même direction du Tour n'a-t-elle pas été instruite de l'existence cette enquête judiciaire par les autorités italiennes compétantes ? Il y a encore quelques années, jamais un tel fait - pour ne pas dire un affront - aurait pu se produire.
Ces questions réclament des réponses... rapides !

(A plus tard…)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Décidément, le cyclisme italien n'en sortira jamais... On y croit, et puis voilà : quelle crédibilité accorder à ces coureurs, à cette équipe Lampre, tant et tant de fois mouillée ? J'ai un peu honte pour ce beau cyclisme, pour le Giro que j'aime tant. Je suis dégouté.

Anonyme a dit…

Autant le Giro fut cette année absolument magistral, par son profil et son audace géographique, autant je pense que le cyclisme italien est en totale perdition.