vendredi 16 juillet 2010

Tour : les Schleck jettent des pavés dans la marre…

Depuis Mende (Lozère).
Le Tour était encore perturbé, ce matin au village-départ de Bourg-de-Péage. Perturbé par l’exclusion la veille de Mark Renshaw, le poisson-pilote lors des sprints du crack Mark Cavendish (Columbia), pour «gestes antisportifs» lors de l’emballée finale jeudi soir. Coup de boule, coup de chaleur, coup de sang... Et pourtant, certains se demandaient ouvertement: «Ont-ils puni Renshaw pour s’en prendre à Cavendish?» Bonne question. Jean-François Pescheux, le directeur sportif du Tour, en appelait pour sa part à «l'image du Tour»... De quelle image s'agit-il? N'y a-t-il pas plus graves profanations?

A peine remis de cette polémique, une autre a surgi dans le quartier coureurs. Cette fois du côté de l’équipe Saxo Bank, où Andy Schleck a tenu mini-conférence de presse. En écho à son frère Franck, qui avait vigoureusement critiqué un profil du Tour 2010 «trop dangereux» à son goût, le Maillot Jaune en personne a estimé que les pavés n'avaient pas leur place dans la Grande Boucle, référence à l'étape d'Arenberg. Des propos étonnants, de la part d’un coureur plutôt «à l’ancienne», aimant d’ordinaire les confrontations rugueuses, sans formatage ni formalisme.

«Même si c'est une étape qui m'a avantagé, je pense que ce n'est pas bien dans un Tour de France, a expliqué le grimpeur luxembourgeois. Si certains veulent rouler sur les pavés, qu'ils courent Paris-Roubaix, mais cela n'a pas sa place au Tour de France. Ce n'est pas parce que mon frère est tombé que je dis ça. C'était mon avis avant le départ du Tour et cela reste mon avis.»

Dans un entretien au quotidien danois Ekstra Bladet, Frank Schleck, opéré d'une triple fracture de la clavicule gauche le 6 juillet dernier, avait devancé l'appel. «Ceux qui planifient la route du Tour n'ont aucun droit de jouer au hasard avec la vie des coureurs pour faire simplement une course spectaculaire», avait lancé le coureur, fracturé à la clavicule lors de la 3e étape. «Les chutes font partie du sport cycliste, mais ce n'est pas un divertissement. Il y a des coureurs qui ne se relèvent jamais et deviennent infirmes pour la vie. Personne ne doit tracer un parcours qui invite presque à des chutes, et surtout pas sur le Tour de France.» Et Franck, loin du Tour depuis son abandon, d’ajouter: «Je suis très en colère et frustré contre les organisateurs, qui insistent sur la sécurité en obligeant par exemple les coureurs à porter des casques, mais choisissent en même temps un tracé où les chutes sont garanties.»

Ce tir groupé des frères Schleck ne manquera pas de susciter des répliques. Rappelons que notre Lance Armstrong, qui a non seulement de la bouteille mais parfois du bon sens (pas sur tous les sujets...), confessait il y a quelques jours, comme un vieux sage: «Voilà un siècle que l’on court Liège-Bastogne-Liège sur ces routes, parfois sous la neige! Voilà un siècle qu’on court Paris-Roubaix, sur des pavés et dans la poussière. C’est ça, le cyclisme. Et certains feraient bien de ne pas oublier que le cyclisme, c'est le Tour… »

Une fois n'est pas coutume. Et si nous laissions le dernier mot à Lance?

(A suivre…)

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