En moins d’un quinquennat, 887 usines ont fermé leurs portes en France. Une débâcle industrielle.
Les chiffres que nous publions le mercredi 28 septembre dans l'Humanité valent toutes les radiographies les plus savantes sur l’état de l’économie de notre pays. Certains feignent de les ignorer, comme s’il convenait de reporter le réel à une date ultérieure et de s’accommoder d’une forme de déclin qui touche à l’existence même de notre indépendance, sinon à notre capacité à maîtriser notre destin. Lisez bien: en moins d’un quinquennat, 887 usines ont fermé leurs portes en France. Une débâcle industrielle. Et si nous osons encore affirmer qu’il n’y a pas de pays fort sans une industrie forte et que l’époque nécessite une nouvelle maîtrise publique des outils de production et des moyens d’investissement, nous pratiquons, comme l’écrit le Monde, un «populisme industriel»…
Quoiqu’en disent pourtant les tenants d’une économie de purs services et sans usines, les Français ont à peu près compris – et ils le déplorent souvent avec colère – les effets dramatiques de la désindustrialisation. Un million d’emplois industriels perdus, un déficit commercial chronique, des champions nationaux qui passent sous contrôle étranger, des pans entiers du territoire dévitalisés… sans parler, bien sûr, des plus de six millions de chômeurs, des quelque dix millions de pauvres, et de cette jeunesse sacrifiée, non intégrée, ni intégrable, dans ce marché ou dans ce salariat. L’incapacité des pouvoirs publics à remédier à ce déclassement est un véritable scandale. Quant aux dispositifs mis en place par Hollande, ils n’ont fait qu’alimenter la broyeuse à profits.
Le monde qui vient n’acceptera aucune fuite en arrière, aucun repli. Sommes-nous donc fous pour refuser de voir que la grande transformation de nos économies globalisées nourrit la déstabilisation et l’irrésistible montée des périls? Et ce n’est pas fini: la robotisation des outils pourrait détruire trois millions de postes en France d’ici à 2025. Face à ces défis colossaux, la nécessité d’un grand projet industriel innovant s’avère d’une urgence absolue. Un projet délié des requins de la finance, en phase avec les mutations, mais non soumis à elles. La renaissance du travail et l’instauration d’une nouvelle économie politique et sociale n’ont rien d’un rêve: c’est une obligation.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 28 septembre 2016.]
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