mardi 18 janvier 2011

Klaus Barbie était espion au service de l’ex-Allemagne de l’Ouest...

Nous connaissions cette rumeur de longue date, au point de l’avoir quasiment crue (l’aveu est souhaitable) durant des années sans même en avoir les preuves formelles sous les yeux. Cette fois, la rumeur semble être devenue une information… Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui a profité des premières fissures dans le secret-défense de certains documents, Klaus Barbie, alias le « boucher nazi de Lyon », a bien été un espion au service de l’ex-Allemagne de l’Ouest jusqu’au milieu des années 1960. La fiche de l’ex-nazi, classée top secret, indique que le ressortissant germano-bolivien résidant à La Paz, en Bolivie, était « exportateur de bois ». Chacun connaît l’histoire : sous la fausse identité de Klaus Altmann, mentionnée sur le document publié par Der Spiegel, se cachait en réalité Klaus Barbie, l’un des criminels de guerre les plus recherchés après la Deuxième Guerre mondiale. Barbie était alors surnommé «Adler». Enregistré sous le matricule V-43118, le criminel aurait donc collaboré depuis son exil doré pour le BND, les services de renseignements extérieurs de l'Allemagne fédérale (RFA) jusqu'en 1967…

Recruté par le BND début 1966, l'ancien chef de la Gestapo de Lyon avait retenu l'attention en raison de sa « farouche hostilité au communisme », explique Wilhelm Holm, son agent recruteur, cité dans les archives publiés par Der Spiegel, qui parle de 35 rapports rédigés par Barbie aux services allemands… contre rémunérations versés par la BND sur un compte en banque de San Francisco, aux Etats-Unis, grâce à ses nombreux soutiens américains. Ce n'est pas tout : peu après avoir été recruté par les services secrets allemands, Barbie prit la tête de la succursale bolivienne d’une entreprise de matériel militaire, dont le siège était à Bonn (alors capitale de la RFA). Mais il y a encore plus grave. Les archives montrent de manière incontestable que le BND connaissait la dernière adresse de Barbie en Allemagne, à Augsburg, ainsi que ses lieux de résidence en Bolivie… Rappelons que l’ancien SS fut retrouvé en 1972 grâce aux « chasseurs de nazis » Serge et Beate Klarsfeld.
Barbie, à l’origine de l’arrestation et de la torture de nombreux résistants (dont Jean Moulin), fut par la suite extradé en France en 1983, à l'issue d'un long bras de fer juridique. Avant d’être condamné pour crimes contre l'humanité en juillet 1987, lors d’un long procès à Lyon.

Le quotidien allemand Bild avait pour sa part révélé, la semaine dernière, que les mêmes services secrets allemands savaient dès 1952 qu'Adolf Eichmann, l'un des artisans de l'Holocauste, s'était réfugié après-guerre en Argentine sous le faux nom de Ricardo Klement. Les autorités de RFA n’avaient jamais rien entrepris pour son arrestation…
Klaus Barbie est mort en 1991, des suites d’un cancer, dans sa prison de Lyon. Adolf Eichmann, lui, fut retrouvé et enlevé en 1960 par les Israéliens : jugé puis condamné à mort, il fut pendu en 1962.

Décidément, les archives des deux Allemanges d'après-Guerre n'ont pas fini de délivrer bien des secrets...

(A plus tard...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Voilà une confirmation supplémentaire de ce qu'on savait: beaucoup de pays se sont très mal comportés après la Guerre. Ils nous ont donné des leçons d'anti-facisme... et pendant ce temps-là, ils utilisaient les nazis. Tout est dit.
RENE