Blel Kadri. |
Avant d’arriver à Gérardmer, au milieu des conifères délavés par le déluge pluvieux, le chronicoeur a mangé «Chez Dédé» l’omelette aux champignons et la tarte aux myrtilles «maison» (passage obligé en pays vosgien), avant de s’attarder, sur le bord de la route, sur le profil du jour opportunément intitulé par les spécialistes, «étape pour les puncheurs». Le peloton du Tour s’est déjà coltiné un mini Liège-Bastogne-Liège (à Sheffield), une version boueuse de Paris-Roubaix (vers Arenberg). Pour pousser l’analogue, l’étape vers Gérardmer ressemblait un peu la petite cousine de la Flèche Wallonne, avec deux grosses côtes pour puncheurs dans le final. Du genre à afficher des secteurs noirs sur notre livre de route: le col de la Croix des Moinats (7,6 km à 6%), le col de Grosse Pierre (3 km à 7,5%) à 11 km de l’arrivée et la montée finale de la Mauselaine (1,8 km à 10,3%).
Comme prévu donc, il a fallu attendre la fin de l’étape pour assister à l’animation en grand. Présent dans la bonne échappée du matin et impressionnant dans le col de la Grosse-Pierre, le Français Blel Kadri (AG2R) a maintenu le peloton à près de 4 minutes – un authentique exploit ! – alors que son dernier compagnon d’échappée, Sylvain Chavanel (IAM), a fini par lâcher prise définitivement. Après avoir accéléré une dernière fois dans l'ascension vers la Mauselaine (3e catégorie), le coureur d'AG2R a pu lever les bras au ciel dans les rue de Gérardmer.
A 28 ans, il a remporté la plus belle victoire de sa carrière. «Un truc de fou!», a-t-il simplement commenté. Derrière, le peloton a explosé. L'équipe Tinkoff d'Alberto Contador a imposé un train d'enfer qui a écrémé le groupe maillot jaune. Tour à tour lâchés : Peter Sagan (Cannondale), Joaquim Rodriguez (Katusha), Micha Kwiatkowski (Omega), maillot blanc et prétendant au Top 10 à Paris, Tony Gallopin (Lotto-Belisol) et même Pierre Rolland (Europcar)...
Au passage, sur la ligne d’arrivée, on aura remarqué un léger moment de faiblesse du maillot jaune dans les ultimes mètres de l’ascension finale. Attaqué par Alberto Contador (Tinkoff), qui en a profité pour reprendre… trois secondes, Vincenzo Nibali (Astana) a semblé en asphyxie. Une alerte pour l’Italien? Car le programme des Vosges n’est pas terminé. Dimanche, entre Gérardmer et Mulhouse, l’étape compilera six ascensions mais vingt kilomètres de plat pour finir la journée. Ce sera un peu l’étape qui devrait motiver les baroudeurs frustrés par la première semaine, à l’image de Thomas Voeckler. Elle rappelle le Tour 2009 avec un Vittel-Colmar, animé par Heinrich Haussler et Sylvain Chavanel. A priori, la grande bagarre entre les leaders se déroulera lundi. La Planche des Belles Filles avait surpris par sa difficulté lors de son apparition au Tour en 2012. L’ascension finale devrait faire encore plus de dégâts au terme d’une journée truffée d’ascensions, dont le Petit Ballon et le col des Chevrères, avant d’attaquer la Planche (5,9 km à 8,5 %). Une partie du peloton présente même cette journée comme l’étape-reine du Tour. Alberto Contador ne le cache pas: «Sur le papier, le parcours est largement suffisant pour récupérer le temps perdu.» Grande journée en perspective.
Un mot, aussi, pour vous donner des nouvelles de Chris Froome, le leader des Sky, parti sur abandon avant le franchissement des pavés vers Arenberg, mercredi 9 juillet, laissant sur le bas-côté ses espoirs de doublé. De retour à Monaco (oui-oui), l’ex grand favori de cette édition de la Grande Boucle a passé, vendredi, une IRM qui a révélé deux fractures, une au poignet gauche, l’autre à la main droite. Signalons qu’il est donc probable que le Britannique présentait déjà ces fractures au moment de prendre la fameuse étape des secteurs pavés, au lendemain de sa toute première chute. Chris Froome n’avait donc aucune chance de terminer le Tour. Son équipe souhaiterait l’aligner au départ de la Vuelta, fin août. Mais sera-t-il prêt d’ici là?
Enfin, sachez que les suiveurs viennent de comprendre les raisons pour lesquelles – la rumeur circulait depuis le départ du Tour – le coureur russe Denis Menchov avait soudain mis fin à sa carrière, annoncée en mai 2013, en plein de coeur de la saison. Dans un document publié cette semaine, l’UCI révèle en effet que le vainqueur d’un Tour d’Espagne et d’un Tour d’Italie était en fait en train de purger une suspension de deux ans pour des anomalies dans son passeport biologique. Cette sanction court jusqu’au 9 avril 2015. Menchov s’est donc vu retirer ses résultats obtenus aux Tours de France 2009, 2010 et 2012. En 2010, le Russe avait notamment fini sur le podium final (3e) avant d’être reclassé en deuxième position après le contrôle au clenbuterol d’Alberto Contador. Encore un podium décapité. De l’histoire ancienne?
Classement général après la 8e étape
1. Vincenzo Nibali (ITA/AST) 33h48:52.
2. Jakob Fuglsang (DEN/AST) à 1:44.
3. Richie Porte (AUS/SKY) 1:58.
4. Michal Kwiatkowski (POL/OPQ) 2:26.
5. Alejandro Valverde (ESP/MOV) 2:27.
6. Alberto Contador (ESP/TIN) 2:34.
7. Romain Bardet (FRA/ALM) 2:39.
8. Rui Costa (POR/LAM) 2:52.
9. Bauke Mollema (NED/BKN) 3:02.
10. Jürgen Van den Broeck (BEL/LTB) 3:02.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire