Vincenzo Nibali. |
Depuis Nancy (Meurthe et Moselle).
Aujourd’hui, la grande question qui se pose est: Astana, l’équipe kazakhe du maillot jaune, Vincenzo Nibali, a-t-elle les reins assez solides pour supporter tout le poids du Tour de France 2014? Au départ de Leeds, la Sky et son chef de meute Chris Froome, apparaissaient comme ceux qui allaient diriger la manœuvre, mais voilà, le coureur britannique n’a pas voulu voir de plus près les pavés. Il a préféré s’éclipser et laisser à l’Italien, surnommé le requin de Messine, le soin de mordre à pleines dents dans l’épreuve, mais aussi exécuter un numéro d’équilibriste sur les pavés dont on ne l’imaginait pas capable.
Ce vendredi 11 juillet au départ d’Epernay, au «publicomètre», le bus bleu ciel auréolé d’un grand soleil jaune n’enlevait pas la palme du plus visité. Du monde certes, mais moins qu’au pied de celui d’Europcar, de la FDJ la ou même de la Sky. Alexandre Vinokourov, le manager, casquette relevée sur la tête «à la titi parisien», pouvait en toute quiétude délivrer à voix à peine audible quelques pensées profondes sur la course et tout ceci dans la langue de Molière: «Nous avançons jour après jour… Psychologiquement, Vincenzo est bien… L’équipe travaille bien… Je ne suis pas inquiet…» Mais derrière cette relative et modeste mièvrerie du langage, en grattant derrière la croute du tableau trop mal brossé, il était aisé de découvrir de grandes certitudes partagées par bon nombre de suiveurs. Astana, c’est du solide et même du costaud! La 5e étape entre Ypres et Arenberg Porte du Hainaut, en a été le premier curseur. Le travail tactique de l’équipe a été gravé au laser. Un homme dans l’échappée du jour, Lieuwe Westra, a servi de lien à son leader une fois les secteurs pavés abordés, le reste est dorénavant sur «Google Actualités»: Mécanique, informatique.
Alors que la moyenne montagne puis la grande se rapprochent, une autre question démange dorénavant: Astana peut-elle réguler le peloton dans cette nouvelle configuration? Pour Pascal Chanteur, président du syndicat français des coureurs cyclistes, l’armada Kazakhe a tout d’une grande: «Ils peuvent tenir jusqu’à Paris. Mais à leur place, je laisserais le maillot jaune avant les Alpes, histoire de s’économiser. Avec le froid, la pluie, les angines et les gastros vont bientôt arriver. Il peut y avoir des dégâts dans le peloton et par conséquent chez Astana. Il ne sera pas bon de perdre un élément important dans la montagne.»
Outre Westra, coureur complet venu de chez BMC, Vincenzo Nibali peut compter sur une belle garde rapprochée avant de prendre de l’altitude. Le Danois Jakob Fulsang, 7e du dernier Tour de Romandie est à la fois bon rouleur et très utile en montagne. Michele Scarponi, le capitaine de route est, malgré les nombreuses casseroles accrochées (suspendu deux ans de 2006 à 2008) à sa selle et un Giro gagné en 2011, un homme de sacrifice et d’expérience, tout comme le Suédois Fredrik Kessiakoff ou encore l’Estonien Tanel Kangert (5e de la dernière Ruta del Sol). Un groupe homogène, donc, qui fait dire à Marc Madiot, manager de la FDJ: «Ne vous attendez pas à une course plus ouverte que cela. La nature a horreur du vide et Astana l’a déjà comblé.»
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