samedi 5 mars 2011

Les Libyens face à leur propre histoire

Dans leurs regards de pleines-vies, un œil sur les corps en action, un autre sur les cœurs en sursis, les acteurs des révolutions arabes, plus voyants et déterminés que jamais, ne cessent d’éclairer les chemins qui conduisent aux droits des peuples. Depuis des semaines, l’espoir et les espoirs se conjuguent à tous les temps et nous racontent l’ébauche en direct d’un monde qui ne ressemble déjà plus à celui qu’il était il y a moins de deux mois encore. Dans cette prodigieuse accélération de l’histoire, sans doute aussi importante pour nos avenirs communs que la chute du mur de Berlin, le cas de la Libye continue de nous réjouir autant qu’il nous terrifie. Jusqu’où le dictateur Kadhafi peut-il aller dans le sacrifice de son peuple et la négation des vies humaines ?

Manifestation de Libyens.
Enfoncé dans sa propre folie (auto)destructrice et, hélas, probablement capable du pire pour se maintenir sinon au pouvoir du moins en vie (politique), le colonel de Tripoli, qui utilise tous les moyens militaires encore à sa disposition malgré son isolement de plus en plus évident, ne cédera que sous la force de cette révolution en marche et certainement pas devant les injonctions morales des citoyens du monde révulsés par ses nouveaux crimes. La communauté internationale affronte un dilemme de taille. Les sanctions suffiront-elles ? Et à quels types d’interventions doit-on s’attendre ? Face à ces deux questions fondamentales et urgentes, les tractations en cours à l’ONU et au Pentagone ne manquent pas d’éveiller nos soupçons. Des bateaux de guerre américains ont été déployés en Méditerranée après avoir franchi le canal de Suez. Le ministre américain de la Défense, Robert Gates, leur a même donné l’ordre de se «rapprocher de la Libye». Les craintes d’une intervention militaire extérieure sont-elles désormais crédibles ?

Les navires américains
franchissent le Canal de Suez.
Le mode opératoire est archiconnu. Les arguments aussi. «Nous gardons toutes les options ouvertes», vient de déclarer sans surprise la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, qui compte néanmoins sur l’assentiment de la communauté internationale et de ses institutions pour faire «tomber» un dictateur qui, ces dernières années, avait pourtant reçu l’absolution des États-Unis, avec pour principale motivation, bien sûr, la perspective de réaliser (enfin !) de juteuses affaires en Libye… Les échecs afghan et irakien dissuaderont-ils Barack Obama de toute ingérence militaire? Pour l’heure, leurs tentatives désespérées pour que le «sale boulot» soit pris en charge par leurs alliés témoignent du doute de la Maison-Blanche, d’autant que l’efficacité des mesures que pourrait prendre l’ONU reste à démontrer, que ce soient les menaces d’embargo, voire la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne. En effet, où se situerait la frontière entre une intervention à vocation strictement «humanitaire» et une véritable «intervention militaire»? Entre les deux, il n’y a qu’un pas et la question, aussi vexante soit-elle, vu les circonstances tragiques, reste donc pertinente.

À ce titre, il est ainsi important que toutes les forces qui soutiennent ce soulèvement clament leur solidarité, en mettant tout en œuvre pour que des moyens humanitaires soient déployés, mais dénoncent aussi haut et fort les dangers potentiels d’éventuelles interventions militaires que ne souhaitent ni les Libyens en révolte ni la Ligue arabe. Et pour cause. Une mise sous tutelle, quelle qu’elle soit, serait un signe catastrophique et mortifère donné à tous les peuples de la région qui, face à leurs propres destins historiques, ont démontré qu’ils n’avaient besoin de personne pour se libérer des chaînes du passé.

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 5 mars 2011.]

(A plus tard...)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Enfin un vrai point de vue sur l'éventuelle intervention militaire. On ne peut ne pas être d'accord, mais au moins on sait ce que pense JED sur la question. Je pense au peuple libyen. Mais attention à l'escalade militaire dans la région.

Anonyme a dit…

Le monde arabe passe sur une trajectoire de l’immobilisme vers un épanouissement amorcé par le vent de changement positif, encadré par un pragmatisme politique civilisationel avec la tolérance universelle. Le monde a changé. La révolution électronique a joué pleinement son rôle. Le niveau intellectuel à tendance de croitre encore davantage aux pays arabes.
L'altération des valeurs humaines fondamentales identifiant les nations arabe nous dirige vers un effondrement des valeurs très sensible de la société.La ruse politique et le cynisme arrogant des gouvernants prévalent la lassitude et l'indifférence en provoquant aucune disponibilité pour mettre en valeur les véritables indicateurs d'édification de ces nations. Face aux nombreuses vicissitudes socio- historiques qui sont susceptibles de mettre en œuvre à éventuel écartèlementdu monde arabe.
Je ne suis pas entrain de cultiver aucun un idéal politique ou moral. Mes principes se reduisent à la ressurgence de la multiplication des objurgations citoyennes pour la dénonciation du climat de permissivité affolante par la mauvaise gouvernance,qui a engendré un processus d’éffondrement de la morale, du civisme élémentaire et du sens critique. On appelle ça communément « le debut croissant de débilisation de la société arabe ».
Toute une succession des chefferies, les gouvernants n’ont point leurs semblables au monde.Ils vivent dans la pratique de l’anchronisme politique qui est le resultat de l’esprit cacique.En demi siécle, ils ont imposé à leur peuple les quatres systémes de gouvernement à savoir : la ploutocratie, la médiocratie, l’oligarchie,et ils experimentent sans cesse avec arrogance l’autocratie. En plus La dictature, la corruption, l’obscurantisme, la soumission aux Etats-Unis est dédaigneusement refusée par les peuples arabes. la monarchie synonymes des préludes hériditaires de la gouvernance et la fédération entre la jupe et la barbe.Si la logique de regression devait se poursuivre, les tenors répentis sous la tourbe du pouvoir politique serait d’obédience théocratique.
C’est vrai le monde arabe traverse une phase de vulnérabilité sans projet ni perspective. Les hommes sont également dépassés. La persistance des uns et le discours des autres,dans la pratique politique comme dans la vie quotidienne.Ils ont un comportement archaïque. Peut-on être moderne?Quand on est le produit d'un système basé sur le mécanisme de morbidité pathologique.
Mais le vent a souflé grace à la bénidiction de dieu pour un changement radical de cette « malédiction historique ». Seule alternative si les occidentaux sont serieux de favoriser un agencement d’incubation entre la révolution mentale dans leurs relations avec les pays arabes et la révolution du changement proné par les peuples. l’équation politique sera enfin équilibrée. Et le monde vivra en paix.Vive l’humanité universelle.

Deus Carmo a dit…

L Lybie est peut-etre plus democratique que l´Arabie saoudite, mais qu´est-ce qu´on fait pour la democratie lá bas? Rien. Democratie, Droits humans en Jordanie, en Algerie, au Bahrein, a Oman, en Arabie saoudite? Pufff. ça n´importe pas.

Anonyme a dit…

La France aussi a su dérouler le tapis rouge et recevoir un dicateur accompagné d'amazones pour faire de juteuses affaires...la planète est régie par l'argent essentiellement mais par moment la communauté des hommes replace l'humain au coeur du débat en faisant la révolution tout simplement....PAT