lundi 7 décembre 2020

Dictature « légale »

Et maintenant, le fichage des opinions...


Une question tragique se pose désormais. Le gouvernement est-il un ennemi de nos libertés publiques? Après les lois sur la sécurité globale et sur le «séparatisme», le ministère de l’Intérieur vient d’utiliser l’un de ces procédés qui nous rappellent quelques heures sombres de notre histoire. L’affaire est passée totalement inaperçue, vendredi 4 décembre, comme si tout avait été mis en œuvre pour qu’un nouveau joug s’abatte sur nous loin des regards, perdu dans le flux des annonces du Journal officiel. Trois décrets viennent d’apparaître, imposés sans débat. Ils aggravent considérablement les capacités de flicage des citoyens.


Attention danger! Sous couvert de lutte antiterroriste, ces décrets autorisent dorénavant de ficher les personnes en fonction de leurs opinions politiques, de leurs convictions philosophiques et religieuses ou de leur appartenance syndicale. Jusque-là, les activités politiques, religieuses ou syndicales pouvaient être fichées. Maintenant, les seules «opinions» suffisent pour alimenter les officines de la police. En clair, les services pourront recueillir des informations sur l’opinion des personnes surveillées, leurs pseudonymes ou des données de santé, le tout pour des finalités si élargies qu’elles dépassent largement le cadre de la sécurité publique. Être suspect pour certains actes était une chose ; le devenir pour ce que nous pensons en est une autre. Que devient dès lors la liberté de conscience, pilier de notre République laïque?


Sarkozy en avait rêvé, en 2008, avec son fichier de police Edvige. Macron et Darmanin le réalisent, en plus liberticide ! Ainsi la dérive sécuritaire du pouvoir actuel semble ne plus avoir de bornes. Mais qu’entendent-ils donc faire des nouveaux fichés? Que risquons-nous, dans cette préfiguration d’un futur aliénant? Car, par extension, ces fichiers ouvrent la voie à la possibilité du pire. Imaginez, en effet, que ces dispositifs soient au service d’extrémistes plus identifiables encore. N’importe qui se retrouverait fiché, traqué, au cœur d’une dictature «légale»…


[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 8 décembre.]

2 commentaires:

Unknown a dit…

J'ai vu ça aujourd'hui, je me permets de partager votre publication.
Merci

Unknown a dit…

JCC du 19

Quel est la référence de décret du JO et sur quel jour a-t-il été publié ?