L’accélération du processus antidémocratique en Turquie est telle désormais qu’Erdogan devrait être mis au ban des nations, frappé de toutes les sanctions possibles et imaginables en droit international.
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Recep Erdogan. |
Recep Erdogan règne donc sur le chaos, la répression, la sauvagerie à tous les étages de la société turque, et tout le monde ou presque détourne son regard, comme si ce peuple martyrisé juste là, aux portes de l’Union européenne, devait souffrir inéluctablement, sans que rien ne se passe. Ces dernières années, la Turquie a traversé une période autocratique propre à toutes les dérives: nous y sommes. Comme cela était hélas prévisible, sous l’autocrate Erdogan sommeillait le dictateur, un vrai de vrai, digne des pires périodes des juntes militaires dont il emprunte toutes les méthodes fascisantes. Depuis le coup d’État avorté de juillet dernier, le président – qui n’en porte que le nom – continue d’un côté à entretenir une complicité mortifère, directe ou indirecte, avec certaines organisations djihadistes, et d’un autre côté, il use de tous les pouvoirs d’une dictature, qui, elle, porte bien son nom. Il emprisonne des journalistes. Il pourchasse des intellectuels. Il arrête massivement des démocrates et des militants politiques et syndicaux. Il suspend des dizaines de milliers d’enseignants. Il alimente sa machine de guerre meurtrière contre le peuple kurde, et singulièrement le PKK en Turquie même ou à l’extérieur, en Syrie et en Irak. Et il active toujours les réseaux ultranationalistes à sa botte, certains coupables de véritables pogroms.
L’accélération du processus antidémocratique est telle désormais qu’Erdogan devrait être mis au ban des nations, frappé de toutes les sanctions possibles et imaginables en droit international. Seulement voilà, l’indifférence sinon l’impuissance revendiquée des dirigeants occidentaux nous donnent la nausée. Aucune campagne de sanctions économiques et politiques n’est envisagée pour affaiblir ce régime tyrannique. Rappelons-nous pourtant cette incroyable réalité: la Turquie reste à ce jour la deuxième armée au sein de l’OTAN et, à ce titre, elle participe comme «alliée» aux opérations anti-Daech aux côtés, par exemple, de pays européens comme la France. Et que fait la France pour dire l’ignominie de cette situation? Rien. Erdogan bafoue les droits de l’homme en toute impunité. Cet homme est incompatible avec nos valeurs!
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 16 novembre 2016.]
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