mercredi 11 mars 2015

La vraie vie...

Il y a quelque chose de furieusement aliénant à voir s’agiter les Hollande, Valls, Macron et les autres si loin des priorités du peuple dans sa masse.
 
La méconnaissance s’avère parfois pire que l’ignorance. Onze jours nous séparent désormais du premier tour des élections départementales et tout se passe comme si le pouvoir en place avait décidé de négliger ce qui lui ­incombe prioritairement: la cohésion sociale, l’avenir d’une République ferme sur ses principes et surtout, oui, surtout, la vie des gens, la dignité des plus faibles, en somme… Il y a quelque chose de furieusement aliénant à voir s’agiter les Hollande, Valls, Macron et les autres si loin des priorités du peuple dans sa masse, piétinant chaque jour un peu plus l’humus des valeurs de gauche. L’ultra-majorité des progressistes réclame une relance économique et une réorientation réelle des politiques en faveur de l’emploi? Qu’importe. Seul fonctionne à plein régime l’étouffoir gouvernemental à coups d’austérité et de régressions sociales, heureusement contesté jusque dans les rangs socialistes, à défaut pour l’instant d’être battu en brèche. En creusant la désespérance sociale, Manuel Valls ne s’y prendrait pas autrement s’il voulait amplifier le phénomène d’abstention, qu’il prétend dénoncer par ailleurs en annonçant à cor et à cri la victoire du FN. L’impasse conduit souvent à la folie politique, et vice versa. Cette fois, ajoutons en plus la schizophrénie. 

C’est un peu comme dans tout divorce. Celui qui est quitté accuse toujours celui qui le quitte de tous les maux et refuse systématiquement l’examen de conscience, n’ose jamais analyser ses propres responsabilités au regard de ses actes, et pourquoi et comment la confiance s’en est allée. Voilà précisément où en est le peuple de gauche, qui connaît parfaitement bien, et depuis longtemps hélas, ce qui ressemble à un balbutiement: un petit espoir suivi d’une immense désillusion! Pendant ce temps-là, les préoccupations des citoyens sont bafouées et les forces les plus libérales applaudissent la loi Macron, symbole des renoncements… La vraie vie, c’est ce qui se passe pendant qu’on est occupé à faire autre chose, disait John Lennon. Ils doivent être décidément très occupés, Hollande et Valls, pour ne pas avoir à s’occuper de ceux qui les ont faits rois.  
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 12 mars 2015.]
 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

D'une grande cruauté. Mais c'est tellement bien vu et tellement juste...

Anonyme a dit…

Si la méconnaissance s'avère parfois pire que l'ignorance, l'indifférence s'avère pire que la méconnaissance. Je suis las de tous ces intellectuels qui préfèrent interpeller que dénoncer, expliquer plutôt qu'accuser, il ne s'agirait pas de blesser nos dirigeants. Oui la vie est très dure en ce moment pour des milliers de gens, mais l'origine de ces souffrances n'est pas l'ignorance mais bien l'indifférence. Ici et là on cite des hommes, des femmes, Hollande, Valls, Royal, etc., sans toutefois qualifier vraiment leurs actes. Ces hommes et ces femmes méprisent le peuple au sens où ils ne gouvernent pas mais appliquent les exigences de celles et ceux qui gouvernent, c'est-à-dire les cabinets de notation, les banques, les grands patrons, ceux du BTP par exemple, l'Union Européenne, le Medef et j'en passe et des meilleurs. Ils ne sont que des marionnettes qui s'appliquent à faire le sale boulot sans se soucier des conséquences de leurs actes, à tenter de nous expliquer où se situe le bien et le mal. Ils sont tout de même curieux ces politiques. Prenons un exemple. Depuis des jours, Valls nous fait part de ses peurs à propos du FN, tente de nous expliquer que voter FN serait un mal pour le pays, mais dans le même temps, il n'explique pas pourquoi le peuple ne votera pas majoritairement pour le PS. A monsieur Valls je lui adresse cette citation de Shakespeare : « C'est de ta peur que j'ai peur. ». C'est pire que la méconnaissance, c'est tout simplement de l'indifférence, voire de la manipulation car là où nous attendons des réponses, ils n'apportent point d'explications. Comme l'a si bien dit il y a peu Maurice Ulrich, avec des socialistes comme ça, finalement, on n'a même pas besoin de droite.
paco2014

Anonyme a dit…

Un article écrit dans un style faussement prolo pour faire peuple ! Il y a bien longtemps que les "ouvriers" ne lisent plus l'Huma.
Mendes