Il y a parfois, dans l’entrechoquement de l’actualité politique, de bien curieux hasards qui laissent un goût amer au fond de nos gorges raclées. Tandis que la France rend hommage à Jacques Chirac, en assumant tant bien que mal l’ambiguïté d’un personnage emportant avec lui cinquante ans de vie publique tapissée d’ombres et de lumières, une étrange «convention de la droite» aux porosités douteuses se déroulait, samedi à Paris, autour de Marion Maréchal. La petite-fille de Jean-Marie Le Pen et nièce de Marine avait convié le ban et l’arrière-ban des droites catho-identitaires, ségrégationnistes, ehtnocentristes, colonialistes et poujado-pétainistes. En somme: une partie de la droite extrême en compagnie de l’extrême droite excitée, qui croit en son destin nationaliste en usant d’une rhétorique si ultraconservatrice et réactionnaire qu’elle donne la nausée. La droite brune dans toute son horreur…
«Demain, nous serons au pouvoir», a même affirmé Marion Maréchal, peu après l’intervention du sinistre Éric Zemmour. Parlons-en, de l’histrion de la France rance. Sa condamnation définitive pour «provocation à la haine raciale», le 17 septembre, ne l’a pas empêché de débiter sa haine ordinaire sous la forme d’un réquisitoire ordurier, affichant à plusieurs reprises sa peur d’une supposée «extermination de l’homme blanc hétérosexuel et catholique», qui, selon lui, serait «le seul ennemi à abattre», «le seul à qui on fait porter le poids du péché mortel de la colonisation, de l’esclavage, de la pédophilie, du capitalisme, du saccage de la planète, le seul à qui on interdit les comportements les plus naturels de la virilité depuis la nuit des temps». Vous ne rêvez pas.
Derrière cette défense de «l’homme blanc hétérosexuel et catholique», c’est bien l’immigré que le polémiste a continué d’accuser, sous les applaudissements d’une salle hystérisée par la thèse complotiste, guidée par la folie du repli identitaire, de la xénophobie et de l’autoritarisme assumé, entre Action française revisitée et altérophobie traditionnelle. Loin de la droite incarnée par Jacques Chirac, du moins celle des dernières années…
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 30 septembre 2019.]
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