Un groupe d'experts conseillent au pouvoir de supprimer la revalorisation automatique du salaire minimum. En somme, de mettre fin à l’indexation…
Ils osent tout. Voilà maintenant que le «groupe d’experts sur le Smic», consulté en amont d’une réunion de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), prévue le 18 décembre, s’essaie à des préconisations pour le moins explosives dont on croirait qu’elles ont été piochées dans le bréviaire du Medef sinon dans les têtes pensantes du macronisme ordinaire. Le cas est plus sérieux qu’il n’y paraît, car le rapport du groupe susnommé, dévoilé hier, donne le ton de la politique salariale qui risque de caractériser le quinquennat. Résumons : lesdits experts conseillent au pouvoir de supprimer la revalorisation automatique du salaire minimum. En somme, de mettre fin à l’indexation… Connaissant la composition monocolore (relevant du libéralisme économique) de cet aréopage, habilement remanié en août dernier, inutile de s’étonner. Y compris des arguments avancés. Voyez-vous, ces braves gens constatent une «embellie» de l’économie française mais d’une «ampleur moindre que celle observée dans l’environnement économique immédiat de la France». Du coup, face à ces «fragilités manifestes», nos experts en diable recommandent de «s’abstenir de tout ‘’coup de pouce’’ au 1er janvier 2018» afin de «ne pas fragiliser les améliorations en cours». Il y a plus intéressant encore. La «rapidité de la croissance du Smic», qui n’a pourtant connu aucun «coup de pouce» depuis 2012, serait «coûteuse pour les finances publiques» du fait des exonérations de cotisations sociales consenties depuis les années 1990 pour «réduire les effets préjudiciables d’un Smic élevé sur (...) l’emploi des personnes les moins qualifiées»… On atteint des sommets!
Au prétexte que notre Smic est jugé par nos grands penseurs comme «élevé comparé à ses homologues étrangers», il s’agirait donc de le transformer en variable d’ajustement afin de tirer les rémunérations toujours plus vers des fonds abyssaux, sachant que les seuils d’exonération sont déjà des trappes aux bas salaires. Le Smic ne deviendrait alors qu’une question technique et plus du tout une affaire sociale et politique. Les experts, nous le savons, sont souvent des alibis. Macron a trouvé les siens pour accréditer l’idée de modération salariale globale. Attention danger!
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 6 décembre 2017.]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire