Les baisses d’impôts, estimées à 1.450 milliards de dollars sur dix ans, seront à sens unique. Les 1% les plus riches économiseront 60 milliards dès 2019.
Certains ont les références qu’ils peuvent: pour pousser sa stratégie du «réveil américain», l’illuminé de la Maison-Blanche, Donald Trump, vient de remporter une «victoire» politique en parvenant à faire adopter par le Sénat son hallucinante «réforme» fiscale, qui s’apparente à l’aggiornamento le plus important mené depuis celui infligé au peuple états-unien sous l’administration de Ronald Reagan, en 1986… Les baisses d’impôts, estimées à 1.450 milliards de dollars sur dix ans, seront à sens unique. Les 1% les plus riches économiseront 60 milliards dès 2019, tandis que les entreprises, en particulier les multinationales, réaliseront une formidable affaire puisque l’une des mesures les plus spectaculaires vise à baisser l’impôt sur les sociétés de 35% à 21%! Ajoutons par ailleurs qu’un dispositif permettra de rapatrier aux États-Unis les bénéfices réalisés par les entreprises américaines à l’étranger, conséquence de quoi nous pourrions assister à la relance d’une «guerre fiscale» en Europe – certains États se préparent déjà à s’engouffrer dans la brèche.
Et pour les plus pauvres, soit près de 23% de la population américaine? Rien. Et même pire que rien. Car, dans les interstices de ce texte qui creusera un peu plus les inégalités, il est prévu la suppression de l’amende pour les citoyens qui ne souscrivent pas d’assurance-santé, ce qui pourrait mettre à terre l’Obamacare, ce dont rêve Trump depuis son élection. Sans être devins, nous pouvons prédire l’avenir: le déficit budgétaire va se creuser et les décisions qui suivront se traduiront par une nouvelle saignée dans les dépenses publiques, à commencer par les programmes sociaux.
Les puissants, eux, sablent le champagne. Depuis le vote du Sénat, Wall Street flambe. Pensez donc, les premières projections montrent que les bénéfices des grandes entreprises – à leur zénith depuis la crise de 2008 – bondiront en moyenne de 10% à 30%, et bien au-delà dans certains secteurs comme l’aérien, la banque ou le raffinage. L’argent coule toujours vers l’argent. Et le ruissellement artificiel imposé par Trump profitera, encore une fois, au sommet de la pyramide.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 20 décembre 2017.]
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