dimanche 19 juillet 2009

Tom Boonen, la détresse d’un champion…

En ce jour de triomphe pour Alberto Contador, qui vient de mettre la main sur Tour (peut-être définitivement), un fait de course est passé quelque peu inaperçu : l’abandon du Belge Tom Boonen, qui, comme vous le savez, n’était « pas le bienvenu » sur les routes de la Grande Boucle cette année, suite à un contrôle positif à la cocaïne (pour la deuxième fois de sa carrière). Mais, à la demande de son équipe, le tribunal arbitral avait tranché en sa faveur. Et il avait finalement pris le départ à Monaco. Seulement voilà, depuis qu’il s’était élancé, le triple vainqueur de Paris-Roubaix traînait en queue de peloton comme une âme en peine, incapable de participer aux sprints, de jouer le moindre rôle.

Vous ne le savez peut-être pas, mais sa présence sur le Tour était non seulement ardemment souhaitée par son manager Patrick Lefévère, mais, surtout, par les dirigeants de Quick Step, qui, pour justifier la pression qu’ils ont exercé sur leur coureur, n'ont pas hésité à mettre en avant le « manque à gagner » que constituerait l’absence du Belge sur les routes du Tour… Selon le directeur du marketing Philiep Caryn, le Tour 2007, à l’issue duquel Tom Boonen avait ramené le maillot vert de meilleur sprinter à Paris, avait rapporté « l’équivalent de 25,5 millions d’euros de publicité ».

Vous avez compris. Ce sont donc les dirigeants de Quick Step et personne d’autres qui ont poussé le coureur à faire appel devant le tribunal arbitral. Avec un cynisme absolu. Sans se soucier le moins du monde de la santé mental du coureur, qui, manifestement, avait besoin d'une longue coupure…

Il y a quelques jours, le Belge s’était confessé assez lucidement au journal l’Equipe, s’interrogeant sur ses contre-performances depuis quinze jours dont il ne comprenait pas l’origine. Il disait en particulier : « Je ne veux pas m’apitoyer sur mon sort, il y a des moments dans le cyclisme où rien ne vous sourit. Il faut l’accepter. (…) Je ne sais pas ce qui se passe, je suis pourtant en bonne condition. »

Plutôt souriant depuis le départ de Monaco, mais peu bavard, le champion du monde 2005 reconnaissait néanmoins que, « à chaque nouvelle affaire (le concernant, NDLR), ça devient plus pesant ». Et il ajoutait ces mots, signe évident d’une grande détresse psychologique : « Les limites du supportable ne sont plus très loin. J’adore mon sport et le milieu du cyclisme, mais je ne veux pas sombrer pour lui, et encore moins servir d’alibi. (…) J’ai toujours fait la différence entre mon métier de cycliste professionnel et ma vie privée. Le souci c’est qu’en Belgique, je suis le seul sportif de haut niveau à représenter mon pays. C’est parfois difficile à vivre. Un jour, j’ai droit à des éloges, le lendemain je suis bon à jeter à la poubelle. Il n’y a eu aucune logique dans le traitement qu’on m’a réservé. »

Voilà. Tom Boonen a craqué. Et le Tour continue sans lui. Pour une fois le business attendra. A condition que son état psychologique lui permette de revenir un jour.

A plus tard…

2 commentaires:

Phil-29 a dit…

On le voit encore ici avec Tom: Les coureurs ont conscience du système dans lequel ils évoluent, et en sont les acteurs mais aussi les victimes... Difficile de lutter contre lorsque l'on veut gagner, mais impossible de l'accepter (Menthéour, Chiotti, Gaumont...) quand on aime le vélo et que l'on a un peu d'amour propre. Par contre coté instance (UCI), organisteur (l'ASO sans l'ami Clerc), médias, et direction des équipes, le cynisme est encore à l'ordre du jour!

patty a dit…

vos article m a emue et la realite est la le fric avant tous l etre humain ne compte pas ! J espere que tom pourra prendre le temps qu il faut pour se retablir et se reconstruire moralement .Tom boonen est un grand champion mais surtout un etre humain et ca on l oublie parfois !