mercredi 21 décembre 2011

SOS logement !

Se loger n’est plus un droit mais un luxe – et, pour certains, une totale impossibilité. Pourtant, 450 milliards d'euros de profits en 30 ans ont été réalisés par les spéculateurs de l'immobilier...

A qui profite la hausse continue des prix de l’immobilier, 107% en dix ans? A qui profite la hausse des loyers, 42% depuis l’an 2000? En somme, qui s’en met plein les poches alors que l’accès au logement, en ce début 
de XXIe siècle, reste une véritable honte nationale? D’après une étude éloquente que nous publions 
en exclusivité, la Plate-forme logement des mouvements sociaux, collectif regroupant 37 organisations, répond à ces interrogations légitimes. En trente ans, bailleurs, marchands ou administrateurs de biens et autres agences immobilières se sont enrichis à hauteur de 450 milliards d’euros – vous avez bien lu! La spéculation les a engraissés de manière exponentielle. Durant la même période, 
les classes populaires, elles, se sont enfoncées dans 
la paupérisation et la peur du lendemain…

Le croyez-vous? L’an dernier, près de 65 milliards d’euros de «profits monétaires» (sic) ont été réalisés en France par les locations de logements, de locaux à usage professionnel, ou par certaines activités «d’intermédiation sur le marché immobilier» (re-sic). La jungle de la sacro-sainte «loi du marché» a produit son désastre… Jadis facteur d’intégration sociale et d’élévation républicaine, pilier 
du vivre-ensemble 
et de la cohésion familiale, le logement est devenu l’un des marqueurs 
les plus signifiants 
des nouvelles inégalités. Toutes les digues ont été enfoncées et sous les effets de la crise sociale 
qui labourent les entrailles de la société, la situation 
a dépassé la cote d’alerte. Les dernières statistiques, délivrées par la Fondation Abbé-Pierre, ont de quoi nous stupéfier. Environ quatre millions de personnes seraient actuellement des «mal-logées» dans notre pays, dont 700 000 enfants… N’oublions pas d’ajouter à ce constat les deux millions de personnes officiellement fichées 
pour des «impayés», sans parler des quelque 
sept millions en situation dite de «réelle fragilité»…

L’évolution donne le vertige. En moins de dix ans, les Français ont subi plus de 110% d’augmentation du prix de l’ancien, plus de 85% du neuf, plus de 50% sur les loyers à la relocation. Par la force des choses, le logement est devenu, et de très loin, le premier poste du budget des ménages, alors qu’il ne représentait que 13% dans les années quatre-vingt. L’Insee déclare officiellement que, en une décennie, toutes populations confondues, le prix des logements a augmenté de 25,7%, tandis que les revenus des ménages ont baissé de 2%. 
Se loger n’est plus un droit mais un luxe – et pour certains une totale impossibilité sur le long terme. Car le contexte pré-2012 est connu… En décrétant son deuxième plan d’hyper-austérité en trois mois, le gouvernement a décidé de poursuivre son objectif prioritaire : la maîtrise des déficits publics et la réduction des budgets, en faisant porter l’effort sur les salariés. Le logement est l’une 
des principales victimes de ces logiques budgétaires et idéologiques, à commencer par le logement social – il en manque un million ! –, éternel parent pauvre 
des politiques publiques de l’État UMP. D’ailleurs, en 2012, les aides à la construction dégringoleront de 13,2% et les organismes HLM se verront encore ponctionnés de 240 millions d’euros sur leurs fonds propres. L’implacable stratégie néolibérale est à l’œuvre : favoriser les privilèges d’une minorité sur l’intérêt collectif et les besoins cruciaux du plus grand nombre. Pourtant, tous ceux qui vivent dans les quartiers populaires le savent, la situation faite au logement aggrave mécaniquement les politiques d’atomisation sociale… Une véritable insulte à l’idée républicaine !

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 21 décembre 2011.]
(A plus tard...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

En ce temps de Nöel où l'on vient de célébrer la naissance d'un enfant dans une étable il est d'autant plus dur de constater que des humains n'ont même pas une étable où se réfugier, vivent et meurent dehors...alors que les animaux de l'étable sont à l'abri..., que les églises sont fermées....et que les luxueux Vatican et palais Elyséen sont une insulte aux conditions de vie des personnes démunies... les millénaires passent la misère humaine reste...la régression dans le progrès!! la progression dans le luxe, encore et toujours... PAT