lundi 17 octobre 2011

Massacre du 17 octobre 1961 : le temps de la reconnaissance !

«Ils jettent les Algériens à la Seine !» Par-delà le temps, ce cri d’horreur retentit encore au cœur d’un Paris humilié à lui-même. «Ils les tuent ! ils les noient !» Une ratonnade en règle, froidement exécutée, lâchement assumée dans les coulisses du pouvoir. Un pogrom en pleine Ville lumière. Et soudain 
la Seine devint rouge sang…
De tous les crimes de la guerre d’Algérie, dont il est impossible d’établir une «échelle» dans l’infamie, le massacre du 17 octobre 1961 est à l’évidence l’un des plus signifiants, l’un des plus honteux, celui dont la France gardera la trace-sans-trace avec, au fond de l’âme, ce spectre du colonialisme et du racisme qui continue de hanter nos consciences. Cette fois, les auxiliaires du colonialisme ne tuaient pas comme d’«habitude», dans les mechtas, ils ne torturaient pas dans les caves sombres d’Alger. Ils assassinaient des centaines d’Algériens directement sur les pavés du peuple parisien... Cette répression policière ne relevait en rien d’une «bavure» ni de la réaction d’une police débordée par l’ampleur d’une manifestation pourtant pacifique, mais résultait d’une véritable «terreur d’État» instaurée par le système de répression postérieure à la Seconde Guerre mondiale que le préfet Maurice Papon, aux mains pleines du sang des juifs, construisit à partir de son arrivée dans la capitale, en 1958. Un crime d’État, perpétré sous la responsabilité du gouvernement de Debré et du général. Une page obscure du gaullisme qui connaîtra un prolongement au métro Charonne, dans la séquence finale de la guerre d’indépendance algérienne.
Il est une constance historique : la République s’abaisse dans la dissimulation et se grandit dans la vérité. N’en déplaise à Nicolas Sarkozy (qui n’aura cette année encore aucun geste, aucun mot), nous n’en finirons pas avec la guerre d’Algérie sans que ses crimes, tous ses crimes, soient une bonne fois pour toutes dévoilés et officiellement condamnés. Plus que jamais, les Français ont aujourd’hui besoin d’une reconnaissance officielle ! Non pour répéter le vague récit 
d’un passé douloureux, mais 
bien pour assumer un acte de mémoire au présent, indispensable pour construire l’à-venir républicain. L’oubli, cette forme
de négationnisme, structure 
les logiques de revanche et participe 
à la production et à la reproduction des discriminations – dont le sarkozysme est directement issu.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 17 octobre 2011.]

L'agenda des commémorations du 17 octobre 1961.

(A plus tard...)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Le 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger, l'armée française a fait feu sur la foule pacifique qui défilait en chantant la Marseillaise, drapeaux tricolores d'anciens combattants en tête.
62 morts, des centaines de blessés.
Pas de cérémonies, rien que le mépris pour notre douleur.
La valise a déjà été faites pour beaucoup d'entre-vous dans les banlieues, le reste viendra...

Anonyme a dit…

..." En tout cas, l’instruction est venue d’en haut, on ne déplace pas des milliers de policiers sans ordre du pouvoir".
La mobilisation des forces de l'ordre s'est apparemment faite dans l'urgence. Et peut-être en nombre limité. Puisque la police (pas plus que les militants du PCF) n'était informée des rassemblements au divers endroits de Paris.
On voit mal comment en quelques heures la hiérarchie du pouvoir aurait pu diffuser l'ordre de commettre ce pogrom.
Et si tout simplement les forces de l'ordre et donc des Français qui avaient perdu des agents, tués les semaines précédentes dans des attrentats s'étaient laissées allées...probablement assurées par Papon d'une totale impunité?
En tout cas bravo à l'Huma de remettre sur le tapis de la mauvaise conscience française cette terrible affaire.

Anonyme a dit…

La commémoration du 17 Octobre est un événement tragique,il y a eù des morts et pas n'importe quelle mort un assassinat cllectif et en plus ce n'était pas suffisant il fallait les jetés dans la seine,et bien c'est du propre,j'ai honte car mes parents avaient des amis Algériens,j'ai même souvent dormi chez eux,et ensuite mes meilleurs amis étaient Algériens.Alors ces autorités (Française) pays des droits de l'Homme, était d'un seul coup devenu un pays de FACHOS.

Anonyme a dit…

En 1961 la cause des peuples arabes n'avait pas du tout la signification qu'elle a pris aujourd'hui dans le discours des communistes et dans les pages de l'Huma.
 cette époque il ne faisait aucun doute que décolonisation rimait avec soviétisation et laïcisation des pays arabes et africains arrachés les uns après les autres aux empires coloniaux. Lesquels depuis, la fin de la guerre froide sont en train de les reconquérir derrière le bouclier de l'OTAN.
La lecture de l'Humanité du 17 octobre 2011 est instructive. La tragédie du 17 octobre 1961 n'est traitée, notamment par l'historien Alain Ruscio, que comme un "pogrom" (au sens russe du mot) un déchaînement de racisme anti-Arabe que les communistes français n'auraient pas su ou pu endiguer(???). C'est là une manière de faire, en la réécrivant, l'histoire. En la réécrivant avec la sémantique du libéralisme triomphant du XXIeme siècle.
Sémantique qui vise à masquer les conflits de classe (que faisaient les 300 mille FMA en Métropole en 1961, quel était leur statut , leurs conditions d'exploitation dans la population française, quel relations avaient-ils avec le PCF , avec le FLN , avec l'Islam...?) sous des apparences de conflits ethniques et racistes.
Sémantique qui oblige aussi plus ou moins à voir les troubles actuels dans les pays arabes que libère aujourd'hui l'Occident du joug post-soviétique (c'est flagrant en Algérie, en Syrie, en Libye) comme étant le fruit d'une immense aspiration naturelle des peuples à la Liberté telle que conçue en Occident: la liberté d'entreprise et d'exploitation, plus la liberté de jouir de la vie en consommant les biens qu'elle procure.
Briouzga

Anonyme a dit…

La bête est moins féroce mais elle n'est pas morte...méfions nous : nos dirigeants et leurs conseillers sont racistes - pour beaucoup d'entre eux - , tout en faisant l'éloge des printemps arabes... (peuvent-ils en tirer profits, marchés etc...? la question est surtout là dans leur esprit calculateur...) on ne peut pas faire des discours élogieux hors des frontières et dans son propre pays organiser des charters, prôner l'identité nationale,ne pas commémorer un massacre monstrueux tel que celui des "étrangers" évoqué dans cette chronique, etc...etc...(liste trop longue!) le racisme est partout présent au quotidien malheureusement. Loin de la grande Communauté Universelle des hommes (la planète appartient à tout le monde)! PAT

Vaduz a dit…

Je recommande à vos lecteurs l'ouvrage qui vient d'être réédité : " Les ratonnades d'octobre". Par Michel Levine
Editions Jean-Claude Gawsewitch 2011.

En octobre 1961. A Paris, en pleine guerre d'Algérie, Maurice Papon, préfet de police et chef de la répression, instaure un couvre-feu pour les Algériens, citoyens français de seconde zone : chasse au faciès, interpellations systématiques, bouclages de quartiers, etc. Les conditions de vie deviennent infernales pour des milliers d'hommes et de femmes.
En protestation contre ces mesures qui rappellent l'occupation nazie, le F.L.N. organise le 17 octobre une manifestation pacifique. Aussitôt, Papon "chauffe ses troupes". La machine à tuer est en marche…On retrouvera des centaines de cadavres dans la Seine.
Le crime commis, c'est le grand silence de la part des autorités et des médias, un mutisme absolu qui durera longtemps. Pour la première fois, on dévoile ce qui était ignoré de l'historiographie officielle ou soigneusement refoulé. L'auteur s'est livré à une véritable enquête, interrogeant victimes, avocats, témoins.
Michel Levine revient sur cette période tragique de l'Histoire à l'occasion du 50e anniversaire des évènements d'octobre 1961.

Michel Levine est historien des Droits de l'Homme. Il a notamment publié chez Fayard Affaires non classées (Archives inédites de la Ligue des Droits de l'Homme).

Anonyme a dit…

HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE :lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.


Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net