samedi 26 mars 2011

Quand Jack Ralite rappelle la gauche à une certaine morale

Dans un article important publié par la site internet de l'Humanité, samedi 26 mars 2011, le sénateur communiste Jack Ralite, ancien ministre, exhorte la gauche, toute la gauche, à se ressaisir avant le deuxième tour des élections cantonales, ce dimanche. Citant en avant-propos Albert Camus : «Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde», Jack Ratite, non sans émotion et une certaine solennité, ne mâche pas ses mots concernant l'attitude de certains candidats de gauche.

«Voici 50 ans qu’à des titres divers, je suis élu de cette banlieue dont Saint-Denis et Aubervilliers sont si symboliques de la vie populaire, de l’histoire ouvrière, rappelle le sénateur. Je connais les efforts gigantesques d’invention et d’action, pour et avec les habitants, que ces villes ont dû faire pour sortir de leur statut de « communs de la société.» Puis il précise : «Et comme chacun, aujourd’hui, je mesure ce qui se joue à Aubervilliers, à Saint-Denis et dans le Val-de-Marne : placés par les électeurs loin derrière les candidats Front de Gauche au premier tour, des candidats PS/EELV ont décidé de se maintenir au second, au rebours de toute l’histoire de la gauche -et ceci malgré les réticences de nombreux militants de ces deux partis, ouvrant par là même la boîte de Pandore des divisions à gauche.»

Nous y voilà. Ajoutant que «cette affaire n’est pas une guerre picrocholine», mais «pose, très au-delà des enjeux de pouvoir et de postes, une question fondamentale de morale», Jack Ralite déclare qu’en «balayant les principes qui avaient permis les victoires passées, les candidats PS/EELV concernés obèrent celles de l’avenir. Surtout, ils lâchent les digues de la compromission au pire moment, à l’un de ces instants où seule l’éthique peut sauver la politique.» On ne saurait mieux exprimer ce que tous les citoyen(ne)s authentiquement de gauche pensent intimement, parfois avec colère, depuis quelques jours…

«Je le dis à hauteur d’homme, mais avec force: cela me déchire», écrit le sénateur communiste et ancien maire d’Aubervilliers. Les choses sont simples: pour l’emporter, les candidats PS/EELV ont en effet besoin des voix non pas seulement de la droite, mais aussi de l’extrême droite. Et la droite, pour la première fois explicitement à Saint-Denis, appelle à voter PS/EELV... Vous avez bien lu ! Jack Ralite l’écrit sans détour: «Imagine-t-on ce que serait un conseiller général de gauche qui, devancé au premier tour, l’emporterait au second par l’apport de voix de droite mais surtout, dans le rapport des forces actuels, par l’arbitrage du FN? Mesure-t-on le désarroi, la confusion, la brèche que cela créerait? Ainsi, un homme, une femme de gauche pourrait être élu-e à la faveur de pratiques devant lesquelles certains hiérarques de droite même reculent? Et dans des territoires si emblématiques de ce que la gauche peut faire de meilleur au service des populations? Mais c’en serait fini de la dignité de la politique, de l’honneur que l’on a, tous, de croire en quelque chose qui dépasse nos seuls intérêts!»

En ces heures de grands troubles républicains, particulièrement dans ces quartiers populaires où les souffrances de ceux que rongent le chômage, l’insécurité, l’échec scolaire sont immenses et dévastatrices, je pense exactement comme Jack Ralite: «Que l’on n’invoque pas ici le pluralisme, encore moins la démocratie. Ce qui blesse le pluralisme, ce n’est pas qu’un candidat respecte les principes du désistement républicain. Et ce qui souille la démocratie, c’est bien que l’on puisse sacrifier les valeurs fondamentales aux intérêts égoïstes.»

Jack Ralite a raison: «Jamais je ne détournerai la colère ailleurs que vers ceux qui mettent le monde à l’envers, jamais je n’instrumentaliserai le malheur et la misère. Et jamais je ne dévaloriserai ce que des décennies de gestion de gauche ont gagné pour les habitants d’Aubervilliers, de Saint-Denis, et de bien d’autres villes, dans le domaine de la santé, de la culture, du social, de la jeunesse. Car dénigrer, instrumentaliser, c’est à terme ajouter les désillusions à la souffrance, remplacer la colère par la rancœur, le chemin de l’action par la fausse route de l’abstention et du rejet de l’autre. Face à la misère, bien plus qu’ailleurs, il faut toujours et toujours rassembler. Et rien d’autre.»
De fait, comment peut-on, en toute (in)conscience, mettre le Front national, plus menaçant que jamais, au centre du jeu, favorisant ainsi «la contamination par ses idées». L’indignité a-t-elle encore des bornes, quand elle se cache derrière une République blessée, souillée?

POUR LIRE L'INTEGRALITE DU TEXTE DE JACK RALITE
ET LE DIFFUSER LARGEMENT :

LIRE EGALEMENT L'APPEL DE PATRICK LE HYARIC,
DIRECTEUR DE L'HUMANITE ET DEPUTE EUROPEEN :
http://patricklehyaric.net/2011/03/24/dimanche-a-aubervilliers-voter-et-faire-voter-pour-pascal-beaudet-et-leila-tlili/


(A plus tard...)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci à Jack Ralite de poser les enjeux de cette élection. Il le fait avec force, dignité et loyauté. C'est écoeurant de voir les positions des écologistes-opportunistes... Ils renouvellent la même opération que pour les municipales à Montreuil où Voynet s'est faite élire au deuxième tour avec les voix de la droite et la bénédiction du PS. La direction du PS devrait en tirer les conséquences mais ces grandes manoeuvres n'ont-elles pas en définitive son aval ? Quand on voit Martine Aubry s'afficher avec tant de constance avec Cécile Duflot... Il est vrai que jusqu'à preuve du contraire, ces magouilles profitent indirectement au PS. A 1 an de l'élection présidentielle, le PS court un risque... Un certain nombre d'électeurs communistes risque de se souvenir de la duplicité du PS...

Anonyme a dit…

Je suis tout a fait d'accord avec votre article, car la position d' EELV est totalement scandaleuse et me pose problème pour voter dans ma circonscription: Gagny où une candidate EELV est présentée par le PS et soutenue pour ce 2eme tour par le PC et autres, donc, vue la position d' EELV dans certains cantons de se maintenir, me gène pour voter à gauche ou voter tout court. Pour l'heure je ne sais toujours pas que faire. Et pourtant je vote communiste depuis 1965 où j 'adhérais au parti jusqu'à, une élection municipale à Gagny où le maire sortant communiste à prit la section pour des imbéciles et avec l'aval de la fédé.. Pour Ralite: tiens bon.

Anonyme a dit…

Merci Jack pour ce témoignage à "hauteur d'homme", tu nous apportes une aide morale formidable pour aller rencontrer ces habitants de Seine St Denis qui gardent dans les yeux, l'espoir qui permet de changer la Vie.