Au cas où vous l’auriez oublié –soit par lassitude, soit par désintérêt–, nous devrions connaître en ce début de semaine le nouveau casting gouvernemental. Ce lundi? Mardi? Un peu plus tard? À ce niveau de suspense et d’attente, nous ne savons que penser, sinon que, à l’évidence, la «volonté de faire au mieux», brandie par l’exécutif, masque mal les épouvantables difficultés de ressources humaines du côté de la start-up nation… Après deux semaines de tergiversations, de rumeurs et d’informations contredites, Emmanuel Macron et Édouard Philippe n’avaient pas «complètement calé» le dispositif, hier, selon des indiscrétions venant de l’Élysée. On nous affirme que le maître des horloges assume de prendre son temps. Mais le maître ressemble à un apprenti retardataire peinant dans la recherche du temps perdu; quant aux horloges, elles paraissent bien détraquées pour qui se prend pour Jupiter et prétend gérer les affaires de l’État avec «le devoir de faire vite».
Vu que nous n’attendons rien de neuf de nouvelles têtes au service absolu d’un pouvoir personnel, nous pourrions nous amuser de cette situation surréaliste et nous rassurer joyeusement en nous disant qu’une chimère politique est définitivement en train de s’effondrer. Le symptôme est pourtant grave. Qui peut nier que nous assistons à une crise gouvernementale d’ampleur? Or, entre la crise gouvernementale et la crise politique, il n’y a qu’une frontière: la crise de confiance. Nous y sommes. Et même au-delà. L’illusion du «et de droite et de gauche» a vécu et avec elle s’estompe progressivement l’escroquerie politique et intellectuelle du macronisme. Début octobre, le président déclarait: «J’observe, j’écoute, j’entends», ajoutant qu’il admettait ne pas être «parfait» au point de vouloir se «corriger». Deux semaines plus tard, la correction est sévère. Colmater les brèches gouvernementales ne renversera pas l’injustice à tous les étages qui caractérise ce quinquennat… et encore moins l’opinion des Français.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 15 octobre 2018.]
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