dimanche 21 octobre 2018

Ces « auxiliaires »…

Les accompagnants, unis au sein d’un collectif "AESH-AVS, unis pour un vrai métier", savent de quoi ils parlent.

«Ce vote, j’en suis convaincu, vous collera à la peau comme une infamie.» Chacun se souviendra longtemps de la colère froide de François Ruffin, le 11 octobre. Le député FI, qui défendait une proposition de loi relative à l’inclusion des élèves en situation de handicap portée par le Républicain Aurélien Pradié (comme quoi) et soutenue par toute l’opposition, prête à améliorer son contenu, fustigeait ainsi les élus la République en marche pour avoir rejeté le texte sans même participer aux échanges. Une petite «motion de rejet préalable» et, pour les députés macronistes, il n’y avait rien à débattre. Handicap ou pas handicap, circulez!

Odieux, le procédé témoignait de l’incapacité de la majorité à regarder le monde réel sans cette dose de profond mépris – qui lui vient de si haut. Oui, une infamie. Ne pas vouloir discuter d’une scolarité inclusive, qu’il s’agisse de la question du handicap  ou non, c’est refuser de débattre de l’accueil de tous les enfants sans distinction à l’école de la République. Les accompagnants, unis au sein d’un collectif "AESH-AVS, unis pour un vrai métier", savent de quoi ils parlent. Ils témoignent dans l’Humanité et dénoncent la «grande mascarade» du gouvernement, les promesses non tenues du président et l’irresponsabilité des discours. La réalité du terrain ne ment pas. Accompagnants non ou mal formés, avec des contrats précaires  permanents, sans parler de ces milliers d’élèves sans soutien réel. Conditions de travail dissimulées; manque de prise en charge minimisé…

Une statistique permet de comprendre ce qui se passe. Plus nous progressons dans le parcours scolaire, moins nous trouvons dans les classes d’enfants  en situation de handicap. En 2017-2018, il y en avait 320 000 en milieu ordinaire, seulement 96 884 au collège, 31 128 au lycée, tandis que nous ne dénombrons que 25 000 étudiants identifiés… Les moyens manquent cruellement. Quant à la situation professionnelle  ultraprécarisée des «auxiliaires» et des «accompagnants» (les mots en disent long parfois), elle ne suscite plus guère de vocation, et pour cause. Tout cela méritait – et mérite toujours – un grand débat parlementaire. Et bien plus: de vraies décisions. 

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 22 octobre 2018.]

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