Un peu plus d’un an de Facebook. Bilan d’étape.
Facebook. Voilà plus d’un an désormais que le bloc-noteur expérimente le réseau social créé par Mark Zuckerberg, l’ayant boycotté jusque fin décembre 2016, moins pour des raisons politiques que philosophiques, arguant du simple fait qu’une production humaine – donc sociale – ne pouvait passer par le digital comme acte privilégié et s’affranchir des rapports physiques, du langage, du parler, de l’échange, du débat, de la controverse face à face, de l’écoute aussi, qui permet toujours de s’élever intellectuellement. Une évidence d’abord, correspondant aux impressions des premières semaines: chacun utilise «l’outil» Facebook à sa convenance, bien qu’il soit aisé de percer les personnalités de ceux qui s’en jouent quotidiennement. Nous trouvons évidemment de tout, d’ego surdimensionnés à de volontaires et saines mises à distance, et, bien malgré nous, notre regard de «sociologue» et/ou d’«anthropologue» voisine souvent avec l’évidente curiosité afférente à tout journaliste, qui y trouve peu son compte en vérité. Parfois un rappel vaut conseil. Ainsi, afin d’éviter autant que possible le tout et n’importe quoi, disons pour s’en prémunir (bien que cela soit illusoire), deux principes avaient guidé le bloc-noteur dans sa volonté de rejoindre cette communauté d’un genre évolutif, qui ressemble la plupart du temps à un monstre froid. Primo: s’astreindre à un profil «public» et à des publications du même type, de telle sorte qu’aucune «interprétation» ou aucun «quiproquo» ne soit acceptable. Secundo: ne jamais rien «poster» de personnel, d’intime ou de «familial», ni photo ni récit, la sphère privée étant sacrée et, de notre point de vue, inaliénable par un réseau social. Le résultat dans les bras de la pieuvre peut paraître probant: plus de 3000 «ami-e-s» en treize mois. Sauf que vous le savez, personne n’échappe à la règle. Les amis, les vrais, se comptent sur les doigts des deux mains. Avoir des «contacts» serait un terme plus approprié. Le bon usage des mots évite quelquefois les fausses pistes et les illusions.
Démiurge. Nous connaissons tous la surpuissance de ce «réseau», supérieure à celle des États grâce à son insolente prospérité financière. Savez-vous qu’à eux seuls, Google, Apple, Amazon, Microsoft et Facebook constituent le quinté de tête de Wall Street avec une capitalisation de 2900 milliards d’euros – une fois et demie le PIB de la France. Une bulle peut-être, un pouvoir assurément. Seulement, ces derniers mois, plusieurs ouragans se sont abattus sur cette toute-puissance, jusqu’à faire vaciller la psychologie du fondateur Zuckerberg, renvoyant dans les cordes l’espèce de démiurge en lui, assez peu soucieux de savoir qu’il était déjà dépassé par sa propre création. Le voilà accusé de tout. D’optimisation fiscale. De continuer de piller les données personnelles des utilisateurs. De refuser un statut d’«éditeur», ce qui le rendrait pleinement responsable des contenus hébergés et autres «fake news», alors que la plateforme dénie obstinément tout rôle d’«arbitre de la vérité», refusant d’admettre que l’arborescence des algorithmes dont il pousse les feux renforce les problèmes en enfermant les utilisateurs dans leurs certitudes – quelles qu’elles soient. Mais ce n’est pas tout. Les dernières attaques les plus saisissantes proviennent d’anciens dirigeants du groupe, non des moindres. «Nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social», a affirmé un ancien vice-président, interdisant à ses enfants d’utiliser ce qu’il appelle «cette merde», jugeant l’addiction à Facebook «menaçante pour l’individu et la société» puisque le réseau a été «conçu pour utiliser les faiblesses humaines» en libérant la dopamine. Selon un autre ancien boss, l’internaute serait prisonnier d’un plaisir narcissique pouvant virer à la «pathologie grave»… Le bloc-noteur n’éprouve pas encore l’envie ni le besoin de se désintoxiquer. Mais sait-on jamais.
Démiurge. Nous connaissons tous la surpuissance de ce «réseau», supérieure à celle des États grâce à son insolente prospérité financière. Savez-vous qu’à eux seuls, Google, Apple, Amazon, Microsoft et Facebook constituent le quinté de tête de Wall Street avec une capitalisation de 2900 milliards d’euros – une fois et demie le PIB de la France. Une bulle peut-être, un pouvoir assurément. Seulement, ces derniers mois, plusieurs ouragans se sont abattus sur cette toute-puissance, jusqu’à faire vaciller la psychologie du fondateur Zuckerberg, renvoyant dans les cordes l’espèce de démiurge en lui, assez peu soucieux de savoir qu’il était déjà dépassé par sa propre création. Le voilà accusé de tout. D’optimisation fiscale. De continuer de piller les données personnelles des utilisateurs. De refuser un statut d’«éditeur», ce qui le rendrait pleinement responsable des contenus hébergés et autres «fake news», alors que la plateforme dénie obstinément tout rôle d’«arbitre de la vérité», refusant d’admettre que l’arborescence des algorithmes dont il pousse les feux renforce les problèmes en enfermant les utilisateurs dans leurs certitudes – quelles qu’elles soient. Mais ce n’est pas tout. Les dernières attaques les plus saisissantes proviennent d’anciens dirigeants du groupe, non des moindres. «Nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social», a affirmé un ancien vice-président, interdisant à ses enfants d’utiliser ce qu’il appelle «cette merde», jugeant l’addiction à Facebook «menaçante pour l’individu et la société» puisque le réseau a été «conçu pour utiliser les faiblesses humaines» en libérant la dopamine. Selon un autre ancien boss, l’internaute serait prisonnier d’un plaisir narcissique pouvant virer à la «pathologie grave»… Le bloc-noteur n’éprouve pas encore l’envie ni le besoin de se désintoxiquer. Mais sait-on jamais.
[BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 12 janvier 2018.]
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