jeudi 16 novembre 2017

Quartier(s)

Macron aux banlieues: «Aide-toi,  le ciel t’aidera!»

Banlieues. «Aide-toi, le ciel t’aidera!» Cette formule résume assez bien le message délivré par Emmanuel Macron aux quartiers populaires. Notre colère froide suite à son discours fleuve prononcé à Roubaix ne s’atténuera pas de sitôt. Beaucoup de paroles, de la communication huilée afin de satisfaire les chaînes d’info, un petit côté «charité» pour toucher le «ventre mou» de la population et au final, une impression d’immense gâchis que ne rehausse en rien la «philosophie» macronienne en direction des plus faibles. Ah! bien sûr, notons par honnêteté intellectuelle que le président n’a pas joué les sous-Valls, puisqu’il a dénoncé les harangues qui stigmatisent: «Je ne confondrai jamais les quelques milliers de radicalisés et les millions d’habitants des quartiers.» Nous ne saurions le taxer d’insincérité sur ce plan. Selon lui, «la République a démissionné». Phrase forte, qui n’est pas sans rappeler quelques-unes des nôtres. Par les temps qui courent, ne sous-estimons pas la tâche ardue consistant à braver l’opinion dominante conditionnée par les éléments de langage des éditocrates. Dont acte au chef de l’État. Mais après? Cette visite en «banlieue» n’était en rien pour les «marchiens» le signe d’un retour sur terre. Les actes et les «preuves d’amour» ne suivent pas. Sauf à considérer que son discours méritocratique de réussite individuelle vaut tous les engagements… Avec Nicoléon, ce n’était plus la «culture pour tous» mais la «culture pour chacun». Avec Macron, ce n’est plus la «réussite pour tous» mais la «réussite de chacun». Nuance fondamentale. Changement de paradigme. Pour le président, la politique de la ville (dépourvue désormais de ministère, ceci expliquant cela) passe moins par la mobilisation collective des actions politiques, économiques et sociales que par la réussite individuelle. Le propos sous-jacent est délirant: «Si tu n’y arrives pas, c’est de ta faute.» Certains y voient une cohérence: après avoir vanté les mérites des premiers de cordée de la finance, Macron célèbre les premiers de cordée… des quartiers.


Comprendre. Relégation, ségrégation territoriale, échecs scolaires, sans-emploi en masse, pauvreté… Autant de mots laissés de côté. Sans parler de ceux qui brûlent les lèvres: «l’enjeu social». Évoquer des territoires «en difficulté», c’est facile. Mais qui néglige «la France des oubliés»? Qui a cessé de voir «la France des invisibles»? Depuis la fin des Trente Glorieuses, nous constatons l’incapacité absolue des gouvernements successifs à endiguer le chômage, à corriger les échecs des politiques de la ville, à éviter l’effondrement du tissu urbain. Le problème des quartiers populaires n’est pas l’ethnicisation, ni la religion, mais bien la crise sociale, l’atomisation sociale galopante. Voilà ce qui pose la question de l’intégration. Combien de fois conviendra-t-il de l’écrire pour que cette élémentaire vérité pénètre les cerveaux à défaut des cœurs? Combien parmi les élus locaux qui refusent de baisser les bras, souvent les plus à gauche, communistes principalement, ont-ils alerté, nous rappelant à nos devoirs élémentaires de compréhension et d’effort de raisonnement ? Comprendre, monsieur Valls, ce n’est pas «excuser» on ne sait quelles «fautes» immanentes, c’est savoir, analyser, réfléchir, bref, s’affranchir d’une vision essentialiste de la société. Et comme par hasard, cette essentialisation concerne les plus pauvres, donc les premières victimes des inégalités! Ce fut l’honneur de la République de rompre avec les facteurs de différenciation fondés sur la nature, les traditions et les hiérarchies. Le «choc de dignité» dont ont besoin ces populations ne peut plus se satisfaire de paroles en l’air. On répète sans cesse que les quartiers s’éloignent de la République: M. Macron n’a pas tort, c’est la République qui s’éloigne des quartiers. Mais il n’a rien à répondre. Les faits sont têtus: pendant qu’il pérore et aligne les strophes, n’oublions pas que le budget de la politique de la ville baissera de 11% en 2018. Chacun pour soi… 

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 17 novembre 2017.]

1 commentaire:

Anonyme a dit…

l'espace public est privatisé, or c'est le lieu du lien social collectif.
Privatisé, cela veut dire conccurentiel et guerrier (définition du petit robert des collégiens : personne dont le métier était de faire la guerre,le guerrier, le soldat.Le repos du guerrier, de l'homme auprès d'une femme. Relatif à la guerre ; MILITAIRE. Qui aime la guerre : belliqueux).
De ce fait, les femmes ont perdu la liberté de se promener dans les rues. Trop de "crocodiles"...
En france, au vingt et unième siècle.
Je n'aime pas les guerres.