Les controverses sur l’avenir des choix économiques ne traversent pas que les partis politiques et la gauche dans son ensemble. Elles concernent tout le mouvement social...
Au fond, que retiendra l’histoire quand, débarrassée des commentaires superflus, seul le bilan politique des actes surgira avec éclat, quand se seront dessinés aux yeux de tous les contours d’une France défigurée, à mille lieues des aspirations populaires? Les débats qui ont secoué la gauche et les rangs socialistes en prélude au vote sur le pacte de stabilité présenté par Manuel Valls, hier, ne sont probablement que les premières secousses d’un tremblement de terre plus vaste, que nous appelons de nos vœux. La farce des quelques annonces homéopathiques censées adoucir le plan d’économies de 50 milliards d’euros, qui ne visait qu’à «construire» un compromis avec sa majorité, n’offrira pas au premier ministre le répit recherché. Ce qui se joue, en vérité, ce n’est pas seulement une fronde que le pouvoir devait coûte que coûte dégonfler, sinon annihiler. Non, c’est bien plus que cela.
Prenons conscience que, face à un tel train de mesures austéritaires et injustes, la droite, en toute logique, aurait même dû se prononcer «pour» comme un seul homme. Si Manuel Valls a parlé de «vote décisif qui marquera l’évolution de notre pays», ce n’est pas au hasard de ses formulations. Le programme de stabilité, pensé et réfléchi avant l’aval de Bruxelles, pardi, pousse l’option libérale au-delà de l’acceptable. Réduction des services publics et des amortisseurs sociaux, aides accrues aux entreprises, sacrifices pour les salariés, attaque contre la protection sociale, découpage régional au service des multinationales: le pays livré au marché, en somme, contre la promesse d’hypothétiques emplois. Les termes «austérité» et «rigueur» ne décrivent d’ailleurs pas la réalité. Quant au coût social et humain, il s’avère incalculable…
Les défilés du 1er Mai, ce jeudi, n’arrivent donc pas dans un paysage ordinaire. Ils auront même un caractère particulier. Les controverses sur l’avenir des choix économiques ne traversent pas que les partis politiques et la gauche dans son ensemble. Elles concernent tout le mouvement social, sans lequel il est vain d’imaginer une rupture avec cette politique qui conduit le pays dans le mur et la gauche à l’échec.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 30 avril 2014.]
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