mardi 19 juillet 2011

Tour : Voeckler peut-il gagner le tour ?

Le Français, chouchou du public et leader de la formation Europcar, a changé de statut depuis les Pyrénées. Au point de faire rêver tout un pays… Avec mon collège Eric Serres, nous nous sommes prêtés au petit jeu du "non il ne peut pas gagner", "oui il peut gagner"... sachant qu'une victoire du Français nous rendrait heu-reux l'un et l'autre !
Depuis Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme).
NON, IL NE PEUT PAS GAGNER
L’ardeur de Juillet survit d’un rien. Un exploit quotidien arraché aux évidences, un nom chanté qui claque sur les routes, « allez Voeckler ! ». Par cette popularité surgissante s’ébauche le portrait du petit-Français d’ici-et-maintenant agité par la rage d’un ailleurs, avec une mêlée de rugosité dans les jambes et toutes les limites d’une fierté nationale rabougrie. Même la France du cyclisme n’est plus qu’une lointaine illusion, un vague sentiment d’été fantasmé, que le porteur du maillot jaune résume bien : « Je ne veux pas mentir. Je pourrais dire : ‘’J'ai une chance de gagner.’’. Cela ferait de la pub. Mais j'ai 0% de chances de gagner le Tour. »
Ne pas voir derrière cet aveu l’impuissance du condamné, mais plutôt l’intelligence de la situation. Même s’il mise d’ores et déjà sur une victimisation feinte, Voeckler reconnaît : « Les organisateurs ont tracé le parcours pour que le Tour se décide dans cette dernière semaine. » Le franchissement des cols alpestres sera en effet terrifiant : Izoard, Agnel, Galibier, Alpe d’Huez, pour ne citer que ces pentes mythiques. Sans oublier le chrono de Grenoble (42,5 km), où la victoire finale se disputera probablement entre Evans, l’un des frères Schleck, Contador ou Basso. D’ici-là, pour Voeckler, l’illumination aura hélas viré tempête…
OUI, IL PEUT GAGNER
C’est tout simplement l’année Thomas Voeckler et nous vivons un Tour de France de transition qui attend son miracle ! L’année Voeckler, parce que l’Alsacien s’est mué cet hiver en sauveur de son manager Jean-René Bernaudeau. Sans lui, point d’Europcar ! Cette équation l’a aidé à franchir un cap. Lui, le franc tireur, est devenu une locomotive spirituelle et sportive de son équipe. Sur ce Tour, il est aussi devenu le messie. Celui de d’Europcar évidemment, mais aussi d’une France qui se cherche désespérément un gendre idéal.
Sur le plateau de Beille, dernière étape pyrénéenne, il a été « LE » leader du peloton, répondant à toutes les attaques, enfin si l’on doit appeler cela des attaques. Il a les jambes, la puissance et un petit surplus de roublardise. Depuis les Pyrénées, il ne cesse de dire qu’il va perdre son maillot et au pied des Alpes, il remet encore cela. Qui croire ? Dans son équipe, qui travaille comme une « multinationale », dixit Jean-René Bernaudeau, il peut compter sur un Pierre Rolland enfin « Rock Star », selon Lance Armstrong, et sur la tactique des « pousse-mégots », ceux que l’on tente depuis quelques années de nommer « les favoris ». Mais ces messieurs ont peut-être aussi atteint leurs limites ? Allez savoir…

(Avec Eric Serres)
[ARTICLE publié dans l'Humanité du 19 juillet 2011.]

(A plus tard...)

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