mercredi 1 mai 2019

Travailleur(s)

Malgré les casseurs, une répression policière aveugle et sans aucun discernement, et même un secrétaire général de la CGT gazé, la réussite des cortèges du premier Mai est assez éblouissante. 

Des casseurs, une répression policière aveugle et sans aucun discernement, et même un secrétaire général de la CGT gazé… Tout fut donc entrepris pour tenter de détourner le sens et l’esprit de la Fête des travailleurs, dont le caractère inédit n’aura pourtant échappé à personne en tant que moment privilégié pour notre société en ébullition de soulever le couvercle que veut imposer le pouvoir par la force policière, comme par l’autoritarisme du président. La réussite des cortèges du premier Mai est assez éblouissante. Et il convient, plus que jamais, de distinguer les fauteurs de heurts des citoyens sincères, qui n’entendaient pas que l’on taise leurs revendications au profit des discours éculés que connaissent bien les gilets jaunes depuis six mois. Ces derniers étaient d’ailleurs présents, dans de nombreuses villes (Paris, Lyon, etc.), ouvrant parfois les défilés, appelant avec des syndicalistes, çà et là, à cette «convergence des luttes» si difficile à élaborer concrètement. 

La nouveauté du moment, chacun la connaît et devrait plutôt s’en réjouir. Ce n’étaient pas ces violences détestables, mais bel et bien ce que nous avons vu ou entr’aperçu, partout en France, cette sorte de jonction des colères entre le mouvement syndical et le mouvement spontané qui dure, celui des gilets jaunes, tous portés par des revendications communes fortes, de justice sociale, de dignité. Quel meilleur jour pour réclamer, de nouveau, l’amélioration rapide des fins de mois, l’augmentation du Smic et des salaires, la mise à contribution des ultrariches, des actionnaires, de la finance, le développement des services publics, etc.? Et redire à Emmanuel Macron que ses réponses droitières, en conclusion du grand débat, ne passeront pas! 

D’autant que l’état de la France réelle se niche souvent dans les détails des statistiques. Ainsi venons-nous d’apprendre par l’Insee que la baisse de la consommation des produits alimentaires atteint un taux inégalé dans notre histoire contemporaine: – 1,2 % ! Même durant la crise de 2008, elle n’avait été que de 0,5 %. Et à part ça, il n’y a aucun «problème» de salaires et de pouvoir d’achat dans ce pays…

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 2 mai 2019.]

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