Fondée en 1996, l’association a décidé, ce week-end, de modifier ses
statuts pour prendre un nouvel essor.
Le directeur du journal, Patrick Le
Hyaric, a insisté sur la nécessité de lire l’Humanité.
Ernest Pignon-Ernest, le président de l'association.
Jean-Emmanuel Ducoin, le secrétaire national.
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Les Amis de l’Humanité ont bientôt vingt
ans. C’est l’âge de tous les possibles et de toutes les conquêtes. Samedi 7 février, près
de deux cents adhérents se sont réunis en assemblée générale annuelle, à la
Maison des métallos, dans le 11e arrondissement de Paris. L’occasion, pour les
Amis, de constater, sous la houlette de leur secrétaire national, Jean-Emmanuel
Ducoin, qu’il est temps de prendre un nouvel essor. Car l’association est
coincée dans une contradiction:
d’un côté, elle multiplie, avec bonheur, les initiatives et les rapprochements
avec d’autres organisations (CGT, Attac, Ligue des droit de l’homme, Ligue de
l’enseignement, etc.), de l’autre, elle perd des adhérents – en moyenne
cinquante par an – depuis 2011, a signalé la trésorière Colette Millereux. «Il
nous faut inventer un autre chemin», a souligné Jean-Emmanuel Ducoin. La
modification des statuts de l’association prévoit que les cotisations des
adhérents dans leur association remontent à l’association nationale, histoire
d’être redistribuées, notamment en direction des projets naissants qui ont
besoin d’être financés. La proposition a créé un large débat dans la salle,
avec des propositions pour rendre cette mesure effective et efficace. Les Amis
ont au cœur un credo:
cette volonté d’ouverture au mouvement progressiste de ce pays, qui a toujours
été inscrit dans l’ADN de l’association. «Il ne faut pas s’isoler, il faut
résister à la tentation de rester au chaud en famille», a complété
Jean-Emmanuel Ducoin.
Car, avec les Amis, ce qui se joue, c’est le rayonnement du journal l’Humanité. Patrick Le Hyaric, directeur du journal et député européen, a vivement remercié les adhérents pour leur engagement et leur soutien constants au quotidien. Après les attentats «ciblés et politiques» des 7 et 9 janvier, il a appelé à ne pas laisser «retomber dans la somnolence» le «réveil de la République» du 11 janvier. Patrick Le Hyaric s’est indigné que, depuis cette immense manifestation, «aucune parole des autorités élues ne vise à faire une société commune, un monde commun». Alors que ledit monde, qui est «en train de se déchirer, de s’ensanglanter devant nous, est un monde inquiétant». La réponse devrait être l’éducation et la culture. «La question fondamentale, c’est de mettre les moyens sur une longue période pour les aides à l’enfance. Du nouveau-né à l’adulte, pour les ouvrir aux humanités et à avoir du travail, créer. Si la République ne fait pas de la petite enfance, de l’enfance et de la jeunesse une priorité nationale, aucun discours ne marchera», alerte-t-il. La démocratie se joue aussi sur les médias: l’État réduit les moyens de France Télévisions et de Radio France, «ce fleuron extraordinaire à conserver».
Certes, la culture, l’éducation, la radio publique ne sont
pas des investissements visibles à l’œil nu. «Mais ce sont des investissements
humains», indispensables à l’émancipation des citoyens. Dans ce monde troublé,
la lecture de l’Humanité a un rôle déterminant. Car la guerre idéologique fait
rage. Patrick Le Hyaric dénonce «l’accaparement de l’ensemble des sociétés de
presse à capitaux privés entre les mains de quelques-uns». «Aujourd’hui,
dénonce-t-il, nous ne sommes pas dans une période de création, mais de
destruction de journaux.» Tout en louant la solidarité autour de Charlie
Hebdo, après l’attentat du 7 janvier, le directeur de l’Humanité dénonce un
système d’aides à la presse en diminution. Et qui met en danger non seulement l’Humanité,
mais aussi Politis, la Croix, Siné Mensuel, le Monde Diplomatique…
La direction du journal, comme la Croix, ont dû, de mai à
décembre, «pleurer» auprès des autorités pour ne pas avoir de diminution des
aides à la presse qui les aurait mis en grande difficulté. Idem pour Charlie Hebdo,
pour lequel le gouvernement a décidé de débloquer 1 million d’euros… mais après
la tuerie. «Mais pourquoi pas avant?»
s’agace le directeur. «Il faut que la République reconnaisse qu’il faut
arrêter de fermer des journaux et arrêter de laisser des équipes dans
l’angoisse du lendemain», préconise-t-il. L’amendement Charb, proposé par
Pierre Laurent et voté jeudi soir à l’unanimité des membres du Sénat,
«n’était-il donc pas possible de le voter» avant le drame? Il dénonce au passage la
loi Macron, qui avait prévu des restrictions d’accès des journalistes au secret
des affaires, et s’en prend au Parlement européen, qui a dans ses tiroirs la
même proposition. Dans un contexte compliqué, l’Humanité continue pourtant.
Même à faire des projets de développement. Car l’Humanité est en quelque sorte
«l’étendard du pluralisme de la presse sociale» et met sur «la table nombre
de débats qui n’existent pas ailleurs», indispensables à l’émancipation
humaine.
REPERES
Le nombre d’adhérents aux Amis de l’Humanité en 2014 était de 886.
Un chiffre en légère baisse par rapport à 2013: -72.
150 Amis étaient présents à l’assemblée générale.
270
nous avaient envoyé leur pouvoir.
18 comités locaux, de toutes les
régions, étaient représentés.
Ernest Pignon-Ernest, plasticien, a été confirmé
dans sa fonction de président de l’association.
Jean-Emmanuel Ducoin, rédacteur en chef de l’Humanité,
a été réélu secrétaire national de l’association,
avec comme adjoint Jean-Yves
Flaux.
Les présidents d’honneur sont toujours : Michel Vovelle et
Edmonde Charles-Roux.
Les vice-présidents sont : Daniel
Herrero, Axel Kahn,
Gérard Mordillat, Colette Privat et Charles Silvestre.
Colette Millereux reste trésorière, avec Annie Berlemont
comme adjointe. Josiane Comet continue d’assurer le secrétariat administratif.
Trois Amis quittent le conseil d’administration: Régine Deforges, décédée,
Stéphane Guyard et Monique Pellissier. Deux nouveaux y entrent : Jacques Bernardin et
Jean-Claude Delanoue.
Pour adhérer à l’association :
01 49 22 74 17
ou amis.huma@humanite.fr
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