mercredi 10 décembre 2014

Loi Macron : oui, une régression…

François Hollande évoque un texte «de progrès et de liberté». L’exécutif prétendument de gauche ne cherche même plus à écorner les consciences mais carrément à les manipuler.

Scène d’effroi dans l’ordinaire, hier à l’Élysée. Accompagnant de quelques mots la présentation du tristement célèbre projet de loi Macron, François Hollande évoque un texte «de progrès et de liberté». Manuel Valls parle, lui, d’«efficacité» et de «justice». Encore un jour sombre dans notre histoire sociale contemporaine, victime de cet exécutif prétendument de gauche, qui ne cherche même plus à écorner les consciences mais carrément à les manipuler. Une ombre vient de passer dans les couloirs du palais, nous la reconnaissons distinctement, comme nous croyons identifier une voix dominante qui jamais ne se tait. L’ombre: celle du Medef. La voix: celle de la finance. Le chef de l’État et son premier ministre auront beau débiter des phrases enjôleuses, les quatre-vingt-dix articles de la loi concoctée par leur ministre de l’Économie ne font plaisir qu’au patronat et à la droite.
Un grand nombre de députés UMP et UDI se disent d’ailleurs disposer à la voter, en janvier. Satisfaire les revendications libérales et réactionnaires devient une seconde nature. Et encore a-t-il fallu qu’une bataille interne chez les parlementaires socialistes retienne un peu l’ambition de destruction des droits dudit Macron, sinon, fidèle à ses maîtres Attali et Jouyet, il aurait proposé jusqu’à la suppression des seuils sociaux. Hélas, ce n’est que partie remise.

Dans ce capharnaüm législatif, véritable bombe antisociale à fragmentation, le travail du dimanche vaut symbole, car il ne s’agit pas que d’options économiques – qui de toute façon ne résistent pas à l’examen critique – mais bien d’un choix de société. Martine Aubry a raison de dénoncer une «régression». Mais disons-le fermement. Lors de la bataille parlementaire décisive qui s’annonce, chacun, cette fois, devra réellement prendre ses responsabilités. La seule posture critique des «frondeurs», des écologistes et de quelques «ténors» du PS ne suffira plus. Il faut empêcher par tous les moyens, dans l’Hémicycle et dans la rue, que le point de non-retour soit franchi. Pour l’idée que nous nous faisons de notre pays. Pour la gauche.
 
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 11 décembre 2014.]

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