Faites le test. Si vous croisez l’un des signataires du «manifeste des 343 salauds» – comment mieux nommer ces gens-là d’ailleurs? –, posez-lui cette simple question: «Aimeriez-vous que votre fille soit prostituée et se fasse chevaucher vingt à trente fois par jour?» Vous constaterez alors que l’impudeur intellectuelle de ces courageux de salon ne franchit jamais le seuil de l’indécence contre eux-mêmes. Curieux, cette forme de courage pseudo-romantico-libertaire mâtiné de consumérisme qui consiste à imposer aux autres une réalité qu’on ne veut pas voir chez soi… Après des semaines de débat où la mauvaise foi aura cohabité avec l’inacceptable, jusqu’à cette sordide pétition publiée dans Causeur, la revue ultra-réac d’Élisabeth Lévy, démolissons sans crainte certains arguments hypocrites et imbéciles qui insultent notre intelligence.
La prostitution serait non seulement le «plus vieux métier du monde» mais un «mal nécessaire». Voyez-vous, le désir des hommes serait tellement «irrépressible» qu’il faudrait trouver «naturel» d’acheter une personne pour en jouir. Réclamer l’abolition de la prostitution n’aurait donc rien à voir avec les combats contre les violences et les discriminations, pour l’égalité et même pour le droit de disposer de son corps… Bienvenue dans un monde où la peine de mort, l’excision et le viol seraient acceptés car pratiqués depuis des siècles!
Une vérité devrait s’imposer à tous. Puisqu’elle génère en tant que telle un système porteur d’une double violence, sociale et sexuelle, la prostitution sera abolie, tôt ou tard. Nous n’écrirons pas, ici, que le projet de loi qui sera débattu au Parlement réglera tout. Il est insuffisant et, contrairement à ce qui se dit, ne criminalisera pas vraiment les clients. Néanmoins, ce texte marquera un tournant. Les personnes prostituées ne seront en effet plus considérées comme des délinquantes mais comme des victimes. Prenons-le comme une étape, qui en appellera d’autres. Car la prostitution est d’abord un business, une marchandisation des corps, un trafic gigantesque d’êtres humains nourrissant les flots d’argent sale – du crime et de la drogue – qui terminent dans les paradis fiscaux. La prostitution n’est pas un métier, c’est une atteinte à la liberté des consciences. Le mythe de la pute heureuse et fière d’exercer son dur labeur est à peu près équivalent à la légende de la fille prenant du plaisir avec des clients dans des hôtels sordides. Françoise Giroud avait bien raison: «La prostitution est un phénomène masculin.» Ne sommes-nous pas assez évolués pour savoir qu’il est temps d’en finir avec l’un des grands bastions de cette odieuse tradition patriarcale de mise à disposition du corps, qui ne consacre rien d’autre que la domination d’une personne sur une autre par l’argent?
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 27 novembre 2013]
11 commentaires:
Ce n'est franchement pas digne de vous. Le journalisme, ce n'est pas reprendre des chiffres non vérifiés ou exceptionnels.
Quant à ma fille… et mes deux petits enfants… Figurez-vous que si j'étais invalide, ne pouvant en aucun cas l'aider, jamais je ne lui jetterai la moindre pierre si elle se prostituait.
Vous êtes en dehors de toute réalité, et jusqu'à présent, alors que vous seriez le premier à montrer du doigt un patron qui ferait nationaliser les pertes dues aussi à sa gestion pour ensuite reprivatiser les bénéfices, qui êtes-vous pour donner de telles leçons aux prostituées indépendantes traditionnelles ?
Lisez par exemple 23 prostituées, de l'Ontarien Chester Brown, et lavez-vous un peu le cerveau.
Je n'ai pas à préciser si je suis client, violeur-prostitueur, ou si je n'ai jamais été client, donc, surtout, n'employez pas cet argument. Je ne sais pas si tous les «salauds » ainsi désignés par vous ont jamais ou seront jamais clients et je m'en contrefiche.
Cédez votre place à une prostituée de talent (il en est), et venez ensuite nous reparler de l'éradication de la prostitution. Ce que vous écrivez n'est pas faux, mais parcellaire, sommaire, et au service d'une cause qui n'est nullement humanitaire, mais financière et idéologique (en tout cas certainement pas essentiellement de gauche).
Oui, les prostituées sont d'abord et avant tout des victimes. Réclamer l'abolition, même si ça paraît irréalisable, c'est dans la logique philosophique du progrès humain, JED a bien raison et je suis d'accord avec lui. Il ne faut jamais oublier l'horizon et l'idéal. C'est un éditorial jauressien, en ce sens.
NICOLE
Monsieur,
On a bien compris votre parti pris mais sachez qu'il y a des personnes qui ont choisi cette activité pour diverses raisons et qui la considèrent comme un métier de part ses tenants et aboutissants dans le rapport à l'autre.Enfin des personnes qui ont construit une vie et élèvent des enfants. On méprise totalement cette catégorie. ET CE N'EST PAS UNE AVANCÉE HUMANISTE. Quant aux victimes de réseaux (rien n'est quantifiable) on ne leur demande pas leur avis non plus. J'imagine juste que cette méthodologie leur prépare des jours bien sombres dans la violence et la précarité.Le seul moyen d'agir pragmatiquement contre les réseaux et de ne pas pénaliser les indépendantes est la réglementation qui arrêtera la clandestinité et le contrôle des flux et permettra aux victimes soit de continuer l'activité à leur compte soit de suivre le parcours de sortie qu'on leur propose. Enfin de choisir et non d'être, à nouveau, contraintes.Je suis prostituée citoyenne contribuable et il n'y a pas de mots assez forts pour exprimer la violence du mépris et des discours sanitaires et chiffres fallacieux qu'on oppose à nos revendications.Des prostituées pleurent aujourd'hui par peur du lendemain. Vous y pensez la nuit? Moi oui.
Mylène Juste
Témoignage : « Non, la prostitution n'est pas un métier. Elle est une atteinte à la dignité humaine. Sans aide nous ne pouvons nous en sortir. Nous aider à ne pas y entrer ça c'est l'objectif...PAS DE CLIENTS: PAS DE PROSTITUTION! PAS DE PROSTITUTION: PAS DE CLIENTS! Sans le soutien financier de la clientèle prostituante, le milieu perdrait sa raison d'être (l'argent) et s'effondrerait de lui même. » Maldy survivante
http://membres.multimania.fr/survivantes/
En France, PLUS DE 80 % des personnes prostituées sont des ÉTRANGÈRES SOUS LA CONTRAINTE DE RÉSEAUX CRIMINELS. (Rapport parlementaire N°3334, avril 2011). C'est aussi l'avis des scientifiques : Mme Adrienne O’Deye, sociologue, et de M. Vincent Joseph, anthropologue, qui note l’arrivée massive de personnes prostituées étrangères soumises à des réseaux de prostitution.
C'est parce que des hommes achètent en toute impunité des actes sexuels, que des criminels vont contraindre des femmes vulnérables à la prostitution, par la manipulation et la violence.
L'esclavage d'êtres humains insulte les religions, la morale, les lois naturelles et tous les droits de la nature humaine, et pas la prostitution?.
On nous dit qu'il y aurait 400000 prostituées en Allemagne? Combien en France? Mais qu'importe, en réalité, des millions d'hommes (et aussi de femmes) utilisent "illégalement' ce "commerce". "Illégalement" car beaucoup de "mariages" sont aussi de fait de la prostitution ("consentie" comme d'ailleurs quand elle est "illégale" ) . En tout cas, les client(e)s sont-ils (elles) tous des délinquant(e) s qui méritent cette "punition" phénoménale!! Une association nous propose même "Osons la masturbation"!! Beau programme d'émancipation humaine! Et sous le prétexte de l'appel des "salauds", à "gauche" on nous fait le chantage de l'esclavagisme, les clients seraient tous des esclavagistes!! Comme si la prostitution de masse n'existait pas à Cuba (et hier dans les pays communistes qui l'interdisaient officiellement!!) Assez d'hypocrisies et de moralisme!! Je vous signale que nous sommes deux générations après les "révolution sexuelle" et "d'émancipation de la femme". Pourquoi alors des millions d'hommes (et de femmes) pratiquent encore ce "commerce"?. Pourquoi cette insatisfaction assez généralisée (y compris dans les "couples" de plus en plus aléatoires? Est-ce simplement affaire de mondialisation néo-libérale et donc création d'une Offre plus profitable? Non!! C'est plus compliqué l Le problème c'est aussi que la demande dans cette société néo-libérale est alimentée par la solitude et la misère sexuelle qui se sont accrus! Mais aussi qu'un certain "féminisme castrateur" et moralisateur, qui confond émancipation de la femme et "chasse aux sorciers" a pris le dessus sur le féminisme libérateur des années 1970!! Dans ce projet de loi mais aussi dans la société! La guerre des sexes plutôt que la lutte de classes!! Heureusement que des féministes comme E Badinter et autres sauvent cette grande tradition progressiste!! Car cette pénalisation ne fera pas reculer, hélas, la prostitution!! Elle ne fera que déplacer le problème (tourisme sexuel), le cacher davantage (cachez ce sein que ne je voie:!) et surtout, le rendra plus dangereux pour les "professionnel (les) comme le craignent la plupart des associations de terrain!.. C'est dommage puisque cette loi a aussi l'avantage d'annuler cette de Sarko de 2003. Bon point pour une fois!! Mais que cette pénalisation est maladroite!!
Entièrement d'accord avec vous monsieur Ducoin (et félicitations encore pour votre prix littéraire, bien mérité!!!)
Claudi
Marie-Madeleine aussi était une pute maintenant c’est une Sainte.
Faut pas désespérer des Salauds ils se convertissent aussi un jour ou l’autre sans besoin de les pénaliser.
Ce texte - courageux et audacieux - de JED est un texte de principe et ça fait du bien de marquer des principes, en ce monde qui en manque tant. Alors merci. Oui à l'abolition, même si ça sera long. C'est tout.
Renée
Un jour viendra où ce texte sera jugé comme visionnaire. Un jour viendra...
la prostituition est acapareé à notre jour dés que le monde ses't le monde . dés qui je suis naive ,pour sodome et gomorre ,sont anti -crist ,e s'existe avante notre ére .pour savoir plus consultes les ptemps des pharaisanique ,e le tombom de la pierre philosophale de grecque .cést marqueé avant lá.
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