mercredi 30 avril 2014

A propos de tremblement

Les controverses sur l’avenir des choix économiques ne traversent pas que les partis politiques et la gauche dans son ensemble. Elles concernent tout le mouvement social...
 
Au fond, que retiendra l’histoire quand, débarrassée des commentaires superflus, seul le bilan politique des actes surgira avec éclat, quand se seront dessinés aux yeux de tous les contours d’une France défigurée, à mille lieues des aspirations populaires? Les débats qui ont secoué la gauche et les rangs socialistes en prélude au vote sur le pacte de stabilité présenté par Manuel Valls, hier, ne sont probablement que les premières secousses d’un tremblement de terre plus vaste, que nous appelons de nos vœux. La farce des quelques annonces homéopathiques censées adoucir le plan d’économies de 50 milliards d’euros, qui ne visait qu’à «construire» un compromis avec sa majorité, n’offrira pas au premier ministre le répit recherché. Ce qui se joue, en vérité, ce n’est pas seulement une fronde que le pouvoir devait coûte que coûte dégonfler, sinon annihiler. Non, c’est bien plus que cela.

samedi 26 avril 2014

Education(s): et vous songez, émus, aux références communes

Quand Jaurès aborde dans un texte étonnant les méthodes éducatives 
de Rousseau.

Émile. Imaginez la scène. Vous vous promenez tranquillement bras dessus bras dessous, vous pénétrez dans un magasin de jouets pour acheter quelques cadeaux à un enfant, là, comme il se doit, vous réfléchissez au sens de votre achat, à quoi il se réfère et surtout à quoi il servira et comment l’enfant l’utilisera – ou non – pour affiner sa réflexion personnelle quand il se retrouvera seul à s’instruire par les yeux ou par les mains, beaucoup plus que par les oreilles, finalement. Saisis de craintes légitimes, vous pensez soudain à l’Éducation, avec la majuscule qui sied à son importance, vous cherchez du réconfort idéologique, alors vous songez, émus, à l’Émile, à Jean-Jacques, aux références communes qui vous ont portés toute votre vie, vous vous remémorez, un instant, le chemin parcouru avec un minimum de sens critique et vous vous dites les yeux dans les yeux que, avec vos progénitures, vous avez fait tout ce que vous avez pu, que c’est déjà formidable et réconfortant, des larmes surgiraient presque malgré vous.

vendredi 25 avril 2014

"Jean Jaurès ne parlait pas comme vous !"

Il y a eu comme de la profanation à voir le président récupérer Jaurès en pareil moment.

S’il faut parfois redonner du sacré au sacré, au moins au nom de la concorde républicaine, il existe, surtout en politique, des gestes et des paroles symboliques qui peuvent porter le meilleur comme le pire, à l’image de ces orages du soir qui réveillent les bontés de la nature mais éteignent les derniers feux du jour. Comment dire notre malaise – et plus encore – après la visite de François Hollande, hier, à Carmaux? Le président se rendait sur les terres du grand homme le jour même où son gouvernement entérinait, avec un cynisme confondant, un plan d’économies et de rigueur qui contredit tout esprit authentiquement de gauche. Hollande lui-même a sûrement mesuré l’écart entre ses pathétiques tentatives d’explications et la réalité vécue. Il a essuyé la colère. Il a été sifflé au pays de Jaurès. Comme si une justice immanente s’abattait sur ses frêles épaules à force d’avoir sacrifié le souffle de l’Histoire sur l’autel du traité Sarkozy-Merkel. Qui aurait cru cela possible il y a deux ans?

mercredi 16 avril 2014

Le sous-Smic de M. Gattaz

Hollande et son premier ministre ont pris l’habitude de ne tendre que l’oreille droite. Pierre Gattaz l’a compris mieux que personne.

Cette fois l’offensive est massive, coordonnée. Non content de triompher sur presque tous les fronts, le président du Medef, Pierre Gattaz, s’est donc prononcé hier pour l’instauration d’un «salaire transitoire inférieur au Smic». Ne voyons là aucune provocation, prenons l’affaire au sérieux. Si le patron des patrons prend le risque de ressortir de la boîte à outils du patronat la vieille idée d’un Smic version Balladur (CIP) ou Villepin (CPE), allant au-delà des seuls jeunes désormais, c’est bien parce qu’il se sent soulevé par les courants d’air porteurs de l’Élysée et de Matignon! Conforme à sa stratégie d’aller plus vite, plus haut et plus fort, Pierre Gattaz veut appliquer à l’économie française la célèbre devise olympique et ne plus se contenter du pacte de responsabilité, qu’il a applaudi des deux mains. Il lui faut maintenant ouvrir la dernière trappe aux bas salaires et casser les derniers vestiges du droit du travail, afin, dit-il, de «faire sauter des verrous» pour «créer 1 million d’emplois en cinq ans»

lundi 14 avril 2014

Rotative(s): l'écrit, toujours l'écrit...

Le journalisme de presse écrite n’est pas devenu une langue morte.

Fonction. Et nous ne nous lasserons pas. À l’idée que le fait, son commentaire et son analyse au regard du monde, vaille parfois droit. À l’idée que l’attitude de vérité à chaque instant impose des sacrifices tels qu’en toute lucidité, donc en toute souffrance, nous trouvions les chemins qui nous permettent de démontrer que rien, absolument rien, n’est jamais intraduisible à condition d’utiliser les bons mots au bon moment. À l’idée, aussi, que l’habitude d’appréhender l’histoire à travers l’actualité comme conception du présent dans l’épaisseur du temps ne signifie pas se transformer en gardien de musée. À l’idée, enfin, que le combat livré par les «écrivants» mérite qu’on s’y attarde et s’y intéresse, non pas seulement en tant que genre, mais en tant que fonction des agrégats humains, à la mesure d’un journal dont le nom même, l’Humanité, donne l’ampleur de l’ambition et la rudesse de la tâche – inlassables insatisfaits que nous sommes… La presse est morte, vive la presse! 

vendredi 11 avril 2014

L'atomisation du Parti socialiste

Les dirigeants aux commandes n’ont pas cherché à faire bouger les lignes en faveur du progrès social, mais ils sont rentrés dans le rang des doctrines dominantes, quitte à passer en force, contre les militants socialistes eux-mêmes, réduits au rôle de spectateurs! 

Le sentiment d’effroi s’avère-t-il parfois pédagogique? Par expérience, souvent douloureuses, nous savons qu’au fil des événements politiques majeurs les classes populaires trouvent leur ressort collectif au détour des accidents de l’histoire, à supposer que nous vivions, en ce moment, un accident d’une telle ampleur pour la gauche dans son ensemble qu’il réclame une réaction à la hauteur de la déception. L’affaire semble se répéter inlassablement et nous serions coupables d’ignorer ce qui ressemble à un éternel recommencement, sauf que, cette fois, l’espérance d’un changement politique exprimé un soir de mai 2012 a viré au cauchemar.

mardi 8 avril 2014

Nous ne Vallserons pas !

Dans son discours de politique générale, le premier ministre a administré une droite à la gauche!
 
Ainsi donc, le premier ministre Manuel Valls a-t-il plaidé, lors de son discours de politique générale, pour «l’apaisement». Chacun aura compris qu’il parlait là, bien sûr, des «sujets de société». Car pour ce qui concerne la doctrine économique et sociale, le nouvel hôte de Matignon, comme nous nous y attendions, s’est non seulement glissé dans les pas du chef de l’Etat mais il a amplifié le mouvement avec sa brutalité désormais coutumière. Incapable de tenir compte du signal d’alarme exprimé dans les urnes lors des municipales, conclu par la débâcle électorale que nous savons, il a méprisé la colère des classes populaires et moyennes, qui se sentent trahies depuis bientôt deux ans, tout en procédant à une série d’annonces qui constituent un véritable choc libéral. Pour reprendre une métaphore pugilistique, nous pourrions dire sans avoir peur de nous tromper qu’il vient administrer une droite à la gauche! Ni plus ni moins... 

dimanche 6 avril 2014

Préoccupation(s): langage de vérité, après les Municipales...

Le pouvoir n'a toujours pas entendu les signaux de détresse d’une France en partie atomisée. Et pendant ce temps-là, le PCF subit des reculs... 

Incontrôlables. Aux âmes, citoyens? Autant la confusion des sentiments nous prête parfois quelque envie d’empathie, autant la confusion des registres, qui tient de la tricherie, nous donne des pulsions colériques et des envies de révolte. Devant les signaux de détresse d’une France en partie atomisée, sachant que pas mal de recours possibles ont été noyés dans le désastre, nous restons stupéfiés par l’absence de lucidité de ceux qui nous gouvernent et de ceux qui les entourent, hypnotisés par le carcan libéralo-européen devenu seconde peau. Bientôt deux ans d’enfer pour ceux qui portent la gauche au cœur, et bientôt deux ans de gestion austéritaire pour ceux qui ont osé affirmer qu’il la défendrait, cette gauche, en mai 2012. Dans les coulisses du pouvoir, depuis le second tour des municipales, la même rengaine: Normal Ier va changer à la marge pour ne rien changer, nous dit-on, car toute son action est désormais dictée par le calendrier européen, l’acceptation du budget de la France par Bruxelles, par exemple, dans quelques semaines.