Ils ne l’avouent pas, mais la feuille de route du gouvernement concernant la loi travail est stupéfiante: une impitoyable et extravagante cure libérale, comme le pays n’en a jamais connue.
Les dangereux, ça ose tout. C’est même à ça
qu’on reconnaît leurs méthodes: la fin justifie toujours les moyens… Le
macronisme n’a ainsi aucune leçon de rouerie à recevoir. Après le flou
tactiquement entretenu avant et juste après la présidentielle, voici donc venu
le moment de l’hypocrisie la plus éhontée. La séquence est presque inouïe,
d’autant qu’elle concerne prioritairement l’avenir du Code du travail, qui
organise la vie professionnelle de près de 30 millions de salariés. À quatre
jours du premier tour des élections législatives, les Français sont au mieux
menés en bateau, au pire pris pour des imbéciles. Depuis des jours et des
jours, Emmanuel Macron et Édouard Philippe rabâchent qu’ils consulteront sans
relâche les syndicats, répétant désormais que 48 réunions sont d’ores et déjà
programmées… Et? Il faut lire la presse et les révélations successives, dans le
Parisien d’abord, puis dans Libération, hier, pour s’apercevoir que l’exécutif
avance masqué, comme les lâches, couteaux dans les poches et sourire aux lèvres.
Rendez-vous compte: nous parlons là d’une loi El Khomri XXL, et nous apprenons
par la lecture de documents émanant du ministère du Travail que les mesures
étudiées vont beaucoup plus loin que les intentions publiquement affichées par
le gouvernement. C’est ça, la démocratie? Taire les intentions réelles, laisser
les électeurs se prononcer à l’aveuglette sur des projets volontairement
indéfinis, avant de s’apercevoir, en septembre, la réalité de la «réforme» en
découvrant le détail des dispositions promulguées par ordonnances? Le procédé
est honteux, indigne!
Le courage de la vérité ne les atteint pas. Ils ne l’avouent donc pas, mais leur feuille de route est stupéfiante: une impitoyable et extravagante cure libérale, comme le pays n’en a jamais connue et qui n’a rien à envier aux pires programmes concoctés par Fillon et le Medef réunis, qui se traduirait par un Code du travail aux mains du patronat, faisant droit à ses revendications les plus abjectes en matière de négociation et de licenciement. Bref, une destruction en règle des droits et protections des salariés. Les Français ont-ils élu ce président pour un tel processus? La méthode en dit long sur l’ampleur des dangers.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 8 juin
2017.]
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