A J-13, il ne s’agit plus seulement d’arithmétique plus ou moins calqué sur les risques aléatoires des logiques sondagières. Autant le dire clairement, nous n’en sommes plus là. Ce qui se passe autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon – au point qu’il soit devenu auprès de quelques grands médias un phénomène reconnu pour sa dynamique et son talent – dépasse de loin sa propre personne et mériterait une analyse sérieuse des soubassements contemporains de la politique. La vague qui semble se soulever offre en effet un espoir nouveau, tandis qu’elle pourrait balayer bien des doutes et des réflexes, à commencer par le célèbre «vote utile». Chacun sait désormais que Mélenchon n’est pas le moins bien placé de ses adversaires pour battre franchement Le Pen en cas de second tour! S’il faut se méfier des sondages, qui brident parfois les votes d’adhésion au profit de votes «utilitaires», ne boudons néanmoins pas notre plaisir du moment. Sachons constater froidement que l’opinion publique frémit, et que ce frémissement provoque la mutation des consciences et l’implication qui va avec. Et si c’était possible ? Oui, réellement? Et si les indécis se disaient eux aussi qu’ils ont à portée de mains la capacité de renverser la table? Et si nous ne rêvions pas ? Les sondages restent l’une des armes des puissants ; pour une fois, utilisons cette force jadis à leur disposition pour la retourner contre eux!
Dorénavant, plus personne ne nie que ce vent porteur modifie en profondeur le sens d’une campagne en pleine ligne droite, ce que nous observons autour de nous quotidiennement. Même Les Echos s’inquiètent du «risque Mélenchon» et des conséquences de son élection «sur les marchés». C’est bon signe, la peur change de camp. Et pour cause. Ce projet en question, qui « fait société » en incluant une révolution citoyenne, n’est pas qu’une affaire technique. Nous parlons là d’une visée, de critères d’évaluations, d’une mise en commun, d’une démocratie d’implication, bref, d’une méthode pour y parvenir autour d’une nouvelle République. Ne l’oublions pas: la bataille d’idées se gagne dans la capacité à mobiliser les familles politiques en leur noyau, et pas sur leur marge. Nous y sommes presque.
[EDITORIAL
publié dans l’Humanité du 11 avril 2017.]
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