Les électeurs grecs sont aux portes d’un changement anti-austéritaire. Le gouvernement Samaras a échoué à faire élire le président de la république héllenique par le parlement. Elections législatives anticipées d'ici un mois.
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Alexis Tsipras. |
Curieux, comme les moments cruciaux de nos démocraties suscitent des interprétations antinomiques. Ce qui se passe en Grèce – pays d’expérimentations devenu champ de ruines – l’illustre de manière assez magistrale. D’ici un mois, donc, des élections législatives s’y dérouleront. Cette perspective d’un nouveau vote populaire a le don de mettre sens dessus dessous l’Europe des puissants, ces derniers n’ayant pas de mots assez durs devant ce qui pourrait advenir, à savoir une victoire de la coalition anti-austérité, Syriza, que tous les sondages, pour l’instant, prédisent. Comme ils sont nombreux, les exécuteurs d’infamies. Comme ils se ressemblent et s’assemblent dans leurs désirs morbides. La raison de leur haine déchaînée ? Selon le Figaro, «Bruxelles et Berlin observent avec attention», car, voyez-vous, «l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir» risquerait «de compromettre les réformes en cours». Le journal de Dassault ne cache pourtant pas la vérité. «Les Grecs ont accepté des sacrifices dont peu d’Européens mesurent la brutalité», si bien que «la troïka des “sauveurs”, Commission, BCE, FMI, a réussi à se rendre aussi populaire que les cavaliers de l’Apocalypse». Bien vu. À un détail près: l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras, le leader de Syriza, qui incarne la résistance démocratique, serait une bonne nouvelle et pourquoi pas un moment crucial de notre histoire, que tous les Européens asphyxiés, tétanisés ou révoltés par les politiques d’austérité devraient saisir telle une chance!
En Grèce comme ailleurs, entre les lignes et les fractures, des poings se serrent, mûris par l’humiliation, l’injustice et la colère sociale. Toutes les forces austéritaires liguées vont se déchaîner pour bloquer le processus démocratique et empêcher que des alternatives crédibles, celles qui les effraient tant, voient concrètement le jour. De la Commission aux marchés, en passant par Merkel et Hollande lui-même, les pressions ne manqueront pas, leur rage sera sans merci. Les Grecs, dont près d’un tiers sont au chômage, détiennent entre leurs mains une partie de notre avenir – pas la moins importante au regard de l’histoire à laquelle ils ont tant donné, et tant sacrifié dans la dernière période.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 30 décembre 2014.]
1 commentaire:
Rien à rajouter merci...meilleurs vœux à vous...
Par: mazingue
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