jeudi 14 juin 2012

Messieurs, Mesdames de l'UMP: taisez-vous !

« Le Front de gauche et le Front national, c’est pareil », disent les ténors de l’UMP. Ils insultent la mémoire du général de Gaulle.

Comme souvent, le secrétaire général de l’UMP aurait mieux fait de ne pas se laisser aller à ses songeries ambulatoires, qui, chez lui, ne produisent que de la pensée «pour les nuls». Réagissant à la décision gouvernementale, prise hier, de plafonner à 450 000 euros annuels les rémunérations des dirigeants des entreprises publiques, Jean-François Copé a qualifié «d’extrêmement hypocrite» ce dispositif, ajoutant, toujours «pour les nuls», qu’il singe décidément bien: «On fait semblant de régler les problèmes. C’est dans 
la catégorie “morale ostentatoire” pour dissimuler ce qui est 
moins moral. Pour moi, réduire les injustices, c’est permettre aux Français de gagner plus.» Même rengaine, mêmes mots. Travailler plus pour gagner plus, moraliser le capitalisme… Le CD était tellement rayé que les Français l’ont éjecté. Il serait temps que monsieur Copé s’en aperçoive.

Oui, la vie publique a besoin d’éthique, d’exemplarité, et les mandataires sociaux doivent être les premiers à enclencher le début d’un cercle vertueux dont on souhaite, ne le cachons pas, qu’il aille beaucoup plus loin. Rappelons-nous que, sur ce sujet et bien d’autres, les socialistes viennent de loin. Sans la campagne du Front de gauche et son idée d’imposer une échelle des salaires de 1 à 20, jamais le gouvernement Ayrault n’aurait inscrit à son agenda le sort des entreprises publiques. Encore un effort, 
et bientôt même la question des salaires des patrons du CAC 40 ne sera plus taboue !
D’autant que 75% des Français se disent favorables à un salaire maximum, dont 58% parmi les sympathisants UMP, eux aussi écœurés devant l’obscénité de certaines fiches de paie, pouvant aller jusqu’à 200 ou 300 fois le Smic! Mais à quoi peuvent correspondre ces rémunérations insensées? Copé et ses affidés n’ont visiblement pas les mêmes valeurs. Occupés qu’ils sont à commenter le tweet de Valérie Trierweiler (qu’elle coupe définitivement son compte !), les ténors de l’UMP semblent avoir trouvé une parade idéale pour éviter de s’expliquer sur les alliances dites ou non dites scellées un peu partout avec le Front national, préfigurant la recomposition souhaitée par Le Pen…

Nous le pressentions avant la présidentielle, mais c’est sûr. Les dernières digues ont lâché et l’argumentation principale pour laisser faire ou légitimer cette attitude devrait donner la nausée à tout citoyen ayant appris l’histoire sur les bancs de la République! «Le Front de gauche et le Front national, c’est pareil.» Voilà ce qu’affirment les UMPistes pour repousser toute interrogation sur l’attitude à adopter face aux candidats d’extrême droite. Jean-François Copé et Nadine Morano n’ont même pas hésité à dresser un parallèle entre Minute et l’Humanité… Vous avez bien lu! Que les futurs-ex-sarkozystes maltraitent l’histoire, nous en avions l’habitude. Mais qu’ils en viennent à nier leur propre mémoire et celle du général de Gaulle, avec comme aboyeurs les Juppé, Raffarin, Fillon ou Kosciusko-Morizet, excusez du peu!
Quelques membres du Conseil national de la résistance.
Messieurs, Mesdames, taisez-vous ! À force de vouloir marier de force les militants du Front de gauche avec Marine Le Pen, vous insultez l’homme du 18 Juin et par la même occasion les ministres de son premier gouvernement, en 1944, parmi lesquels figuraient des communistes. Ces hommes ont sorti la République d’où 
le pétainisme et l’extrême droite l’avaient laissée pour morte : dans la nuit noire du nazisme. Quant à vouloir mettre dans le même bain «extrême» le journal de Jaurès avec le torchon xénophobe et fascisant Minute, le procédé est si odieux, lui aussi, que leurs auteurs auront à 
en répondre devant les Français – et personne d’autre.

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 14 juin 2012.]

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