jeudi 29 mars 2012

"Phénomène" Mélenchon: et la rivière est un fleuve...

Le Front de gauche est une force sans mur ni barrière : pourquoi lui fixer des limites ?
«La rivière est sortie de son lit et, quoi qu’il arrive, elle n’y rentrera pas de sitôt.» Nous n’exprimerons pas mieux que Jean-Luc Mélenchon lui-même ce que nous ressentions, mardi soir, après le meeting géant du Front de gauche, à Lille. Ceux qui, connaissant la topographie des lieux, ont vu cette foule investir le Grand Palais, n’en finiront pas de raconter la joyeuse ampleur de cet événement populaire et l’empreinte qu’il laissera lorsque nous aurons tous le même appétit pour tenir ouvert le registre de la mémoire. Des milliers de personnes agglutinées à l’intérieur et à l’extérieur d’une salle qui n’en était plus une, débordant sur les parvis, dans les rues, dépassant en nombre l’imagination des organisateurs eux-mêmes, stupéfiant jusqu’aux policiers présents sur place, contraints, par la force des choses, d’admettre qu’il y avait au moins «20.000 personnes»… Vous avez bien lu.

Ce qui se déroule sous nos yeux perlés d’émotion n’est pas un mystère indéchiffrable. Ce n’est ni par hasard ni par effraction que la dynamique du Front de gauche et l’excellence de son candidat repoussent les frontières auxquelles nous nous heurtions depuis si longtemps et devant lesquelles certains se résignaient.
À Lille comme ailleurs, de réplique en réplique, il faut voir pour le croire l’ambition politique et combative et suggestive de tous ces êtres humains constitués en assemblée, venus là, mains ouvertes, pour poursuivre ensemble le long et beau travail collectif, tous dressés vers un unique objectif d’à-venir: que l’insurrection civique, dont le déclenchement symbolique fut la re-prise de la Bastille, ne s’arrête pas avec le printemps. En tournant la page des humiliations subies, ces citoyens ne marcheront plus seuls. Ils ne l’oublieront jamais. Non seulement leurs idées progressent vite, très vite, mais les puissants et les gestionnaires savent désormais qu’une partie 
du peuple leur refuse le droit de penser à leur place…
Mardi 27 mars, à Lille. Des milliers de personnes ne peuvent entrer dans le Grand Palais...
Nous en avions l’intuition, voici les preuves: l’insurrection a débuté. Les observateurs auraient tout intérêt à reconnaître qu’un phénomène populaire submerge la campagne. Certains le font. Mais pas tous. Hier, cherchant dans leurs petites têtes d’éditocrates 
de quoi créer du buzz, certains n’ont retenu du meeting de Lille que les mises au point de Jean-Luc Mélenchon à l’égard du socialiste Jérôme Cahuzac – qui méritait cent fois d’être tancé publiquement pour son irrespect et ses airs supérieurs! «Changement de stratégie», ont répété nos pitoyables penseurs. Qu’ils se le disent: Jean-Luc Mélenchon et les dirigeants du Front de gauche ne se tromperont jamais: il y a une différence de taille entre les concurrents (les socialistes) et les adversaires (la droite et son extrême). Pour autant, cela n’empêche pas d’affirmer, comme l’a fait Pierre Laurent à Lille: «Nous ne sommes pas la voiture-balai du PS, nous sommes en train de devenir la locomotive de toute la gauche!» Cette vérité semble en effet en déranger plus d’un: depuis que le Front de gauche progresse, le rapport droite-gauche se rééquilibre en faveur… de la gauche, pardi !

Alors? Regardons bien. Regardons tous 
ces citoyens devenus propagateurs d’idées et d’arguments. Regardons-les se hisser, s’agrandir, se nourrir les uns les autres pour habiter fraternellement une nouvelle République. Regardons ce mouvement d’espoir qui défie l’imaginaire… Que cela plaise ou non, le Front de gauche est une force sans mur ni barrière: pourquoi lui fixer des limites? La rivière est un fleuve. Déjà.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 29 mars 2012.]

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Et maintenant 15%. Deux solutions désormais: ou ça monte encore jusqu'au premier tour et tout est possible, ou ça se tasse d'ici une semaine et ça n'aura été qu'un feu de paille électoral - avant un vrai 3e tour "rouge".

Anonyme a dit…

Eva Joly a déclaré ne pas avoir « la même idée de la liberté démocratique » que Jean-Luc Mélenchon, « qui soutient la Chine contre le Tibet, Chavez et le régime castriste ».

Rectificatifs : J-L. Mélenchon est contre une guerre civile (perdue d’avance) pour amputer la Chine d’un quart de son territoire et la priver de ses ressources en eau, il n’est pas « castriste » (il réclame, comme l’ONU, la levée du blocus), il refuse de qualifier de dictateur le président élu du Venezuela, l’homme aux 15 victoires électorales (sous contrôle international) dans un pays où les médias sont à 80% d’opposition et où il n’y a pas de prisonnier politique (pas même les journalistes qui organisèrent le coup d’Etat d’avril 2002).

http://www.legrandsoir.info/

Anonyme a dit…

Joly utilise donc la propagande de l'élite américaine et européenne qui ne pense qu'à aider les riches et les banques au lieu des gens, qui dit qu'elle fait les invasions, l'impérialisme et les guerres, non pas pour exploiter le monde comme elle le fait, non, mais "pour faire répandre le modèle économique saint des EU". Un peu déçu là par Joly, elle et EELV sont donc ensemble avec l'élite des EU (et l'UE) dans sa lutte pour dominer le monde. Parce qu'évidement Mélenchon et le Front de Gauche ne soutiennent pas la Chine contre le Tibet et clairement leur programme n'est pas celui de Chavez ou celui du régime castriste, mais ils soutiennent le principe de la souveraineté et donc la Chine, le Venezuela et Cuba dans leur résistance à l'élite américaine et européenne et sa chasse aux richesses des autres pays, parce que ce n'est pas à une élite d'imposer leur politique en faveur d'une petite minorité. Et c'est juste un soutien du principe de souveraineté, donc une Chine qui rompt avec ce principe ne trouve pas de soutien chez Mélenchon et le Front de Gauche. Mais pour construire un nouveau monde, il faut en finir avec la dominance de l'élite américaine et européenne dans le monde.

Joly croit donc VRAIMENT que la guerre en Libye, la guerre en Iraq, la guerre en Afghanistan, c'était pour promouvoir la démocratie avec des bombes ? Alors qu'on peut se demander où il en est avec la démocratie quand l'Italie n'a pas eu le droit de choisir son gouvernement, quand le PS grecque est ensemble avec l'extrême droite au gouvernement pour mener une politique pour les banques et les riches ?

Je peux comprendre l'argument de Poutou, qu'il veut promouvoir le fait qu'il est ouvrier, je peux comprendre Arthaud (même si sa position paraît préjugée, je m'imagine que c'est comme ça qu'ils raisonnent dans LO), mais Bendit et Joly - pas du tout. C'est donc clair qu’EELV n'a rien d'écologique, mais est ensemble avec des grandes compagnies pétrolières qui ont soutenu la guerre en Libye etc. pour pouvoir venir après et exploiter ces pays (et non comme veut le faire croire la propagande "pour la démocratie"). Quelle honte ! Je ne sais pas qui entre le PS et EELV qui me dégoute le plus...

Anonyme a dit…

"(...) Jérôme Cahuzac dans Le Monde du 28 mars : « François Hollande a choisi, lui, de ramener le rythme de progression, en volume, de la dépense publique, de 1,7 % l'an ces dernières années, à 1,1 %. Avec des hypothèses de croissance assumées, cela diminuera la dépense publique de 2,6 points de PIB en 2017, soit une économie de 50 milliards d'euros. » (...) Chacun sait donc désormais à quoi s'en tenir quant au programme d’austérité du candidat socialiste. Et si vous n'avez pas bien compris, lisez encore Cahuzac : « Pour annuler le déficit public en 2017, il faut un effort de 4 à 5 points de PIB [produit intérieur brut] dans la mandature. Nous y sommes prêts. » « 4 à 5 points de PIB » représentent entre 80 et 100 milliards d'euros. Puis Cahuzac explique en quoi consiste l'austérité selon Hollande en prenant un exemple concret : « Clairement, cet objectif interdit la création nette de postes dans la fonction publique d'Etat pendant le prochain quinquennat ». " Source blog de JL Mélenchon

Anonyme a dit…

La fondation Terra Nova proche du ps conseille a ses dirigeants de laisser tomber les couches populaires parcequ'elles ne votent plus et de racoler vers les couches moyennes. Manque de bol avec le Front de GAUCHE le populo est de retour

Anonyme a dit…

Qu'est ce qu'on est bien dans ce système néo-libéral ! Nous allons pas tout de même le mettre par terre!

Les 4 millions de chômeurs, les 8 millions au seuil de pauvreté, les vieux avec 600€ par mois et une centaine de millardaire et c'est tellement formidable

Si ce nest pas Sarkozy , continuons le meme systeme avec le centre gauche .C'est tellement rejouissant !

Tout souhait de changement , Toute lutte est dangereuse , inutile , utopique !!!

Nous allons pas tout de même changer ce systeme sacre !!.
Votons Sarko , Hollande , DSK , Berlusconi , Merkel , Bush , Santrom , Palin , c'est tellement reconfortant .!!!!