Ridicule. «Si tu ne supportes pas la chaleur, sors de la cuisine», disait Churchill. Voilà exactement ce quoi nous songions, l’autre soir, devant notre petite lucarne. Avouons que les moments d’allégresses télévisuelles sont trop rares pour les passer sous silence. Comme nous tous, vous avez donc vu Marine Le Pen se ridiculiser – c’est peu dire – à la télévision. Ne tournons pas autour du pot: aviez-vous déjà assisté à semblable scène? Et aviez-vous déjà vu fifille-nous-voilà dans une posture aussi grotesque, limite bouffonne? Dans l’émission Des Paroles et des Actes, sur France 2, l’héritière de papa-nous-voilà de Montretout a joué la fidèle «semi-démente» du clan, n’utilisant jamais sa «bonne moitié», pour, finalement, refuser l’opportunité d’un vrai face-à-face avec un adversaire et pas n’importe lequel: Jean-Luc Mélenchon. Pas au mieux de sa forme, Le Pen, qui n’a toujours pas compris que la politique, en certaines heures, était une chose trop sérieuse pour vouloir jouer dans la cour des grands. Car à ce petit jeu-là, pardonnez-nous, Jean-Luc Mélenchon ne boxe décidément pas dans la même catégorie. Qui en doute désormais?
Avez-vous remarqué, depuis deux mois environ, très exactement depuis que le Front de Gauche a lancé sa grande offensive contre elle, à quel point Le Pen est à la peine? Comme si sa bulle (essentiellement médiacratique) résistait peu à la confrontation brutale. Comme si quelque chose se dégonflait enfin. Preuve, l’attitude apeurée de fifille-nous-voilà sur le plateau de France 2, qui préféra la dérobade (visible) et le mépris (limite ordurier) aux règles élémentaires du débat démocratique en pleine ferveur électorale. Une vraie débandade. Pour le père, l’indignité de Brasillach. Pour la fille, la fuite à Varenne. Ou comment le Front de Gauche, grâce à cinq mots d’ordre, réussi le tour de force à renvoyer le FN dans les cordes: résistance, dénonciation, argumentation, reconquête, castagne.
Ouvriers. Et puisque certains petits bonheurs n’arrivent jamais seuls, voilà qu’un sondage est venu confirmer notre intuition. Alors que Le Pen essaie de se poser en candidate des classes populaires, cette enquête TNS Sofres montre casse les idées reçues. Pour 35% des sondés, c’est en effet Jean-Luc Mélenchon qui «défend le mieux les ouvriers», arrivant devant François Hollande (30%), François Bayrou (16%), et loin devant Marine Le Pen (10%). Mais ce n’est pas tout. Contrairement à tout ce que vous entendez du matin au soir à la télévision ou sur les radios, si les ouvriers devaient voter aujourd’hui ce sont François Hollande (31%) et Jean-Luc Mélenchon (25%) qui arriveraient largement en tête de leur suffrage. Malgré le mur du silence, malgré son aspect «anti vote utile» qui en dérange plus d’un, la percée du candidat du Front de Gauche est définitivement l’un des événements des dernières semaines. Chacun de ses actes est analysé, chacune de ses paroles disséquée. Ainsi, à en croire Rue 89, il convenait «absolument» de lire «l’interview la plus intéressante de la semaine» donnée au magazine La Vie. L’ancien enfant de choeur Mélenchon y évoque la foi, cette «brûlure» qui «vous laisse des marques que vous gardez toute votre vie» et peut «vous ouvrir les yeux sur une dimension du réel matériel auquel vous n'auriez jamais pensé». Mélenchon poursuit: «Les gens qui ont la foi se situent dans un espace comparable au mien, dans un domaine plus grand que soi. J'ai plus de facilité à parler avec des chrétiens qu'avec des traders! (…) De tous les hommes qui composaient ma section socialiste à la fin des années 70, j'étais le seul mécréant!»
Histoire. S’il se définit comme «matérialiste», Jean-Luc Mélenchon confesse qu’il n’hésite pas à citer «saint Martin qui partage son manteau» pour mieux l'opposer aux «chrétiens des croisades de madame Le Pen». Pourquoi croit-il, comme Mitterrand, aux forces de l’esprit? Parce que «chacun possède un tribunal de sa conscience où se trouvent les êtres qu'il a aimés et qui ne sont plus là». Lui qui aimerait tant «pouvoir éteindre» lui-même «la lumière» à l’heure de sa mort, se déclare par ailleurs «croyant, mais pas pratiquant» en franc-maçonnerie: «J'ai le sentiment d'appartenir à une longue histoire, à laquelle avaient pris part mon père et mon grand-père.» A la lecture de ces mots, d’autres nous vint à l’esprit. «La formule républicaine a su admirablement ce qu'elle disait et ce qu'elle faisait; la gradation de l’axiome social est irréprochable. Liberté, Égalité, Fraternité. Rien à ajouter. Rien à retrancher. Ce sont les trois marches du perron suprême. La liberté c'est le droit, l'égalité, c'est le fait, la fraternité, c'est le devoir. Tout l'homme est là.» Ca aurait pu être du Mélenchon. C’est du Victor Hugo.
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 2 mars 2012.]
(A plus tard...)
3 commentaires:
Quand on regarde Mélenchon à la télé, on est obligé de reconnaître qu'il est de loin le plus brillant de tous.
Reconnaitre qu'il est vulgaire sournois faux et surtout dangereux !!!!
Dangereux, vous avez raison, car il fait surtout peur par sa culture, son intelligence, son élocution. Il suffit de voir la blonde dans l'émission des paroles et des actes pour s'en apercevoir!!
Difficile lorsque le pois chiche à remplacé le cerveau et qu'il ne tourne qu'aux carburant xénophobe.
Qui est le plus sournois?? celui qui affiche son programme (chiffré) ou celui qui le délivrera la veille des élections? et qui de plus se sert de fait divers macabre pour se la jouer petit père protecteur!!!
Vulgaire vous avez dit vulgaire comme le casse toi pauv c.....?
Je crois qu'il y a matière à réflexion non?
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