mercredi 25 mai 2011

Espagne : révoltes d'à-venir ?

Tandis que «l’affaire DSK» continue de tweeter l’actualité en rendant hystériques les éditocrates au moindre gazouillis provenant de la résidence du 71, Broadway, à New York, où se sont installés des dispositifs médiacratiques surréalistes, la vie des peuples ordinaires continue avec les difficultés que l’on sait, plus que jamais menacée et précarisée par les décisions d’austérité du FMI et de l’Union européenne. Car pendant qu’on nous occupe à autre chose, la vraie vie se poursuit et avec elle, implacablement, la catastrophe sociale progresse chaque jour un peu plus. En Grèce, où l’économie a reculé de 7,4% en un an. Au Portugal, où la saignée s’annonce dramatique. En Espagne, où les électeurs viennent de s’exprimer, mais où, surtout, vient d’émerger un mouvement de fronde aussi jeune qu’enthousiasmant…

«Si vous nous empêchez de rêver, nous vous empêcherons de dormir!» Les cris de cette r-évolution citoyenne de la jeunesse espagnole tonnent dans le ciel européen comme une bonne nouvelle. Une sorte de soulèvement d’un nouveau genre a ainsi pris corps un peu partout en Espagne et jusqu’au cœur symbolique de Madrid, sur la Puerta del Sol, sous la forme d’un campement permanent comme nous le vîmes de l’autre côté de la Méditerranée. Un tournant majeur? À en croire le nombre de manifestants, fédérés par les nouveaux réseaux générationnels, tout porte à le croire. D’autant que la déroute électorale des socialistes, au profit d’une droite revancharde (alors que communistes et progressistes de la Gauche unie progressent dans tout le pays), n’atténue en rien la détermination des Indignés : ils ont reconduit le mouvement visant à dénoncer le contexte social désastreux. En cause, un taux de chômage exponentiel (21%), qui frappe essentiellement les jeunes : 45% des moins de vingt-cinq ans… Sans parler bien sûr des bas-salaires, qui forment l’essentiel des salariés actuels. C’est donc la jeunesse ultra-précaire qui se lève. Pour la première fois depuis le début de la crise financière en 2007, le précariat entre sur la scène politique en Europe!

Deux questions légitimes. L’événement 
peut-il avoir une saveur historique? Et puisque le cas espagnol dépasse de loin le strict contexte électoral et ses résultats pour le moins ambivalents, cette démonstration citoyenne aura-t-elle valeur d’exemple? Les mots d’ordre sont en effet sans ambiguïté. Ils disent le ras-le-bol général qui découle de la mauvaise gestion de la crise, ils rejettent les banques et la corruption, mais également les grands partis politiques et le gouvernement, accusé d’avoir aveuglement opté pour une politique d’austérité inefficace et impopulaire. «Vous prenez l’argent, nous prenons la rue !» Les Espagnols en mal d’à-venir montrent le chemin de l’insurrection pour se dresser contre le pillage des banksters du FMI, de l’UE et de la BCE, qui se servent de la Grèce comme d’un cadavre exposé sur un gibet pour intimider les autres peuples européens. Seulement voilà, la rébellion espagnole s’étend d’ores et déjà au-delà des frontières : des rassemblements se déroulent devant les ambassades d’Espagne à Londres, à Bruxelles, à Rome, à Paris…

À ce propos. Et si les jeunes Français, qui ont montré le bout de leur nez lors du mouvement social sur les retraites, prenaient le relais ? Ils rappelleraient que, actuellement, un certain Nicolas Sarkozy préside le G20 et devrait proposer très bientôt sa propre ministre de l’Économie pour diriger le FMI, afin de remplacer celui qu’il avait personnellement placé à Washington…

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 24 mai 2011.]

(A plus tard...)

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je compte participer à la Prise de La Bastille dimanche à Paris, mais par mes propres et personnelles convictions. Parce qu'être "indigné" c'est d'abord rejeter des modèle de sociétés déjà connus, déjà essayé, qui n'ont été qu'une marche de plus vers un échec mondial. Que ce soit Nicolas Hulot, les Verts et consort, les partis de gauche et d’extrême gauche, le PS, le Centre, la droite et j'en parle pas l’extrême droite..... tout cela est un échec aujourd'hui et maintenant. C'est la société de demain que nous construisons aujourd'hui pour la jeunesse. Et sur la Porta del Sol, et France dès ce soir, ou ailleurs dans le monde occidental, cette jeunesse attends autre chose, et ils ont raison. Mais si l'Huma, le NPA,le PC, Le PS Libé etc... s'empare de cette révolution, c'est la mort d'une réelle démocratie, alors arrêtez de vouloir utiliser la voix de la jeunesse à des fins de politiques internes.Et d'abord, nettoyer devant votre porte. PS: j'ai 51 balais, mon avenir et derrière moi ! !

Anonyme a dit…

La majorité des Français élevés dans la culture de la peur de l'autre sont bien incapables de comprendre ce qu'il est en train de se produire en Espagne.

Anonyme a dit…

nfin du rêve ! et quelle fraicheur après la DSK storie !
c'est a partir de ce type de rêves que les choses bougeront !
que d'espoirs ds ces ''rassemblements'' !
et pas étonnant que ceux ci essuient déjà des tirs de barrage et de la dénégation de tout ces biens pensants ! ouvrons un peu les yeux et les oreilles

Anonyme a dit…

Le temps est beaucoup favorable pour que la jeunessse se libére ders contraintes liées aux illusions des réformes ou des mesures dites d'accompagnement pour les demandeurs d'emploi et les diplomés arrivants sur ce marché de merde. Tout ce que font les gouvernements de l'Europe se réduit à une chose simple ! Gérer leur crise en attanquant les droits fondamentaux acquis. Il ont commencé par attaquer le maillon faible de la société, celui de l'immigration et des issus de l'immgration, comme le faisait Guéant de France, et après, ils vont passer directement au reste de la population. C'est du génocide social. Ils se trompent.

Anonyme a dit…

Vous verrez que les jeunes vont reculer. Et en France, ces mouvements ne prendront pas, tout cela va vite s'essouffler et chacun retournera chez soi pour regarder sa télé-télé... Nous sommes entrés dans l'ère du chacun pour soit et de l'égoisme, les jeunes en sont l'incarnation. Les Tunisiens et les Egyptiens ont des leçons à donner à notre jeunesse !!!

Anonyme a dit…

Au moins les jeunes espagnols ont le mérite de prendre le taureau par les cornes car la corrida politicarde a assez duré! après le printemps arabe il faut espérer que l'été européen va avoir lieu car il faut que les peuples européens se réveillent...oui, l'avenir devra être ré-écrit PAR et POUR la jeunesse puisque les plus vieux leur ont confisqué le pouvoir! comment accepter que la soit-disant démocratie française comme les autres libéralocraties européennes(gauche libérale et droite même monstruosité)demandent aux jeunes de voter à 18 ans et les laissent dans le même temps dans une misère noire en ne leur procurant aucun revenu pour vivre? (on est même plus dans la vie mais dans la survie chez les jeunes!) c'est de l'homicide social volontaire! une nation qui abandonne ses enfants ne mérite plus le nom de démocratie tout simplement! UN JEUNE SANS TRAVAIL NI REVENU EST UN JEUNE EN DANGER, L'INSECURITE SOCIALE ET ECONOMIQUE EST LE 1ER FLEAU (ce que nos gouvernants appellent insécurité pour masquer le VRAI problème...)de nos sociétés modernes.PAT