dimanche 22 mai 2011

Antoine Blondin et… Laurent Fignon, honorés à Saint-Germain-des-Prés

L'écrivain Antoine Blondin, mort il y a 20 ans, a été célébré durant tout le week-end, à Paris, lors d’un Festival organisé à Saint-Germain-des-Prés, le quartier où il vécut et dont il fut l'une des célébrités - pas seulement accoudé aux zincs. Ce Festival autant festif (sic) que littéraire et journalistique était intitulé «Singe Germain», clin d'oeil au roman d'Antoine Blondin Un singe en hiver, passé à la postérité grâce au film éponyme d'Henri Verneuil, avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. Durant deux jours, expositions, concerts et compétitions sportives «détournées» (re-sic) ont animé le quartier devant une foule de badauds étonnés mais plutôt coopératifs.

Jeune journaliste (très jeune même, puisqu’en juillet prochain je participerai à mon 22e Tour de France), j’ai croisé l’Antoine cinq ou six fois dans ma vie, dont deux fois longuement lors de repas absolument mémorables qui ne ressemblaient en rien à des beuveries aveugles et stupides, mais nous embarquaient dans un monde poétique et surréaliste jusqu'aux petits matins (fallait être solides)... Blondin en figure tutélaire? Chroniqueur de la Grande Boucle vingt-sept fois pour le quotidien sportif L'Equipe, l'écrivain (1922-1991) avait en effet imaginé une étape qui passerait à Saint-Germain, son antre, son fief. Et puisque «l’homme descend du songe», les organisateurs du Festival de ce week-end avaient donc prévu de réaliser une étape fictive du Tour passant dans les rues de Saint-Germain, au fil d’une boucle d'environ un kilomètre et demi que les participants ont emprunté quinze fois.

Vincent Barteau (maillot jaune).
Samedi 21 mai, toute l’après-midi, ce fut aussi l’occasion pour tous les amis de Laurent Fignon de rendre un hommage au double vainqueur du Tour, disparu il y a neuf mois après avoir lutté contre la maladie. Plusieurs équipes composaient ce peloton insolite: d'anciens coureurs cyclistes, des compagnons de route de Laurent Fignon, des miss France…. Autour de Valérie Fignon, qui, elle aussi, a enfourché le vélo en mémoire de son mari, j’étais aux côtés de Cyrille Guimard, Bernard Hinault, Alain Bondue, Joop Zoetemelk, Jean-Marie Leblanc, Christian Prudhomme, Vincent Barteau, et bien d'autres, ainsi que de quelques journalistes (rares) ou de personnalités. Imaginez, même Yvette Horner avait fait le déplacement: elle n’a - hélas - pas sorti son légendaire accordéon, mais, néanmoins, elle n’a pas hésité à prendre place dans l’une des voitures suiveuses, comme au temps de sa gloire sur les routes de juillet, soutenu joyeusement par notre confrère et coorganisateur Jean Cormier, plus truculent que jamais…

Cyrille Guimard (toujours en tête).
Dimanche 22 mai, changement de décor (encore que). Le traditionnel «marathon des leveurs de coude» a été organisé, comme depuis 24 ans. Le principe? Une vingtaine d'équipes, réunissant des sportifs, des journalistes, des chefs et des germanopratins de tout poil ont fait escale 42 fois dans les cafés du quartier pour y boire à chaque fois un «taste-vin» (2 à 3 cl). Le matin, Un singe en hiver avait été projeté dans la crypte de l'Eglise Saint-Sulpice. Choc des lieux. Choc des émotions. Choc des époques. Comme les ultimes visions d'un monde qui s'évapore.
Aux dernières nouvelles, la fête se poursuivrait tard, ce dimanche, dans la soirée. Que certains se rassurent, personne n’a officiellement osé reprendre le volant. Pour une fois que je me suis senti un peu germanopratin, moi, j'ai pris le métro... Blondin et Fignon méritaient bien une sortie de route, douce, rêveuse et mélancolique.
Vive le vélo ! Même de moins en moins nombreux, vive le vélo ! Plus que jamais, vive le vélo !

(A plus tard…)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh oui, JED, vive le vélo, vive le vélo, dernière trace encore perceptible d'un monde à la fois festif (la preuve) et familiale (au sens de l'amitié et de la fidélité).
MERCI JED

Anonyme a dit…

Mince, un peu de cyclisme, même différent, ça fait un bien fou. Mais pourquoi cette initiative n'a pas été annoncée partout, y compris dans l'Huma ? Pourquoi ? On aurait voulu y aller, nous aussi...

Anonyme a dit…

SIC : je ne suis pas vélo, plutôt moto suiveuse, mais je suis blondin voire audiard....alors SIC et RE-SIC et à la santé de vos z'amours littéraires et vélocipédiques Mr le chronicoeur (ce terme est de vous...)! un commentaire léger était le bienvenu car l'actualité - y compris avec la mort de coureur cycliste récemment- est tellement anxyogène... ça fait du bien... Merci. PAT