mardi 8 juin 2010

Justice : le peuple est-il de trop pour Nicoléon ?

Sous le règne de Nicoléon, il faut décidément s’attendre à tout. Après les menaces contre les juges d’instruction, qui ont occupé le monde si difficile à déchiffrer de la justice durant des mois, le législateur, pris de frénésie incontrôlée (pléonasme) sous la férule du Palais, annonce cette fois son intention de supprimer le jury populaire en première instance des Cours d’Assises. En découvrant cette information et après en avoir vérifié le « sérieux » (sic), un vent de colère s’est échappé de nous...

On voudrait couper le dernier lien solide – que nous imaginions inaliénable – entre les acteurs judiciaires et les citoyens, on ne s’y prendrait pas autrement… Ce n’est pas seulement une hérésie, c’est une injure à l’idée que nous nous faisons de la République héritée des Lumières et Révolutions, dont l’esprit, s’il a oscillé au fil des IIIe, IVe et Ve République, a quand même fini par se structurer autour de quelques piliers fondamentaux !

Que se passe-t-il, encore, dans la tête de l’exécutif au point d’inciter un groupe de travail à moitié fantôme à en venir à cette proposition scandaleuse ? Pour se convaincre de l’indignation quasi générale, il suffit de citer Philippe Bilger, avocat général près de la Cour d’appel de Paris, qui ne passe pas pour un magistrat au couteau entre les dents… L’homme s’interroge en ces termes : « Dans quelles têtes ont pu germer ces élucubrations, alors que l’époque, le climat et l’analyse des pratiques démontrent plus que jamais que la participation du peuple à la justice criminelle a eu des effets bienfaisants aussi bien sur le plan technique que démocratique ? » Et l’avocat général, très en colère, d’ajouter : « Il n’y a pas d’exemple d’une évolution qui retirerait au peuple un pouvoir qui lui a été dévolu quand le contraire - mêler les citoyens aux magistrats - a représenté une avancée qu’on aurait souhaité irréversible. » On ne saurait mieux dire.

Dans cette affaire, digne d’une nouvelle provocation pour tous les personnels de Justice, il convient de balayer rapidement toutes les explications plus ou moins techniques sur l’âge du capitaine ou la lenteur des instructions, etc. Les raisons sont idéologiques, dogmatiques – et on sait d’où elles viennent. On appelle ça une étape supplémentaire sur le long chemin de la régression républicaine...

Soyons sérieux : Nicoléon méprise le peuple. Il veut donc supprimer toutes les prérogatives du peuple ! Et l’éliminer progressivement de toutes les instances où il peut encore siéger, dire son mot, avoir une quelconque influence sur le cours des choses… On peut parler de dérives antidémocratiques. Et comme chacun le sait, ce ne sont pas les premières. A se demander si, tant qu’on y est, l’idée d’une justice d’exception – aux ordres du monarque-élu bien sûr – ne sera pas bientôt à l’ordre du jour…

Citons une dernière fois Philippe Bilger : « La cour d’assises est le dernier lieu où le lien entre le citoyen, le magistrat et l’avocat non seulement tient bon mais s’affermit. C’est l’unique espace où, pour demain, peut s’élaborer un modèle à la fois démocratique, humain et compétent. C’est là que peut-être réside l’ultime chance de restaurer une confiance entre la société et ses juges. »

La Cour d’Assises siège au nom du peuple français.
Pour une raison simple : elle est le peuple.

Posons une question : symboliquement, un pouvoir qui s’attaque autant au peuple est-il encore légitime ? Même le général De Gaulle, dont on fête bientôt le fameux Appel et qui, pourtant, n’avait rien d’un démocrate très ouvert à la « société civile », aurait eu son idée sur la question…
La République a décidément des ennemis de l’intérieur. Et vous savez quoi ? L'un a été élu - aisément - au suffrage universel...

(A plus tard...)

9 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adhère à l'idée que les jurys populaires sont probablement une bonne chose pour la culture civique... Il a été bien décrit comment le président actuel méprise (ou déteste) la population... Maintenant, à titre personnel, je suis assez opposée à la comparaison Napoléon-Sarkosy, encore que Napoléon 3, selon les descriptions de Victor Hugo, corresponde assez. Mais je pense que Napoléon 1er a quand même apporté quelques points positifs à l'histoire de France (Conseil d'Etat..). Il n'a pas directement nié la Révolution Française. Il aimait la France, grande différence avec le pouvoir actuel. Et je pense donc au final que la comparaison de M. Sarkosy avec Napoléon est trop flatteuse, au regard de ces éléments.
Elu au suffrage universel, avec l'aide du mensonge universel, on dirait...

colvert a dit…

Le monarque actuel essaie d'instaurer une véritable monarchie absolue hériditaire, répressive et totalitaire
sans la participation réelle ou la libre expression des citoyens.
Il rêve d'éliminer toutes les institutions républicaines et de casser la sépar&tion constitutionnelle des pouvoirs:
exécutif-judiciaire et législatif :" L'État c'est moi":-(
Ah ça ira,ça ira, ça ira....

Anonyme a dit…

trite epoque,voyage en dictature

dominominus a dit…

"L'Etat c'est Lui" pille l'Etat du Peuple Français.

Jean-Emmanuel Ducoin a dit…

Précision.
Nicoléon, contraction entre Nicolas et Napoléon, est une expression que j'utilise dans mon bloc-notes depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007. Ce néologisme volontairement provoquant trouve en effet ses origines plus du côté de Napoléon III que de Bonaparte. La référence à Victor Hugo est explicite... et volontaire.
JED

Anonyme a dit…

La création des jardins de Versailles en 1661 demande un travail gigantesque. D’énormes charrois de terre sont nécessaires pour aménager les parterres, l’Orangerie, les bassins, le Canal, là où n’existaient que des bois, des prairies et des marécages. La terre est transportée dans les brouettes,et posée en amas. Les tas c'est moi!! Dit Le Nôtre à Louis XIV lors de la visite du chantier.

Anonyme a dit…

Le sarkozysme est une idéologie très cohérente en réalité ; il s'agit d'affaiblir tous les contre-pouvoirs pour que soit renforcée la domination de l'oligarchie en place ; c'est une mesure éminemment anti-démocratique

rivage a dit…

Depuis sa campagne de 2007 sarko- léon (je n'aime pas trop ces néologismes qui, d'un certain coté, rendent l'homme un peu trop sympathique) est un authentique despote. Sa campagne transpirait la haine du peuple et de la république. Cet homme est un dangereux pré-autoritariste (pour ne pas dire totalitaire, antichambre des despotes et reconnaissance suprême des dictateurs). Pour 2012 espérons que la gauche présentera, non pas un programme, car un programme ca se lis, et ensuite se jette à la poubelle, non parlons d'un contrat envers la Nation. Un véritable engagement sans pouvoir de retrait, paraphé par «l’ensemble » de la gauche. Espérons-le, oui espérons le tous, très fortement.

Dietrich13 a dit…

Vous trouverez sur mon blog des révélations inédites sur les véritables motifs des mafieux qui nous gouvernement du verrouillage de la justice, les raisons dissimulées de la suppression de la Haute Cour de justice habilitée de juger aussi, comme ne 1944, les complices des membres du gouvernement complotant contre la sûreté de l’État par « l’attentat à son régime constitutionnel de la démocratie égalitaire » (art. 86 c.pén.) d’une « coalition de fonctionnaires concertant contre les lois ». La légitime défense politique étant en France un droit fondamental garantie par la constitution. (Voir le blog). Il y en a eu qui en ont fait usage et a qui les prévaricateurs faussaires ont refusé de se faire acquitter par les assises en les envoyant chez les fous avec leurs dossiers justificatifs des démonstrations académiques irréfutables, jamais démenties. Voilà aussi pourquoi on a renforcé par la loi nouvelle les pouvoirs des psychiatres en silence médiatique absolue, pour en pas en faire des émules. Bonjour les dégâts. Que diriez-vous si on commence par réprimer la délinquance de haute vole de la gente de bel air qui nous gouverne par le recel des capitaux sales du crime organisé dans toutes les domaines en corrompant nos institutions judiciaires, policières et fiscales par le trafic d’influence, la corruption, la subornation, des assassinats (des juges, ministres et députés même) et violences psychologiques exercées sous l’égide des escroqueries judiciaires en chaîne par des magistrats prévaricateurs récompensés par des décorations, des avancements, des pots de vin... ? comme je le démontre amplement sur mes blogs de 9 pages: « Dietrich13.wordpress.com. » Diplôme des Études approfondis de Droit privée de l’Université Sorbonne-Panthéon de Paris. Certificat des Études universitaires des Sciences pénales et de Criminologie.