A tous ceux qui n'auraient pas eu la chance de découvrir l'article du Monde consacré à mon pamphlet sur Lance Armstrong (éditions Michel de Maule), et à la demande générale, voici dont l'intégralité de ce papier publié dans la rubrique "le Livre du Jour", samedi 11 juillet 2009:
LE LIVRE DU JOUR
L'indésirable du Tour de France
C'est un portrait taillé à l'Opinel, des mots dégoupillés qui explosent à chaque page, un livre qui veut mettre à terre un cycliste admiré sur les cinq continents. Un pamphlet qui annonce le retour du "néant de la route" au "dédain suffocant" qui ne sait vendre que "du fantasme de masse". Dans Lance Armstrong, l'abus! (éditions Michel de Maule), Jean-Emmanuel Ducoin ne cache pas son dégoût de revoir sur le Tour de France , le septuple vainqueur, après plus de trois années de retraite pour "réenfourche(r) la monture des sacrilèges".
Dans ce brûlot, l'auteur sort - un instant - de son rôle de journaliste, de commentateur froid et distant. Ce rédacteur en chef à L'Humanité a choisi de dénoncer un Armstrong qui n'a pas "écrit une ligne de la légende puisqu'il en a raturé sa définition même". Ducoin a couvert tant d'éditions de la Grande Bouche qu'on pourrait le confondre avec un ancien coureur. Il a vu le Texan grandir et modifier l'ADN poétique du Tour en un vulgaire Power Point.
Dans le fond, l'Américain a quitté, comme la plupart des sportifs, l'espèce humaine, transformé en rat de laboratoire. Tels sont ses mots. "La vérité ? Jadis les dopages étaient dérisoires, les exploits considérables. Depuis vingt ans, les dopages sont considérables, les exploits dérisoires. Voilà tout. N'y revenons plus."
Ducoin ne s'attarde pas sur les traces d'EPO trouvées dans les urines d'Armstrong, en 1999, lors du premier Tour victorieux du coureur cycliste, mais il retrace avec justesse les raisons du "come-back" : sa lutte contre le cancer et sa Fondation au fonctionnement trouble, la complicité des instances internationales du cyclisme et d'Amaury Sport Organisation, propriétaire du Tour...
Ducoin n'est pas un anti-Armstrong : il est juste amoureux du Tour de France, mélancolique d'un temps où la sueur et la souffrance étaient la plus belle des récompenses. Ducoin n'est pas haineux, mais défend son "patrimoine" dénaturé par un "impérialiste de l'après-Reagan".
Certes l'auteur perd volontairement de son objectivité, mais il reste journaliste. Il révèle que, lors du Tour 2003, "les proches d'Armstrong avaient fait acheminer des poches de sang, préparées à l'avance, dans un lieu inviolable : le consulat des Etats-Unis, à Bordeaux !" Jean-Emmanuel Ducoin n'accepte plus "qu'on pisse une fois encore sur le prestige de Coppi et d'Anquetil". "Armstrong, go home !", clame-t-il tel un général de Gaulle du braquet. Un livre dédié "au cycliste inconnu".
MUSTAPHA KESSOUS
1 commentaire:
Je ne suis pas lecteur du Monde, mais voilà une reconnaissance pour Ducoin, qui fait plaisir à lire. C'est un honneur pour lui et pour l'Humanité et cela salue un travail d'ensemble formidable. Nous sommes fiers !
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