mardi 20 décembre 2016

Le 12 janvier: la sortie de mon prochain roman

"Rue de la République": voici le titre de mon prochain roman (380 pages), qui sortira aux éditions Anne Carrière le 12 janvier prochain, dont le "personnage" principal est la ville de Saint-Denis. Ce roman est publié chez le même éditeur que pour "Bernard, François, Paul et les autres", mon précédent livre, publié en juin 2015, pour lequel j'ai obtenu le prix Louis-Nucéra.

Voici le résumé des éditeurs:
"Aminata Bakayoko est femme de ménage. C’est elle qui va découvrir, lors d’une nuit de travail, le corps d’un suicidé, Jean-Michel Gayet, cadre sup chez Orange. Gayet laisse derrière lui, outre une note incendiaire, sa femme, Emmanuelle, directrice du cabinet du maire de Saint-Denis. Emmanuelle est l’ancienne maîtresse de Paul Kerjean, un journaliste qui n’a pas baissé les bras devant l’injustice et qui est l’ami de Jean Valmy, le flic chargé de l’enquête. Ce qui les réunit, c’est la ville de Saint-Denis, cette mal-aimée cosmopolite, à la frontière physique et économique de la capitale, avec son Stade gigantesque, ses 40 % de logements sociaux et son taux de chômage de 22 %. Une ville que les médias aiment résumer en quelques formules lapidaires, comme « émeutes », « voitures brûlées » et « islamistes », quand les terroristes mettent Paris à feu et à sang. 
Dans ce tendre et palpitant roman choral, c’est bien à cette ville de Saint-Denis que l’auteur rend hommage. S’emparant de tous les sujets d’actualité, il déploie son intrigue pour nous offrir un grand roman populaire qui nous fait passer du plus beau côté du miroir, celui où les hommes et les femmes de toutes les couleurs, de toutes origines, ne veulent pas se laisser réduire à des gros titres racoleurs, mais vivent, saignent, aiment et se mélangent pour former un tableau qu’on pourrait tout simplement intituler « le peuple »."
Pour en savoir plus, et partager le lien:
http://www.anne-carriere.fr/ouvrage_rue-de-la-republique-jean-emmanuel-ducoin-305.html

lundi 19 décembre 2016

La bataille des idées

Les chocs successifs des politiques cul par-dessus tête, dont François Hollande fut le dernier avatar, offrent la possibilité d’un vaste débat pour l’émergence d’une République sociale, protectrice et ambitieuse.
 
Par principe, sinon lucidité, méfions-nous des vagues de sondages, qui ne disent qu’imparfaitement la photographie du moment, sans jamais prévoir ni le futur réel, ni les évolutions d’une société très éruptive par temps de crises. Néanmoins, depuis l’élection triomphale de François Fillon comme leader de la droite extrême, quelque chose dans le climat politique et social nous informe plutôt positivement sur ce que les citoyens ne veulent pas. En moins de trois semaines, plusieurs enquêtes d’opinion le confirment: les perspectives de l’ultra-ordo-libéralisme inquiètent. Et pas qu’un peu. Dans un sondage Elabe, plus de 80% se déclarent opposés à la baisse des dépenses publiques, 90% quand il s’agit des dépenses de santé, 89% pour les retraites ou la sécurité, 86% pour l’éducation… Dans un sondage Odoxa, 61% refusent la privatisation de La Poste. Dans un sondage Ifop, pas plus tard qu’hier matin, seulement 28% des électeurs souhaitent que Fillon soit élu en 2017, alors que 72% pensent qu’il a eu raison de retirer (qui le croit?) sa proposition sur la réforme de la Sécurité sociale. Sans parler de cette étude réalisée par la sociologue Anne Muxel, «Generation What?», sur les jeunes de 18 à 34 ans : 62% affirment être prêts à «participer à un grand mouvement de révolte», tandis que 93% clament que «c’est la finance qui dirige le monde»… Quel est le trait commun à tous ces sondés? Leur attachement à la solidarité républicaine, constitutive du modèle social qui est le nôtre, du moins ce qu’il en reste… 
 

jeudi 15 décembre 2016

Hystérisation(s)

Quand Macron-la-finance, dans son premier meeting de campagne, confond charisme et hurlements.
 
Que dit l'hystérie verbale ?
Rhétorique. De certaines images politiques affleure souvent la démesure grandiloquente, sinon grotesque, des personnages qui les incarnent, comme la signification symbolique de notre époque. À quelques mois d’échéances électorales majeures «perdues d’avance», beaucoup pensent la gauche en déroute, qu’elle ne sait plus où elle va ni comment. Soit. Encore conviendrait-il de savoir de quelle gauche nous parlons. Dans la séquence actuelle, où les bonnes âmes consacrent à longueur d’antenne «l’union pour survivre» face à la droite extrême de François Fuyons et l’extrême droite de Fifille-la-voilà, la tentation faible des médias dominants et des «penseurs de gôche» tenant chroniques un peu partout consiste à encenser –la forme comme le fond d’ailleurs– le premier discours de Macron-la-finance. Le cirque du «petit prodige» transformé en «homme providence» recommence, alimenté par la rhétorique de l’ancien ministre de l’Économie lors de son meeting, porte de Versailles. Partant de l’adage intellectuel qui consiste à dire que plus nous nous crions haut et fort moins nous avons de choses sincères à exprimer, la harangue surréaliste du candidat d’En Marche!, prisonnier d’une exaltation surjouée jusqu’aux ultimes mots prononcés, se révèle une authentique plongée dans la supercherie des communicants, qui nous ont habitués à l’aspiration par le vide. Qu’avons-nous vu en vérité? L’ex-ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a-t-elle tort en affirmant que les envolées de Macron-la-finance ressemblaient aux prêches vitaminés du personnage campé par Leonardo DiCaprio dans le film le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese? Confondre à ce point charisme et hurlements, art oratoire et hystérisation de son propos, a quelque chose de confondant sinon d’inquiétant.

vendredi 9 décembre 2016

Social-démocratie(s)

Les sociaux-démocrates, en tant que genre, ont disparu. Ils se sont dissous eux-mêmes.

Déroute. Prenons le risque d’une phrase que nous regretterons peut-être un jour: la social-démocratie n’existe plus. Après tout, les civilisations s’éteignent parfois, pourquoi pas les grands courants de pensée, puisque leur existence dans le temps long tient plus aux hommes qui les transmettent qu’à leur importance dans l’histoire, fut-elle singulière et grandiose. La social-démocratie s’apprend déjà dans les manuels, comme certaines langues mortes. Dont acte. Les sociaux-démocrates, eux, en tant que genre, ont disparu, ils se sont dissous eux-mêmes, laminés par les Delors, Blair, Schröder, Renzi, Hollande, Valls et tous les autres en Europe, qui, à leur échelle mais avec une obstination mortifère, ont oublié en chemin que « leur » social-démocratie dont ils se revendiqu(ai)ent avait été fondée historiquement –quoi qu’on en pense– sur la défense réformiste de la classe ouvrière, avant de la transformer en une simple et brutale force d’accompagnement du libéralisme. Aux orties, les vulgates marxistes et socialistes qui servaient de tronc commun à l’idée d’un parti de masse transfrontalier ayant connu, dans le nord du continent en particulier, de beaux succès pour repenser et inventer une contre-société plus protectrice, s’inspirant quelquefois de ce qui fut, en France, une référence absolue, à savoir le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) et toutes ses déclinaisons. Oubliées, la solidarité de masse et l’égalité partout, au profit d’une «modernisation» synonyme de reniements. Le choix stratégique, presque ontologique, depuis la guerre froide, se résume ainsi: tous ces partis, depuis les années 1960, ont progressivement adopté une orientation réformiste, sans rompre avec le capitalisme, contrairement aux partis communistes. Le SPD allemand fut le premier, puis vinrent les partis scandinaves, puis britanniques, etc., gagnant la Grèce avec la déroute idéologique du Pasok, et enfin la France, peu à peu, jusqu’à l’atomisation presque totale du Parti socialiste depuis le règne de Normal Ier…

mercredi 7 décembre 2016

Une lettre à La Poste

Ce qui se passe depuis quelques années chez le «premier employeur de France après l’État» n’est pas seulement inquiétant, mais révoltant,

La souffrance au travail, vous connaissez? La destruction progressive des conditions d’exercer son métier dans les règles de l’art, les pressions, la précarisation, la subordination, la sauvagerie de la concurrence et du chacun-pour-soi, la rentabilité à tous les échelons, les mobilités forcées, la fixation d’objectifs irréalisables, l’atomisation de tout esprit de corps… Sachez-le: partout sur le territoire, quels que soient l’endroit et les spécificités locales, les postiers n’en peuvent plus. Et ils le clameront haut et fort, aujourd’hui, lors d’une mobilisation syndicale nationale et unitaire qui s’annonce de très grande ampleur, jusque devant le Sénat où se déroulera un débat sur l’avenir de l’entreprise à l’initiative des sénateurs communistes. Signalons que ce mouvement social, assez inédit, possède en lui toutes les clés du succès dans la mesure où il réunit les salariés, les syndicalistes, les usagers et une multitude d’élus. Et pour cause. Ce qui se passe depuis quelques années chez le «premier employeur de France après l’État» n’est pas seulement inquiétant, mais révoltant, et nous rappelle ce que connurent et vivent les salariés d’Orange. De restructurations en compressions, la réalité s’avère en effet d’une cruauté extrême: stress, ambiance délétère, conditions de travail en dégradation accélérée, rapports alarmants des médecins du travail, managements cruels, harcèlement… et même suicides.

samedi 3 décembre 2016

Idéologique(s): courage Fuyons

«Il n’y a pas de victoire sans victoire idéologique», répète François Fuyons…

Tendance. Quand les malins de l’ordre économique et de la morale dominent, il devient vital de s’interroger, prendre l’empreinte du paysage. La victoire «surprise» et «écrasante» de François Fuyons, l’homme lige de la réaction traditionaliste, «devenu tendance» au fil des semaines, nous instruit autant sur lui que sur le moment que nous vivons au pays des grands retournements. L’ex-premier ministre de Nicoléon a toujours été catholique assidu, libéral conservateur dans la ligne dure, très méprisant à l’endroit de ceux qui pensent la société dans ses bouleversements familiaux et «sociétaux»: à en croire les commentateurs, longtemps ce positionnement conformiste et figé dans l’ardeur d’une vieille-France-rance l’a «handicapé», le rendant même «inaudible» et carrément «démodé». Mais par quel miracle ce type étriqué de Sablé-sur-Sarthe, où les Fuyons possèdent leur manoir, a-t-il réussi à écraser toute la droite jusqu’à incarner cet homme-programme providentiel qui, censément, ferait fuir n’importe quelle personne de bonne volonté, fût-elle gaulliste ou du centre droit ? Son directeur de campagne, Patrick Stefanini, qui fut le chef d’orchestre machiavélique du triomphe, répond simplement: «Est-ce que c’est lui qui a changé? Non. C’est le monde qui a bougé.» Ce serait donc l’époque qui accréditerait cet ultradroitier doublé d’un ultralibéral. Que doit-on comprendre? Que les mutations de notre société, au lieu de nous projeter, nous tirent vers l’arrière? Est-ce si évident? François Fuyons le pense. Comme en témoigne sa conclusion face à Alain Juppé: «Il n’y a pas de victoire sans victoire idéologique.» Tous ses proches confirment. Cette phrase, ils l’ont entendue des centaines de fois dans sa bouche, depuis des années. Victoire idéologique?

Air France: justice des puissants

Dans l’affaire dite « de la chemise arrachée », trois salariés écopé de trois ou quatre mois de prison avec sursis, dix autres d’amendes. Ces condamnations sont scandaleuses!

Dans quel pays vivons-nous? En général, les décisions des tribunaux devraient être des moments de consolidation de la République dans ses fondations les plus essentielles, habitée qu’elle est, censément, par la justice et l’égalité de traitement. Vous connaissez la formule, rabâchée par les pouvoirs successifs: «On ne discute pas les décisions de justice.» Non seulement nous pouvons les commenter, mais nous sommes même en droit de les contester vivement quand elles viennent heurter nos consciences et témoignent de marques d’infamies et d’injustices insupportables. Voilà notre devoir de citoyen. Or, au lendemain de ce qui s’est noué au tribunal de Bobigny, tous les citoyens un peu instruits du dossier disposent d’arguments solides pour exprimer leur indignation devant le jugement rendu dans l’affaire dite «de la chemise arrachée», en octobre 2015, au siège d’Air France. Trois salariés ont en effet écopé de trois ou quatre mois de prison avec sursis, dix autres d’amendes. Les deux seuls relaxés de cette «affaire», solidaires de leurs collègues, ne nous démentiront pas: ces condamnations sont scandaleuses! D’autant que le président du tribunal en personne a reconnu que les images utilisées comme preuves contre les manifestants, venus contester les orientations de leur direction, ne pouvaient «être qu’interprétables»…

Livre: le stade suprême des artistes

Sport & cinéma, de Julien et Gérard Camy.
Éditions du Bailli de Suffren, 650 pages, 59 euros.

«Le sport est un phénomène de civilisation tellement important qu’il ne devrait être ni ignoré ni négligé par la classe dirigeante et les intellectuels.» Pier Paolo Pasolini savait de quoi il parlait. Et s’il préférait les tribunes des stades – et leurs infinies métaphores sociologiques et sociales – aux ambiances parfois électriques de ses propres tournages, il n’imaginait pas que la mémoire populaire, qui a élevé celle du sport comme du cinéma, célébrerait un jour deux des passions de sa vie. Les auteurs de Sport & Cinéma, Julien et Gérard Camy, père et fils, n’ont pas choisi par hasard de glisser, en exergue, cette citation du grand écrivain et réalisateur italien. Elle résume à elle seule l’état d’esprit et l’ambition de ce livre monumental, unique en son genre, qui réconcilie enfin, dans un même ouvrage, l’art sportif et le 7e art. Presque six cents pages de texte et d’images pensées «comme une discussion d’après-match ou un débat d’après-séance» qui visent «à regarder ces films de sport différemment», écrivent les auteurs. Sous notre regard éberlué, défile ainsi plus d’un siècle d’histoire entre le sport et le cinéma, avec ses hauts et ses bas, au fil de centaines de films de fiction, les plus grands, les plus rares, les plus sensibles, de chefs-d’œuvre référencés en nanars mémorables. Rien ne manque, dans cette espèce d’anthologie des corps et des esprits. Une fresque de plus de 1000 films, au prix de plusieurs années de visionnage…