La République que nous voulons s’inscrit résolument dans une redéfinition de la cohésion sociale : les services publics en sont constitutifs…
À chaque moment de l’histoire, ses combats. Et son dû. Ces temps-ci, dit-on assez à quel point les salariés de la fonction publique sont au bout du rouleau, confrontés aux sous-effectifs, à la multiplication des CDD, à la flexibilité toujours accrue, aux contraintes de la sacro-sainte «rentabilité», avec son cortège de dépressions et de suicides, sans parler de tous les secteurs concernés par les «privatisations rampantes»? Victimes du talon de fer austéritaire du quinquennat sarkozyste et de sa meurtrière RGPP, les fonctionnaires espéraient du changement. Huit mois après l’élection de François Hollande, ils attendent. Ce jeudi, ils exprimeront donc leurs revendications à l’occasion d’une journée d’action nationale. Les motifs ne manquent pas. Jour de carence en cas d’arrêt maladie ; salaires ; indices ; précarités ; statuts menacés, etc. Pour les fonctionnaires aussi, ça craque!
Originellement, la notion même de service public constitue l’un des remparts essentiels de la République contre le chacun pour soi, les inégalités, les divisions. Pilier de la cohésion sociale, les services publics ont même servi d’amortisseur «spécifiquement français» depuis le début de la crise. Paradoxe. Alors que la paupérisation de la population augmente à une vitesse exponentielle et que la fonction publique, au sens large, devrait se renforcer pour réduire les fractures béantes d’un pacte social en voie d’atomisation, c’est le contraire qui se produit. Au royaume globalisé de la prospérité pour les financiers et de la rigueur pour les salariés, les valeurs du bien commun sont-elles encore une priorité? Le gouvernement va devoir répondre.
jeudi 31 janvier 2013
mercredi 23 janvier 2013
Mordillat: «Humour guerrier raillant les vils rois de la thune»
Dans son nouveau film, "le Grand Retournement", adapté en alexandrins classiques d’une pièce de Frédéric Lordon, Gérard Mordillat raconte magistralement la crise financière, la Bourse qui chavire, l’appétit des banquiers et l’État, haï, appelé à la rescousse. L’entretien donc avec le réalisateur. Est en alexandrins pour notre grand bonheur...
-Comment vous est venue l’idée d’adapter la pièce
de Frédéric Lordon?
Jacques Weber, Jacques Pater, Franck De La Personne, Jean-Damien Barbin. |
-Comment vous est venue l’idée d’adapter la pièce
de Frédéric Lordon?
D’un Retournement l’autre à peine publié,
J’ai appelé l’auteur et je l’ai supplié
De n’en céder les droits, hormis moi, à personne.
Lors, Frédéric Lordon m’a dit : «Je te les donne.
Fais-en, comme Cocteau, un objet difficile
À ramasser : un film !» Et qui nous désopile,
Tout en nous instruisant. La gageure était belle,
Le défi passionnant. Il fallait des rebelles
Pour oser l’aventure : des acteurs impliqués,
Des techniciens hors pair… tout semblait compliqué.
Un film alexandrin sur la crise mondiale
Fait peur aux producteurs : ce n’est pas commercial.
Bravo, Véra Belmont, d’avoir cru au projet!
De n’avoir pas tremblé à cause du sujet.
Merci Baer et Weber, Morel et tous les autres.
Si j’incarnais Jésus, vous seriez mes apôtres!
Eric Boyer: «D’autres langues vont se délier»
Article invité: par Eric Serres.
Entretien avec Eric Boyer, ex-manager de l’équipe cycliste Cofidis, aujourd’hui soutien de la candidature de l’Américain Greg LeMond à la présidence de l’Union cycliste internationale. Il décrypte la séance d’aveux télévisés de Lance Armstrong.
Les aveux de Lance Armstrong vous ont-il surpris ?
Éric Boyer. Non ! Depuis les révélations du rapport de l’Usada (agence américaine de lutte contre le dopage), il était sous la pression de l’opinion publique. Il était impossible de ne plus croire qu’il ne s’était pas dopé. Armstrong a été suspendu à vie, il n’a plus de palmarès. Tout s’est écroulé autour de lui. Ses sponsors l’ont lâché, sa fondation est en mauvaise posture depuis les révélations, des procès vont être en cours. Il a compris qu’il était temps pour lui de s’exprimer sur ce qu’on lui reprochait, ne serait-ce que pour rebondir dans le business, redonner un sens à sa vie. Mais je ne suis pas dupe.
Entretien avec Eric Boyer, ex-manager de l’équipe cycliste Cofidis, aujourd’hui soutien de la candidature de l’Américain Greg LeMond à la présidence de l’Union cycliste internationale. Il décrypte la séance d’aveux télévisés de Lance Armstrong.
Eric Boyer. |
Éric Boyer. Non ! Depuis les révélations du rapport de l’Usada (agence américaine de lutte contre le dopage), il était sous la pression de l’opinion publique. Il était impossible de ne plus croire qu’il ne s’était pas dopé. Armstrong a été suspendu à vie, il n’a plus de palmarès. Tout s’est écroulé autour de lui. Ses sponsors l’ont lâché, sa fondation est en mauvaise posture depuis les révélations, des procès vont être en cours. Il a compris qu’il était temps pour lui de s’exprimer sur ce qu’on lui reprochait, ne serait-ce que pour rebondir dans le business, redonner un sens à sa vie. Mais je ne suis pas dupe.
lundi 21 janvier 2013
Un an après le discours de Hollande au Bourget: le temps passe vite...
Sans un nouveau rapport de forces, le changement ne sera pas au rendez-vous.
«Vivre, c’est s’obstiner à achever un souvenir.» Les mots de René Char eux-mêmes traduisent-ils assez notre perception de la situation actuelle? L’art suprême de la politique est, dit-on, celui de la maîtrise du temps. Reconnaissons que, depuis le 6 mai dernier, le temps passe vite. Si vite, qu’il semble égrener, tel un sablier, la mémoire cruelle de nos ressentiments, sans jamais en atténuer les souvenirs… Pensez donc. Bientôt neuf mois que François Hollande a été élu, et, demain, ses électeurs se rappelleront non sans émotion et beaucoup de regrets qu’il y a toujours juste un an le même homme prononçait son plus fameux discours de campagne. Celui du Bourget.
C’était le 22 janvier 2012. Et nous entendions ceci: «Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance.» Et puis cela: «Nous devons montrer nos armes.» Dresser le bilan d’un discours comme s’il s’agissait d’un anniversaire peut paraître déplacé. L’affaire est au contraire fondamentale.
«Vivre, c’est s’obstiner à achever un souvenir.» Les mots de René Char eux-mêmes traduisent-ils assez notre perception de la situation actuelle? L’art suprême de la politique est, dit-on, celui de la maîtrise du temps. Reconnaissons que, depuis le 6 mai dernier, le temps passe vite. Si vite, qu’il semble égrener, tel un sablier, la mémoire cruelle de nos ressentiments, sans jamais en atténuer les souvenirs… Pensez donc. Bientôt neuf mois que François Hollande a été élu, et, demain, ses électeurs se rappelleront non sans émotion et beaucoup de regrets qu’il y a toujours juste un an le même homme prononçait son plus fameux discours de campagne. Celui du Bourget.
Un an déjà... |
Les mots d'Armstrong, entre pardon, trahison et déraison
Quelques extraits des propos de l'ex-septuple vainqueur du Tour chez Oprah Winfrey.
L’AVEU. «OUI.» Sa réponse à l’animatrice américaine qui lui demandait s’il avait pris des substances interdites durant ses sept victoires dans le Tour de France (1999-2005). «À mon avis, NON.» Sa réponse lorsqu’il est lui est demandé s’il est humainement possible de remporter sept Tours de France consécutifs sans se doper. «Se doper faisait partie du boulot.» «Mon cocktail c’était l’EPO, les transfusions et la testostérone.»
LA FAUTE. «Je ne veux pas accuser quelqu’un d’autre. Les décisions, c’est moi qui les ai prises. Elles sont de ma faute. (…) C’est l’histoire d’un gars qui se sentait invincible, qui entendait qu’il l’était et qui le croyait profondément. Je n’aime pas ce gars.»
LA TRAHISON. «Les gens ont le droit de se sentir trahis. Et c’est de ma faute. (…) Mais, moi je vais passer le reste de ma vie à essayer de regagner leur confiance et à m’excuser auprès» d’eux.
L’AVEU. «OUI.» Sa réponse à l’animatrice américaine qui lui demandait s’il avait pris des substances interdites durant ses sept victoires dans le Tour de France (1999-2005). «À mon avis, NON.» Sa réponse lorsqu’il est lui est demandé s’il est humainement possible de remporter sept Tours de France consécutifs sans se doper. «Se doper faisait partie du boulot.» «Mon cocktail c’était l’EPO, les transfusions et la testostérone.»
LA FAUTE. «Je ne veux pas accuser quelqu’un d’autre. Les décisions, c’est moi qui les ai prises. Elles sont de ma faute. (…) C’est l’histoire d’un gars qui se sentait invincible, qui entendait qu’il l’était et qui le croyait profondément. Je n’aime pas ce gars.»
LA TRAHISON. «Les gens ont le droit de se sentir trahis. Et c’est de ma faute. (…) Mais, moi je vais passer le reste de ma vie à essayer de regagner leur confiance et à m’excuser auprès» d’eux.
dimanche 20 janvier 2013
Valeur(s): non, la trahison n'est pas la condition suprême du pouvoir
Le fric avant la République ; l’égoïsme avant la solidarité ; la fuite plutôt que la patrie. Drôle de séquence politique au pays de Normal Ier...
Normal Ier. «La guerre est une chose trop sérieuse pour qu’on puisse imaginer qu’elle n’est que tactique politique.» D’un coup de langue, l’un des proches de Normal Ier a clos la conversation pourtant informelle. Elle s’était bien mal engagée avec l’un des interlocuteurs, qui persistait à affirmer qu’«aucun cap n’était clairement fixé» par l’exécutif et que la «politique de compromis» ne pourrait «jamais réussir» dans une «nation» comme la France «successivement jacobine, bonapartiste, gaulliste» et finalement «toujours dans l’illusion prérévolutionnaire» et que, selon lui, la ficelle d’une guerre «était un peu grosse pour ressouder les Français». Chacun se demandait où voulait en venir ce provocateur lamentable. Sauf à oublier qu’il s’agissait d’un journaliste du Figaro…
Solution. Jusque-là, le débat avait conservé pour périmètre les décisions économiques et sociales. Au détour d’un désaccord sur la fiscalité, la question des «valeurs» était même venue s’inviter autour de la table. Pourquoi pas. Il fallut d’abord écouter les élucubrations de quelques ultralibéraux assez droitiers, faisant l’éloge des frontières tout en défendant les caprices des élites atteintes de financiarisation globalisée, avant que le nom de Depardieu soit de nouveau prononcé. Nous n’en sortons pas. C’est alors qu’un conseiller de Normal Ier a tenté de justifier le «report dans le temps» de la taxe à 75%, car trouver une «solution juridique pour faire payer les riches» n’était finalement «pas si simple». La bonne blague.
Normal Ier. «La guerre est une chose trop sérieuse pour qu’on puisse imaginer qu’elle n’est que tactique politique.» D’un coup de langue, l’un des proches de Normal Ier a clos la conversation pourtant informelle. Elle s’était bien mal engagée avec l’un des interlocuteurs, qui persistait à affirmer qu’«aucun cap n’était clairement fixé» par l’exécutif et que la «politique de compromis» ne pourrait «jamais réussir» dans une «nation» comme la France «successivement jacobine, bonapartiste, gaulliste» et finalement «toujours dans l’illusion prérévolutionnaire» et que, selon lui, la ficelle d’une guerre «était un peu grosse pour ressouder les Français». Chacun se demandait où voulait en venir ce provocateur lamentable. Sauf à oublier qu’il s’agissait d’un journaliste du Figaro…
Solution. Jusque-là, le débat avait conservé pour périmètre les décisions économiques et sociales. Au détour d’un désaccord sur la fiscalité, la question des «valeurs» était même venue s’inviter autour de la table. Pourquoi pas. Il fallut d’abord écouter les élucubrations de quelques ultralibéraux assez droitiers, faisant l’éloge des frontières tout en défendant les caprices des élites atteintes de financiarisation globalisée, avant que le nom de Depardieu soit de nouveau prononcé. Nous n’en sortons pas. C’est alors qu’un conseiller de Normal Ier a tenté de justifier le «report dans le temps» de la taxe à 75%, car trouver une «solution juridique pour faire payer les riches» n’était finalement «pas si simple». La bonne blague.
samedi 19 janvier 2013
Renault: mais de quelle ligne rouge parle-t-on?
Les dirigeants de Renault menacent les syndicats
de fermer un site s’ils ne signent pas l’accord. Un chantage inqualifiable.
Comment les dirigeants d’une entreprise française détenue à 15% par l’État, avec un gouvernement socialiste, peuvent-ils se comporter de la sorte? Très franchement, cette question risque de hanter tous ceux qui refusent toute forme de résignation et gardent
au fond du cœur le sens du bien commun et le goût
pour les affaires publiques… On dit des requins de la finance qu’ils n’ont ni foi ni loi, autre que celle du profit. Un jour, on dira peut-être de Carlos Ghosn, le patron de Renault, qu’il n’aura été qu’un de ces serviteurs zélés capables de brader l’un de nos fleurons nationaux sur l’autel de la rentabilité. L’annonce d’une réduction de 7.500 postes d’ici à 2016, soit 17% des effectifs, n’est pas seulement une douche froide pour les salariés concernés, c’est également un coup de tonnerre dans un paysage industriel dévasté. Après Peugeot et ses 11.000 postes sacrifiés, Renault entre dans la danse macabre. Celle des sorties de route programmées.
Le cynisme des dirigeants de l’ex-Régie pourrait figurer au palmarès du genre. Les syndicalistes ont en effet appris cette terrible saignée en plein milieu de la sixième réunion de négociation sur la compétitivité. Ça ne vous dit rien? Quelques jours à peine après la signature entre le Medef et la CFDT qui entérine les «accords compétitivité» pour «éviter les licenciements», Carlos Ghosn applique à la lettre l’impitoyable logique du texte: un moyen de restructurer à bon compte. N’y voir aucune coïncidence. Pour tester la flexibilité, le constructeur, membre actif de l’UIMM, a joué les éclaireurs. Et pour le Medef, il a servi de cheval de Troie.
Carlos Ghosn. |
Le cynisme des dirigeants de l’ex-Régie pourrait figurer au palmarès du genre. Les syndicalistes ont en effet appris cette terrible saignée en plein milieu de la sixième réunion de négociation sur la compétitivité. Ça ne vous dit rien? Quelques jours à peine après la signature entre le Medef et la CFDT qui entérine les «accords compétitivité» pour «éviter les licenciements», Carlos Ghosn applique à la lettre l’impitoyable logique du texte: un moyen de restructurer à bon compte. N’y voir aucune coïncidence. Pour tester la flexibilité, le constructeur, membre actif de l’UIMM, a joué les éclaireurs. Et pour le Medef, il a servi de cheval de Troie.
mercredi 16 janvier 2013
Les aveux d'Armstrong: trop tard, Lance, trop tard...
L'ex-septuple vainqueur du Tour se met à table. Comment taire sa frustration que cette confession vienne si tardivement...
Les larmes n’y changeront rien – les regrets non plus… Le «oui je me suis dopé», de Lance Armstrong, accompagné, face caméra, de quelques sanglots peut-être sincèrement assumés, restera bien sûr dans l’histoire du sport quand les images seront diffusées, ce jeudi, sur la chaîne américaine CBS. Dans le genre mélodrame façon showbiz, Oprah Winfrey sait y faire. Bien d’autres avant le Texan sont passés sur le divan de l’animatrice starifiée. Les douleurs de l’enfance ; le parcours tout en vigueur d’un enfant battu par l’un de ses supposés «pères» ; et puis la genèse d’un caractère hors du commun, capable de vaincre un cancer qui aurait dû le terrasser, mais capable aussi d’imposer dans le peloton un ordre mafieux, par le mensonge coopté par tous (ou presque) et l’appétence du pouvoir absolu.
Trop tard, Lance, trop tard! S’il faut se réjouir que l’ex-septuple vainqueur du Tour ait enfin avoué avoir triché, comment ne pas comprendre qu’il s’est soumis à la pression de ses proches et des membres de sa fondation contre le cancer, Livestrong, au bord du gouffre. Et comment taire sa frustration que cette confession vienne si tardivement.
Armstrong chez Oprah Winfrey. |
Trop tard, Lance, trop tard! S’il faut se réjouir que l’ex-septuple vainqueur du Tour ait enfin avoué avoir triché, comment ne pas comprendre qu’il s’est soumis à la pression de ses proches et des membres de sa fondation contre le cancer, Livestrong, au bord du gouffre. Et comment taire sa frustration que cette confession vienne si tardivement.
mardi 15 janvier 2013
Classe(s): extension du domaine de la lutte...
Les Français pensent que la lutte des classes existent. Cahuzac dit qu'il y a jamais cru. Cherchez l'erreur.
Normal Ier. «Le luxe, c’est d’aller lentement», disait Colette à Proust en 1931. Les temps de crise préfèrent l’expéditif. Que devient la pâte humaine quand vitesse et précipitation alimentent le tout-consommable fast-foodisé dans une psychosomatique de style de vie? Et que deviennent aussi les curieux, quand la collision remplace l’imprégnation et que tombent les plumes au profit de la numérisation satellitaire et du zapping intégré à toutes nos actions? Au Palais, où, jadis, la compréhension du temps d’outre-tombe était un art en soi et souvent un art de vivre, certains ont une idée précise du moment qui est le nôtre. Non sans humour, voici ce que nous déclarait l’autre jour un conseiller de Normal Ier: «Le luxe, c’est de se savoir où l’on va… mais à son rythme.» Selon notre interlocuteur, la formule conviendrait parfaitement pour définir l’exercice en cours. Alors il y eut notre question: «Mais comment montrer aussi peu d’empressement à agir vraiment “à gauche”, alors que la crise s’accélère et que tout s’effondre autour de nous?» L’homme montra une singulière mais coutumière irritation: «Arrêtons le jeu stupide qui consiste à opposer la gauche réaliste sociale-démocrate à la gauche rêvée marxisante!» Et pourtant.
Cahuzac. L’autre soir, à la télévision, un face-à-face détonant entre Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche en mai dernier, et Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, nous a rappelé la pertinence de certains débats durant la campagne électorale, mais également que, à gauche, deux visions continuent de s’opposer assez frontalement quand il s’agit d’imaginer le dépassement rapide de la crise économique et sociale, et surtout de repenser la société de demain sans renoncer à aucune de ses ambitions.
Normal Ier. «Le luxe, c’est d’aller lentement», disait Colette à Proust en 1931. Les temps de crise préfèrent l’expéditif. Que devient la pâte humaine quand vitesse et précipitation alimentent le tout-consommable fast-foodisé dans une psychosomatique de style de vie? Et que deviennent aussi les curieux, quand la collision remplace l’imprégnation et que tombent les plumes au profit de la numérisation satellitaire et du zapping intégré à toutes nos actions? Au Palais, où, jadis, la compréhension du temps d’outre-tombe était un art en soi et souvent un art de vivre, certains ont une idée précise du moment qui est le nôtre. Non sans humour, voici ce que nous déclarait l’autre jour un conseiller de Normal Ier: «Le luxe, c’est de se savoir où l’on va… mais à son rythme.» Selon notre interlocuteur, la formule conviendrait parfaitement pour définir l’exercice en cours. Alors il y eut notre question: «Mais comment montrer aussi peu d’empressement à agir vraiment “à gauche”, alors que la crise s’accélère et que tout s’effondre autour de nous?» L’homme montra une singulière mais coutumière irritation: «Arrêtons le jeu stupide qui consiste à opposer la gauche réaliste sociale-démocrate à la gauche rêvée marxisante!» Et pourtant.
Cahuzac. L’autre soir, à la télévision, un face-à-face détonant entre Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche en mai dernier, et Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, nous a rappelé la pertinence de certains débats durant la campagne électorale, mais également que, à gauche, deux visions continuent de s’opposer assez frontalement quand il s’agit d’imaginer le dépassement rapide de la crise économique et sociale, et surtout de repenser la société de demain sans renoncer à aucune de ses ambitions.
samedi 12 janvier 2013
Ourasi : le roi fainéant est mort, vive le roi !
Pourquoi j’ai aimé jusqu’à la déraison le quadruple vainqueur du Prix d’Amérique…
Ça a commencé par la grâce. Ça a fini par la grâce. Il ne pouvait en être autrement...
Par les temps qui courent, il peut paraître incongru voire totalement déplacé de consacrer du temps, de l’énergie, beaucoup d’émotion et donc quelques lignes à la gloire d’un cheval. Mais aujourd’hui, alors que nous attendions la triste nouvelle depuis plusieurs jours déjà, informés que nous étions de l’état de santé du crack, comme suspendu à son souffle et craignant l’annonce que nous savions inéluctable, la sincère tristesse qui s’est emparée de moi en apprenant la mort d’Ourasi mérite explications. Et quand je dis «tristesse», la vérité de l'écrit m’oblige à admettre que mon sentiment d’affliction est très supérieur à celui que vous imaginez. On dit que le temps qui passe ne s’embarrasse pas de sentiments. Le temps n'a rien changé à l'affaire.
Le légendaire trotteur Ourasi, quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, est donc mort ce samedi 12 janvier dans son haras de Gruchy, en Normandie, qui accueillait le cheval depuis fin 1990 et sa mise à la retraite après une carrière exceptionnelle. Il a passé sa dernière nuit en compagnie de sa nounou, Annie Jumel, qui s'occupait bénévolement de lui depuis une douzaine d'années. «C'est un sale jour, il est mort à 11 heures et a été enterré aussitôt sur place», a simplement expliqué le maître des lieux, Pierre Lamy. Avant d'ajouter: «Il ne mangeait plus depuis quatre jours, ne se couchait plus car il craignait de ne pas pouvoir se relever. Cela faisait plusieurs jours qu'on reculait, qu'on reculait, la décision n'a pas été facile à prendre, mais il souffrait et c'était la fin. On a été obligés de l’aider. C'est très, très dur.»
Chacun aura compris. Ourasi avait 32 ans, autrement dit un âge centenaire pour un équidé. Et il a bénéficié d’une mort douce. Une belle mort en somme.
Pendant un Prix d'Amérique. |
Par les temps qui courent, il peut paraître incongru voire totalement déplacé de consacrer du temps, de l’énergie, beaucoup d’émotion et donc quelques lignes à la gloire d’un cheval. Mais aujourd’hui, alors que nous attendions la triste nouvelle depuis plusieurs jours déjà, informés que nous étions de l’état de santé du crack, comme suspendu à son souffle et craignant l’annonce que nous savions inéluctable, la sincère tristesse qui s’est emparée de moi en apprenant la mort d’Ourasi mérite explications. Et quand je dis «tristesse», la vérité de l'écrit m’oblige à admettre que mon sentiment d’affliction est très supérieur à celui que vous imaginez. On dit que le temps qui passe ne s’embarrasse pas de sentiments. Le temps n'a rien changé à l'affaire.
Le légendaire trotteur Ourasi, quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, est donc mort ce samedi 12 janvier dans son haras de Gruchy, en Normandie, qui accueillait le cheval depuis fin 1990 et sa mise à la retraite après une carrière exceptionnelle. Il a passé sa dernière nuit en compagnie de sa nounou, Annie Jumel, qui s'occupait bénévolement de lui depuis une douzaine d'années. «C'est un sale jour, il est mort à 11 heures et a été enterré aussitôt sur place», a simplement expliqué le maître des lieux, Pierre Lamy. Avant d'ajouter: «Il ne mangeait plus depuis quatre jours, ne se couchait plus car il craignait de ne pas pouvoir se relever. Cela faisait plusieurs jours qu'on reculait, qu'on reculait, la décision n'a pas été facile à prendre, mais il souffrait et c'était la fin. On a été obligés de l’aider. C'est très, très dur.»
Chacun aura compris. Ourasi avait 32 ans, autrement dit un âge centenaire pour un équidé. Et il a bénéficié d’une mort douce. Une belle mort en somme.
jeudi 10 janvier 2013
Négociations sur le travail: notre mise en garde !
Si François Hollande devait accepter un texte signé par le Medef et quelques syndicats seulement, l’histoire Antisociale avec un grand «A» serait au rendez-vous de ce gouvernement.
Il y a décidément quelque chose d’étrange dans la gestion économique et sociale de François Hollande. Peu importe le dossier. Que ce soit la volte-face à Florange ou le crédit d’impôt offert aux entreprises, la pseudo-réforme bancaire ou le fiasco de la «supertaxe» à 75%, nous le constatons avec désolation: le pas en avant se transforme souvent en pas de côté, voire carrément en demi-tour assumé. Les exemples fourmillent tant et tant que le président donne maintenant le sentiment qu’il se trouve désarmé face aux manœuvres brutales des vautours de la finance et qu’il écoute beaucoup plus les patrons de la haute que les ouvriers ou les syndicalistes. Que deviennent les combats fondamentaux pour lesquels il a été élu?
L’idéologie libérale est si prégnante qu’y accoler le mot «social» n’octroie pas un passeport de bonne gestion en direction des plus défavorisés. D’autant que les pressions ne manquent pas. Prenez le lourd dossier des négociations sur la «sécurisation de l’emploi». Voulu par le chef de l’État en personne et lancé en octobre, le chantier avait pour but que patronat et syndicats parviennent à un accord «historique». Seulement voilà. Jamais avare dans la définition mécanique des intérêts de sa caste, la patronne du Medef, Laurence Parisot, a quasiment bloqué toute discussion sur la base même du périmètre de ladite négociation, à savoir la «sécurisation de l’emploi», qui n’en a plus que le nom ou presque, dévoyant son sens initial.
Il y a décidément quelque chose d’étrange dans la gestion économique et sociale de François Hollande. Peu importe le dossier. Que ce soit la volte-face à Florange ou le crédit d’impôt offert aux entreprises, la pseudo-réforme bancaire ou le fiasco de la «supertaxe» à 75%, nous le constatons avec désolation: le pas en avant se transforme souvent en pas de côté, voire carrément en demi-tour assumé. Les exemples fourmillent tant et tant que le président donne maintenant le sentiment qu’il se trouve désarmé face aux manœuvres brutales des vautours de la finance et qu’il écoute beaucoup plus les patrons de la haute que les ouvriers ou les syndicalistes. Que deviennent les combats fondamentaux pour lesquels il a été élu?
L’idéologie libérale est si prégnante qu’y accoler le mot «social» n’octroie pas un passeport de bonne gestion en direction des plus défavorisés. D’autant que les pressions ne manquent pas. Prenez le lourd dossier des négociations sur la «sécurisation de l’emploi». Voulu par le chef de l’État en personne et lancé en octobre, le chantier avait pour but que patronat et syndicats parviennent à un accord «historique». Seulement voilà. Jamais avare dans la définition mécanique des intérêts de sa caste, la patronne du Medef, Laurence Parisot, a quasiment bloqué toute discussion sur la base même du périmètre de ladite négociation, à savoir la «sécurisation de l’emploi», qui n’en a plus que le nom ou presque, dévoyant son sens initial.
dimanche 6 janvier 2013
Une citation pour la nouvelle année
«Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux.»
René Char
René Char
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