Ne confondons pas «crise de la presse écrite» (réelle) et «crise de l’écrit» (en grande partie fantasmée).
Méprise. «Ah, mais je vous reconnais. Vous êtes l’écrivain qui travaille à l’Huma?» «Non, je suis le journaliste de l’Huma à qui il arrive d’écrire des livres!» L’anecdote n’a l’air de rien, elle témoigne pourtant d’un changement d’époque et de déconsidération pour le Métier… Camus disait: «Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde.» Nommons-les donc. Ainsi, la promesse d’une mort plus ou moins lente de la presse écrite nous est annoncée. La crise économique mondiale, additionnée à un «trouble de civilisation», aurait accéléré la gangrène, au point de pronostiquer le pire pour toute une profession – l’Humanité n’échappe pas au requiem. L’autre soir, un ami pourtant «écrivant», qui dévore le papier journal
dès potron-minet, ne cachait pas son «inquiétude» en analysant le mal de l’époque: «L’âge d’or des rotatives triomphantes est révolu, nous entrons dans l’ère d’une nouvelle diffusion. La révolution de “l’écran”.» Selon lui, une économie de l’intime se serait déjà dessinée sous nos yeux, car la Toile ne diffuse pas d’un centre, comme de vulgaires mass media.
vendredi 29 mars 2013
jeudi 21 mars 2013
Le sens des priorités...
Pendant que la médiacratie est occupée à commenter autre chose (l'affaire Cahuzac par exemple), mille personnes chaque jour sont privées d’électricité ou de gaz…
D’hypothermie, un homme est mort. Qui veut savoir son nom? Qui connaissait sa détresse, ses souffrances, son passé de citoyen devenu simple martyr de la pauvreté? N’en doutez pas, beaucoup diront – avec des phrases ciselées pour cacher l’ampleur du mépris – que l’histoire de Jean-Baptiste Bessière, cinquante-deux ans, racontée aujourd’hui dans nos colonnes, flirte avec un excès de naturalisme qui plaide mal la cause sociale. Certains se paient de mots, d’autres subissent la crise et les hausses en tout genre jusqu’à l’indignité. Si les rois du charité-business regardaient un peu la vérité des chiffres, ils sauraient que la simple protestation morale ne suffit plus. À mesure que la crise galope, précipitant des centaines de milliers de Français dans la catégorie des «fin de droits», une autre forme d’exclusion progresse: la précarité énergétique. Parfois elle tue.
Quatre millions de Français se trouvent dans cette situation d’urgence absolue, c’est-à-dire qu’ils consacrent au moins 10% de leurs revenus à se chauffer ou à s’éclairer… D’autres chiffres donnent le tournis. Les services du médiateur national de l’énergie ont en effet relevé, au cours de l’année 2012, pas moins de 580.000 coupures de gaz ou d’électricité, et 230.000 résiliations à l’initiative du fournisseur. Traduction: mille personnes supplémentaires chaque jour sont privées d’électricité ou de gaz!
D’hypothermie, un homme est mort. Qui veut savoir son nom? Qui connaissait sa détresse, ses souffrances, son passé de citoyen devenu simple martyr de la pauvreté? N’en doutez pas, beaucoup diront – avec des phrases ciselées pour cacher l’ampleur du mépris – que l’histoire de Jean-Baptiste Bessière, cinquante-deux ans, racontée aujourd’hui dans nos colonnes, flirte avec un excès de naturalisme qui plaide mal la cause sociale. Certains se paient de mots, d’autres subissent la crise et les hausses en tout genre jusqu’à l’indignité. Si les rois du charité-business regardaient un peu la vérité des chiffres, ils sauraient que la simple protestation morale ne suffit plus. À mesure que la crise galope, précipitant des centaines de milliers de Français dans la catégorie des «fin de droits», une autre forme d’exclusion progresse: la précarité énergétique. Parfois elle tue.
Quatre millions de Français se trouvent dans cette situation d’urgence absolue, c’est-à-dire qu’ils consacrent au moins 10% de leurs revenus à se chauffer ou à s’éclairer… D’autres chiffres donnent le tournis. Les services du médiateur national de l’énergie ont en effet relevé, au cours de l’année 2012, pas moins de 580.000 coupures de gaz ou d’électricité, et 230.000 résiliations à l’initiative du fournisseur. Traduction: mille personnes supplémentaires chaque jour sont privées d’électricité ou de gaz!
dimanche 17 mars 2013
Argentin(s): François Ier sur les traces de François d'Assise?
Ce fils de parents immigrés italiens, défenseur des pauvres, refusa de considérer que l’Eglise ait pu avoir la moindre responsabilité dans les crimes commis par la dictature militaire... L'occasion de repenser à Leonardo Boff, non?
Bergoglio. «On atteint plus vite le ciel en partant d’une chaumière que d’un palais.» (François d’Assise) Evidemment, lorsque Jorge Mario Bergoglio réclama la bénédiction du peuple avant même de débuter son ministère, nous nous sommes dits que quelque chose de singulier se produisait place Saint-Pierre avec l’apparition de François Ier. Le conclave était donc allé chercher le successeur de Ratzinger à l’autre bout du monde, en Argentine, comme si le temps était venu d’une certaine adéquation entre la réalité de l’Eglise au XXIe siècle – deux catholiques sur trois étaient européens il y a un siècle, il ne sont plus qu’un sur quatre – et la nécessité d’un retour à la simplicité, que semble incarner ce jésuite de formation, premier pape des Amériques (et premier jésuite d’ailleurs). Le nom même choisi par Bergoglio, en son ampleur symbolique, incarne une rupture: François, c’est assurément Saint François d’Assise. Autant de signes pour se montrer enthousiaste? Restons prudent, très prudent même.
Bergoglio. «On atteint plus vite le ciel en partant d’une chaumière que d’un palais.» (François d’Assise) Evidemment, lorsque Jorge Mario Bergoglio réclama la bénédiction du peuple avant même de débuter son ministère, nous nous sommes dits que quelque chose de singulier se produisait place Saint-Pierre avec l’apparition de François Ier. Le conclave était donc allé chercher le successeur de Ratzinger à l’autre bout du monde, en Argentine, comme si le temps était venu d’une certaine adéquation entre la réalité de l’Eglise au XXIe siècle – deux catholiques sur trois étaient européens il y a un siècle, il ne sont plus qu’un sur quatre – et la nécessité d’un retour à la simplicité, que semble incarner ce jésuite de formation, premier pape des Amériques (et premier jésuite d’ailleurs). Le nom même choisi par Bergoglio, en son ampleur symbolique, incarne une rupture: François, c’est assurément Saint François d’Assise. Autant de signes pour se montrer enthousiaste? Restons prudent, très prudent même.
vendredi 8 mars 2013
Conclave(s): questions entre deux papes...
Avant l'élection d'un successeur à Benoît XVI, certains vaticanistes évoquent des "résistances" contre la curie ou contre certains cardinaux. Une surprise de type ''progressiste'' est-elle possible?
Pape. «Dans le conclave, j’ai demandé à Dieu de m’éviter la guillotine de mon élection, mais il ne m’a pas écouté.» Quelques jours après son élection par le sacré collège, Benoît XVI prononça ces mots. Qui s’en souvient? A l’époque, personne n’avait voulu entendre ce sacrilège, digne d’un film de Nanni Moretti. Au fond, ce pape voulait-il être pape? Sept années après un pontificat que l’on dit encore, bien maladroitement, «de transition», l’interrogation ne mérite encore le détour qu’à la seule condition d’essayer de percer une dernière fois les mystères de l’homme derrière la soutane. Sans oublier que Joseph Ratzinger, théologien et chercheur, avait été coutumier du fait. Depuis Vatican II, dont il fut l’un des ardents défenseurs, jusqu’à sa conversion à un conservatisme théorique au début des années soixante-dix, jamais l’Allemand n’avait aspiré à quitter ses chères études. Ainsi, en 1977, lorsque Paul VI l’arracha à sa chaire de l’université de Ratisbonne pour l’imposer à la tête du diocèse de Munich, il n’avait accepté que contraint et forcé.
Pape. «Dans le conclave, j’ai demandé à Dieu de m’éviter la guillotine de mon élection, mais il ne m’a pas écouté.» Quelques jours après son élection par le sacré collège, Benoît XVI prononça ces mots. Qui s’en souvient? A l’époque, personne n’avait voulu entendre ce sacrilège, digne d’un film de Nanni Moretti. Au fond, ce pape voulait-il être pape? Sept années après un pontificat que l’on dit encore, bien maladroitement, «de transition», l’interrogation ne mérite encore le détour qu’à la seule condition d’essayer de percer une dernière fois les mystères de l’homme derrière la soutane. Sans oublier que Joseph Ratzinger, théologien et chercheur, avait été coutumier du fait. Depuis Vatican II, dont il fut l’un des ardents défenseurs, jusqu’à sa conversion à un conservatisme théorique au début des années soixante-dix, jamais l’Allemand n’avait aspiré à quitter ses chères études. Ainsi, en 1977, lorsque Paul VI l’arracha à sa chaire de l’université de Ratisbonne pour l’imposer à la tête du diocèse de Munich, il n’avait accepté que contraint et forcé.
vendredi 1 mars 2013
Cochon(s): que doit-on penser du livre de Marcela Iacub?
Sommes-nous prêts à vivre dans une société où la prostitution morale et le profit du papier vite vendu deviennent la règle...
Iacub. La littérature a tous les droits – pas un auteur. La nouvelle affaire DSK s’appelle donc Belle et Bête, livre à vocation médiatique publié chez Stock, dans lequel la juriste Marcela Iacub raconte jusqu’au sordide ses sept mois de liaison avec l’ancien patron du FMI, de janvier à juillet 2012. Jamais le nom de l’ancien ministre socialiste n’est écrit noir sur blanc. Mais pas de doute: «J’étais persuadée que si un autre politique français avait été arrêté à l’aéroport de New York à ta place, tu aurais crié avec la foule.» Le tutoiement pour forme. La vulgarité et le lynchage public comme objection. Car nous lisons, atterrés, la longue chronique d’une passion avec celui qu’elle nomme l’«homme-cochon». Ainsi: «Même au temps où ma passion était si fastueuse que j’aurais échangé mon avenir contre une heure dans tes bras, je n’ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc. C’est ma compassion pour ces animaux si dénigrés qui a éveillé mon intérêt pour toi.» Plus précis: «C’est parce que tu étais un porc que je suis tombée amoureuse de toi.»
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