Qui sont vraiment les électeurs du Front national? Et pourquoi oublie-t-on le beau score de Jean-Luc Mélenchon?
Coupable. Percluse de servilité nihiliste, la sous-France est ressortie des urnes dans le fracas d’une mobilisation lepéniste préoccupante. Curieuse soirée électorale, n’est-ce pas. Comme si l’épaisseur de la couche bleu marine devait voiler l’ampleur du ciel rouge et son horizon. Pour absurde et injuste que soit ce raisonnement, puisque, tout de même, quelque trois millions de personnes en plus par rapport à 2007 ont choisi
un bulletin Front de gauche et les clefs du futur, tenons-nous en, un instant, au retour du phénomène d’extrême droite. Car comment effacer des esprits et de la vie de nos concitoyens les scores obtenus par la famille Le Pen, qui, additionnés à ceux de Nicoléon, constituent un socle ultra-droitier et néo-pétainiste très considérable ? Le bloc-noteur, pessimiste en diable, plaide ici doublement coupable. Primo : d’avoir souvent joué (ce n’est pas un jeu) les oiseaux de mauvais augure en affirmant que l’épouvantable atomisation sociale actuelle pouvait produire le meilleur (un front du peuple) comme le pire (une réaction fascisante et xénophobe), le pire étant une éventualité sérieuse, au moins à court terme... Secundo : d’avoir cru, au passage
de l’hiver, à la faveur d’une campagne du Front de gauche
en tout point admirable, au reflux assez inexorable du vote
en faveur de fifille-nous-voilà… Que les choses soient claires. Se sentir «coupable» n’est ici qu’une formule de style. Car la réalité de ce que nous pensons se situe en effet au milieu de ces deux plaider-coupable… Nuançons donc.
vendredi 27 avril 2012
mercredi 25 avril 2012
Front national: un défi pour la gauche, toute la gauche
On dit souvent que la France est «très à droite». Disons plutôt que la droite est extrêmement à droite.
La réalité en face. Contrairement à ce que nous aurions pu croire il y a encore quelques semaines, l’élan électoral de Marine Le Pen n’a pas explosé en plein vol. Près de 6,5 millions d’électeurs ont, en toute conscience, choisi le bulletin de la honte. Un million de voix de plus que le père, en 2002. La performance, qui n’était alors qu’un exploit, frappe cette fois par son implantation nationale. Triste à admettre, le pays de Jaurès et d’Hugo est gravement malade. Malade du sarkozysme. Malade du lepénisme. On dit souvent que la France est «très à droite». Disons plutôt que la droite est extrêmement à droite. Car, voyez-vous, quand la droite et l’extrême droite se disputent le même terrain idéologique, quand Nicolas Sarkozy annonce un 1er Mai antisyndical en utilisant des mots qui rappellent de lugubres souvenirs à la classe ouvrière, qu’entend-on? D’odieux syllogismes vichystes. Et d’évidentes convergences pour l’avenir…
Le Pen a profité du tapis rouge que les Sarkozy, Hortefeux et autres Guéant ont déroulé sous ses pieds. Si l’argument à lui seul ne suffit pas à expliquer l’ampleur d’un vote, ne le sous-estimons surtout pas! Identité nationale, immigration, islamalgame, méthodes ultra-sécuritaires, logiques d’exclusions, etc. : en imposant les pires débats, Sarkozy a désenclavé les thèses du FN, réveillant la bête nihiliste et préfascisante par temps de crise.
La réalité en face. Contrairement à ce que nous aurions pu croire il y a encore quelques semaines, l’élan électoral de Marine Le Pen n’a pas explosé en plein vol. Près de 6,5 millions d’électeurs ont, en toute conscience, choisi le bulletin de la honte. Un million de voix de plus que le père, en 2002. La performance, qui n’était alors qu’un exploit, frappe cette fois par son implantation nationale. Triste à admettre, le pays de Jaurès et d’Hugo est gravement malade. Malade du sarkozysme. Malade du lepénisme. On dit souvent que la France est «très à droite». Disons plutôt que la droite est extrêmement à droite. Car, voyez-vous, quand la droite et l’extrême droite se disputent le même terrain idéologique, quand Nicolas Sarkozy annonce un 1er Mai antisyndical en utilisant des mots qui rappellent de lugubres souvenirs à la classe ouvrière, qu’entend-on? D’odieux syllogismes vichystes. Et d’évidentes convergences pour l’avenir…
Le Pen a profité du tapis rouge que les Sarkozy, Hortefeux et autres Guéant ont déroulé sous ses pieds. Si l’argument à lui seul ne suffit pas à expliquer l’ampleur d’un vote, ne le sous-estimons surtout pas! Identité nationale, immigration, islamalgame, méthodes ultra-sécuritaires, logiques d’exclusions, etc. : en imposant les pires débats, Sarkozy a désenclavé les thèses du FN, réveillant la bête nihiliste et préfascisante par temps de crise.
samedi 21 avril 2012
Caractères(s): mon fils, il faut voter Mélenchon !
Ultimes dialogues avant le premier tour de l'élection présidentielle. Entre explication de texte et motivations...
Scène I. Banal tête-à-tête familial, un soir d’ordinaire. En fond sonore, vaguement animée par des images furtivement entr’aperçues du coin de l’œil, la défaite du Real Madrid à Munich se dessine. Un verre de saint-joseph ; hésitation collective entre le carré de chocolat au lait ou noir… Et puis.
– Dis, papa, combien va faire Mélenchon dimanche soir?
– Le plus possible. Espérons le plus possible…
– Tu pratiques la langue de bois, toi, maintenant?
– Tu sais, quand je dis «le plus possible», je ne pense pas du tout à la satisfaction égoïste et compulsive de l’homme engagé que je suis. Je pense simplement qu’un coup d’éclat électoral ferait progresser nos idées, mais, nous ne le disons pas assez, ferait également progresser l’intérêt général.
– Franchement, tu n’en as pas marre de te battre depuis vingt-cinq ans pour des gens dont beaucoup te crachent à la gueule?
– C’est ce que ton grand-père dit souvent. Mais lui aussi il continue de se battre quand même, et depuis un demi-siècle ! Il faut croire que les cocos aiment tellement l’humanité qu’ils oublient la plupart du temps leur sort personnel. Soyons-en fiers!
– Je sais, je sais… Tu répètes souvent que, à tes yeux, je n’ai pas plus de droits que les enfants de nos voisins…
– Et alors ? C’est primordial de ne jamais l’oublier ! En ces temps de brusquerie et d’ensauvagement où l’individualisme et le nihilisme sont les moteurs du monde, où l’on a failli assister à la fin des grandes aventures (la philosophie, l’exploration, la politique) que nous élaborions jadis dès le plus jeune âge, cette campagne du Front de gauche a montré que l’Idée était là, vivante, puissante, éclatante. Cette redécouverte nous dépasse.
Scène I. Banal tête-à-tête familial, un soir d’ordinaire. En fond sonore, vaguement animée par des images furtivement entr’aperçues du coin de l’œil, la défaite du Real Madrid à Munich se dessine. Un verre de saint-joseph ; hésitation collective entre le carré de chocolat au lait ou noir… Et puis.
– Dis, papa, combien va faire Mélenchon dimanche soir?
– Le plus possible. Espérons le plus possible…
– Tu pratiques la langue de bois, toi, maintenant?
– Tu sais, quand je dis «le plus possible», je ne pense pas du tout à la satisfaction égoïste et compulsive de l’homme engagé que je suis. Je pense simplement qu’un coup d’éclat électoral ferait progresser nos idées, mais, nous ne le disons pas assez, ferait également progresser l’intérêt général.
– Franchement, tu n’en as pas marre de te battre depuis vingt-cinq ans pour des gens dont beaucoup te crachent à la gueule?
– C’est ce que ton grand-père dit souvent. Mais lui aussi il continue de se battre quand même, et depuis un demi-siècle ! Il faut croire que les cocos aiment tellement l’humanité qu’ils oublient la plupart du temps leur sort personnel. Soyons-en fiers!
– Je sais, je sais… Tu répètes souvent que, à tes yeux, je n’ai pas plus de droits que les enfants de nos voisins…
– Et alors ? C’est primordial de ne jamais l’oublier ! En ces temps de brusquerie et d’ensauvagement où l’individualisme et le nihilisme sont les moteurs du monde, où l’on a failli assister à la fin des grandes aventures (la philosophie, l’exploration, la politique) que nous élaborions jadis dès le plus jeune âge, cette campagne du Front de gauche a montré que l’Idée était là, vivante, puissante, éclatante. Cette redécouverte nous dépasse.
mercredi 18 avril 2012
Front national: ce chien de garde
Combattre Le Pen, en tous lieux et en toutes circonstances, est une fonction autant qu’un honneur ! Un honneur pour la gauche.
Souvenons-nous… Dans le système désenchanté que nous imposait la politicaillerie médiacratique, tout s’organisait au profit d’un statu quo d’autant plus cynique qu’il inoculait, tel un venin, le nihilisme en politique. D’un côté, les puissants dictaient leurs lois, celle du monde marchand, non libres et faussées. De l’autre côté, les gestionnaires – ou aspirants – calquaient leurs idées sur les impératifs de l’austérité et de l’accompagnement vers l’inexorable déclin de l’égalité républicaine. Et au milieu? Le chien de garde du capitalisme, grâce auquel tout se trouvait paralysé: le Front national. Il attisait la haine de l’autre par temps de crise en ethnicisant la politique, il imposait ses thèmes et maintenait un climat de peur légitimant le réflexe du vote utile… Seulement voilà, depuis le début de la campagne du Front de gauche, ce modèle a explosé en plein vol!
La ligne anti-FN de Jean-Luc Mélenchon, outre qu’elle a redonné à la gauche son rôle historique dans le dispositif républicain, a permis de dénoncer l’imposture de la famille Le Pen, de meeting en meeting, prenant un à un ses arguments pour mieux les démonter, tandis que les militants, partout, contestaient souvent bruyamment la présence de fifille-nous-voilà et de ses gros bras, pour ne plus céder le moindre mètre de terrain aux représentants de l’obscurantisme.
Souvenons-nous… Dans le système désenchanté que nous imposait la politicaillerie médiacratique, tout s’organisait au profit d’un statu quo d’autant plus cynique qu’il inoculait, tel un venin, le nihilisme en politique. D’un côté, les puissants dictaient leurs lois, celle du monde marchand, non libres et faussées. De l’autre côté, les gestionnaires – ou aspirants – calquaient leurs idées sur les impératifs de l’austérité et de l’accompagnement vers l’inexorable déclin de l’égalité républicaine. Et au milieu? Le chien de garde du capitalisme, grâce auquel tout se trouvait paralysé: le Front national. Il attisait la haine de l’autre par temps de crise en ethnicisant la politique, il imposait ses thèmes et maintenait un climat de peur légitimant le réflexe du vote utile… Seulement voilà, depuis le début de la campagne du Front de gauche, ce modèle a explosé en plein vol!
La ligne anti-FN de Jean-Luc Mélenchon, outre qu’elle a redonné à la gauche son rôle historique dans le dispositif républicain, a permis de dénoncer l’imposture de la famille Le Pen, de meeting en meeting, prenant un à un ses arguments pour mieux les démonter, tandis que les militants, partout, contestaient souvent bruyamment la présence de fifille-nous-voilà et de ses gros bras, pour ne plus céder le moindre mètre de terrain aux représentants de l’obscurantisme.
vendredi 13 avril 2012
Résistance(s): à la mémoire de Raymond Aubrac
Le résistant s'est éteint à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans. Retour sur un homme hors du commun.
Trace. Et le miroir du temps, soudain, se craquela… Les désarrois d’un chronicœur solitaire, embrumé dans les fracas de l’actualité, n’ont rien pour vous retenir quand il s’agit pour lui d’évoquer son propre rapport à la mort des grands de ce monde. Les disparitions s’invitent toujours par effraction, constituant un choc tel que, en général, l’état de sidération dure bien au-delà des apparences. Devant le deuil, comment ne pas voir le danger mais la nécessité de parler non seulement du mort en «lui-même», mais surtout de son œuvre, de ses faits et gestes de sa signature, comme on parapherait la trace-sans-trace d’un parcours enfin évalué à sa juste ampleur. Privilégier en somme la mémoire des actes. Assumer une sorte de refoulement – mais tout autant une affirmation de la vie. Lui attribuer ce qui lui est propre dans un langage repérable, prévisible, qui nous conduirait à commettre ce que Proust appelle, à la fin d’À la recherche du temps perdu, une «infidélité posthume». Le dégoût du genre est à peu près proportionnel à la passion due au personnage. À quel point sommes-nous dans l’histoire de France lorsque nous apprenons, par un beau matin de printemps, la mort de Raymond Aubrac, à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans? Nous y sommes en totalité, jusqu’au plein exercice de cet art d’Histoire qui n’est pas une science du passé mais d’abord une science du présent avec le poids du temps. Pensez donc. Avec Raymond Samuel (alias Aubrac, son nom de résistant), les qualificatifs s’épuisent tant ils paraissent dérisoires, creux, fades, presque déplacés et incongrus. Grande figure de la Résistance, cofondateur du réseau Libération-Sud, dernier survivant des responsables du Conseil national de la Résistance (CNR) arrêtés à Caluire, le 21 juin 1943, avec Jean Moulin, Raymond Aubrac était l’une des figures centrales des héros de la Seconde Guerre mondiale, âme parmi les âmes lumineuses de l’humanité. Il faut absolument lire l’immense biographie de l’ami Pascal Convert, publiée en mars 2011 aux éditions du Seuil, sous le titre Raymond Aubrac, résister, reconstruire, transmettre, pour percevoir l’amplitude et l’importance de l’homme, si modeste, si discret que nous pouvions l’en moquer.
République. Tout est en effet résumé dans ce titre: Résister, reconstruire, transmettre. Trois mots qui décrivent parfaitement Raymond Aubrac, qui, toute sa vie, comme acteur, comme témoin puis comme passeur, aura été en quelque sorte un rempart contre l’oubli – tous les oublis – mais aussi contre l’idée de renoncement, quel qu’il soit. Même Pascal Convert, après trois années de travail acharné qui feront date, reconnaissait que la trajectoire de cet homme hors du commun dépassait de loin le strict cadre –pourtant fondateur et essentiel – de la Résistance.
Trace. Et le miroir du temps, soudain, se craquela… Les désarrois d’un chronicœur solitaire, embrumé dans les fracas de l’actualité, n’ont rien pour vous retenir quand il s’agit pour lui d’évoquer son propre rapport à la mort des grands de ce monde. Les disparitions s’invitent toujours par effraction, constituant un choc tel que, en général, l’état de sidération dure bien au-delà des apparences. Devant le deuil, comment ne pas voir le danger mais la nécessité de parler non seulement du mort en «lui-même», mais surtout de son œuvre, de ses faits et gestes de sa signature, comme on parapherait la trace-sans-trace d’un parcours enfin évalué à sa juste ampleur. Privilégier en somme la mémoire des actes. Assumer une sorte de refoulement – mais tout autant une affirmation de la vie. Lui attribuer ce qui lui est propre dans un langage repérable, prévisible, qui nous conduirait à commettre ce que Proust appelle, à la fin d’À la recherche du temps perdu, une «infidélité posthume». Le dégoût du genre est à peu près proportionnel à la passion due au personnage. À quel point sommes-nous dans l’histoire de France lorsque nous apprenons, par un beau matin de printemps, la mort de Raymond Aubrac, à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans? Nous y sommes en totalité, jusqu’au plein exercice de cet art d’Histoire qui n’est pas une science du passé mais d’abord une science du présent avec le poids du temps. Pensez donc. Avec Raymond Samuel (alias Aubrac, son nom de résistant), les qualificatifs s’épuisent tant ils paraissent dérisoires, creux, fades, presque déplacés et incongrus. Grande figure de la Résistance, cofondateur du réseau Libération-Sud, dernier survivant des responsables du Conseil national de la Résistance (CNR) arrêtés à Caluire, le 21 juin 1943, avec Jean Moulin, Raymond Aubrac était l’une des figures centrales des héros de la Seconde Guerre mondiale, âme parmi les âmes lumineuses de l’humanité. Il faut absolument lire l’immense biographie de l’ami Pascal Convert, publiée en mars 2011 aux éditions du Seuil, sous le titre Raymond Aubrac, résister, reconstruire, transmettre, pour percevoir l’amplitude et l’importance de l’homme, si modeste, si discret que nous pouvions l’en moquer.
Lucie et Raymond. |
jeudi 12 avril 2012
Pourquoi la jeunesse aspire au modèle républicain
Nous ne croyons pas que les jeunes acceptent d’être relégués au rang d’accompagnateurs passifs d’une époque brûlée par le brasier de la déréalisation. Leur engagement au sein du Front de gauche en témoigne.
À la faveur d’un sondage plus commenté que les autres, les jeunes sont revenus dans l’actualité de la pire des manières, par l’enquête sondagière. Et pour cause. Marine Le Pen trouverait grâce aux yeux des 18-24 ans, affichant le meilleur score des prétendants à la présidentielle, 26%. Amen! la messe serait dite. Permettez-nous d’en douter. Que la fille de papa-nous-voilà attire un vote protestataire est une chose ; mais qu’elle puisse porter le début du commencement du moindre espoir politique en est une autre! Ce serait négliger le fait que 25% disent vouloir voter François Hollande. Ce serait aussi ignorer que 16% de ces mêmes jeunes affichent désormais leur préférence envers Jean-Luc Mélenchon, une progression de 11 points… Ceux qui ont participé aux meetings du Front de gauche le savent: les jeunes sont devenus un phénomène dans le phénomène, expliquant pour partie l’ampleur de la vague rouge. Au cœur de cette dynamique, celle de la jeunesse est de loin l’une des plus réjouissantes!
Car voyez-vous, en ces temps anxiogènes où on ne leur promet que le déclassement intergénérationnel et les injustices protéiformes d’une marchandisation globalisée, nous nous singularisons par la force d’une conviction : nous ne croyons pas que les jeunes, nos jeunes, acceptent d’être relégués au rang d’accompagnateurs passifs d’une époque brûlée par le brasier de la déréalisation. Cette conviction ancrée en nous marie le réel (celui que nous devons transformer) à nos ambitions philosophiques (celles qui nous permettent de maintenir notre cap).
À la faveur d’un sondage plus commenté que les autres, les jeunes sont revenus dans l’actualité de la pire des manières, par l’enquête sondagière. Et pour cause. Marine Le Pen trouverait grâce aux yeux des 18-24 ans, affichant le meilleur score des prétendants à la présidentielle, 26%. Amen! la messe serait dite. Permettez-nous d’en douter. Que la fille de papa-nous-voilà attire un vote protestataire est une chose ; mais qu’elle puisse porter le début du commencement du moindre espoir politique en est une autre! Ce serait négliger le fait que 25% disent vouloir voter François Hollande. Ce serait aussi ignorer que 16% de ces mêmes jeunes affichent désormais leur préférence envers Jean-Luc Mélenchon, une progression de 11 points… Ceux qui ont participé aux meetings du Front de gauche le savent: les jeunes sont devenus un phénomène dans le phénomène, expliquant pour partie l’ampleur de la vague rouge. Au cœur de cette dynamique, celle de la jeunesse est de loin l’une des plus réjouissantes!
Car voyez-vous, en ces temps anxiogènes où on ne leur promet que le déclassement intergénérationnel et les injustices protéiformes d’une marchandisation globalisée, nous nous singularisons par la force d’une conviction : nous ne croyons pas que les jeunes, nos jeunes, acceptent d’être relégués au rang d’accompagnateurs passifs d’une époque brûlée par le brasier de la déréalisation. Cette conviction ancrée en nous marie le réel (celui que nous devons transformer) à nos ambitions philosophiques (celles qui nous permettent de maintenir notre cap).
vendredi 6 avril 2012
Infamie(s): quand la haine se déverse sur Mélenchon...
Quand Laurence Parisot et Gérard Collomb attaquent le candidat, on ne sait plus qui parle et à qui l'on a affaire. Un cas typique de mimétisme et de défense du système.
Commun. Jamais le bloc-noteur n’aurait imaginé poser un jour cette question. La voici pourtant: qu’y a-t-il de commun entre Laurence Parisot et Gérard Collomb? Primo: la lecture du Figaro. Secondo: une certaine errance philosophique. Tercio: un goût prononcé pour la conformité langagière et les convenances idéologiques, quand le modèle reste le monde tel qu’il est, avec ses traiders, ses goldens boys, ses publicitaires, ses pitreries télévisuelles, ses réflexes d’autolégitimation du capitalisme, quand la porosité des idées atteint un tel degré de chevauchement qu’on ne sait plus qui parle et à qui l’on a affaire, bref, quand les puissants ne croient qu’en leur propre loi… et quand la gauche dite de «gestion» ne croit qu’en la loi des puissants. Curieux mélange. Étrange transition.
Parisot. Le mimétisme fabrique souvent des stupides. Ainsi, simultanément, Parisot et Collomb se sont singés l’un l’autre jusqu’à l’absurde. À savoir la haine de Jean-Luc Mélenchon et de ses idées. Parisot dans le texte: «Jean-Luc Mélenchon aime laisser entendre qu’il est un vrai révolutionnaire. On aime bien la révolution, il y a des choses sympathiques. Mais je trouve que Mélenchon est beaucoup plus l’héritier d’une forme de Terreur que l’héritier des plus belles valeurs de la Révolution.» Faut-il encore, ici-et-maintenant, répondre à ce genre d’argument avilissant? D’abord, un point de rappel: Jean-Luc Mélenchon ne «laisse» pas «entendre» qu’il se veut révolutionnaire: il l’est! Et puis il est aussi matérialiste, universaliste, républicain, socialiste de la sociale, redistributif, partageux et même, tenez-vous bien, fraternaliste et égalitariste à tout rompre.
Commun. Jamais le bloc-noteur n’aurait imaginé poser un jour cette question. La voici pourtant: qu’y a-t-il de commun entre Laurence Parisot et Gérard Collomb? Primo: la lecture du Figaro. Secondo: une certaine errance philosophique. Tercio: un goût prononcé pour la conformité langagière et les convenances idéologiques, quand le modèle reste le monde tel qu’il est, avec ses traiders, ses goldens boys, ses publicitaires, ses pitreries télévisuelles, ses réflexes d’autolégitimation du capitalisme, quand la porosité des idées atteint un tel degré de chevauchement qu’on ne sait plus qui parle et à qui l’on a affaire, bref, quand les puissants ne croient qu’en leur propre loi… et quand la gauche dite de «gestion» ne croit qu’en la loi des puissants. Curieux mélange. Étrange transition.
Parisot. Le mimétisme fabrique souvent des stupides. Ainsi, simultanément, Parisot et Collomb se sont singés l’un l’autre jusqu’à l’absurde. À savoir la haine de Jean-Luc Mélenchon et de ses idées. Parisot dans le texte: «Jean-Luc Mélenchon aime laisser entendre qu’il est un vrai révolutionnaire. On aime bien la révolution, il y a des choses sympathiques. Mais je trouve que Mélenchon est beaucoup plus l’héritier d’une forme de Terreur que l’héritier des plus belles valeurs de la Révolution.» Faut-il encore, ici-et-maintenant, répondre à ce genre d’argument avilissant? D’abord, un point de rappel: Jean-Luc Mélenchon ne «laisse» pas «entendre» qu’il se veut révolutionnaire: il l’est! Et puis il est aussi matérialiste, universaliste, républicain, socialiste de la sociale, redistributif, partageux et même, tenez-vous bien, fraternaliste et égalitariste à tout rompre.
mercredi 4 avril 2012
Insurrection culturelle: le Front de gauche relève le gant !
Affirmons-le: ce qu’une culture tient pour sacré peut se définir comme «ce qui n’est pas à vendre».
«L’homme de culture doit être un inventeur d’âmes.» En ampleur et en ambition, mais aussi parce qu’elle nous oblige à nous hisser plus haut que nous-mêmes, la phrase d’Aimé Césaire porte en elle bien plus qu’une indication. Une exigence. Presque une injonction. Avec ces mots-étendards contre l’ordre globalitaire, nous ne sommes pas des chevaliers errants quêtant la promesse d’un bonheur âprement disputé. Nous ne sommes que de simples républicains pour lesquels la vieille aspiration à la «culture pour tous» reste un horizon à conquérir. L’un des plus beaux. Celui qui donne du corps aux perspectives d’émancipation collective – et confère de l’esprit à cette part d’humanité puisant sans relâche dans le creuset de nos imaginations. Par là s’invente un nouveau monde, arraché à nos mélancolies.
Lundi soir, dans une salle du Bataclan trop petite pour accueillir la foule, le monde de la culture a relevé le poing comme on relève le gant. «Il faut être éduqué culturellement pour pouvoir apprécier le monde dans lequel nous vivons», a lancé le candidat Jean-Luc Mélenchon. L’heure est grave. Car le règne de Nicolas Sarkozy aura été aussi mortifère en ce domaine que pour le reste. Dépourvu de toute culture de la culture, il ne pouvait que la penser à la hauteur de sa médiocrité… Ainsi, l’affaissement programmé de la culture signe comme l’achèvement du processus sarkozyste: transformer les citoyens en consommateurs, les contraindre à la sortie de l’histoire et des moyens d’agir pour la transformer.
Surprise au Bataclan : Mélenchon est venu en personne. |
Lundi soir, dans une salle du Bataclan trop petite pour accueillir la foule, le monde de la culture a relevé le poing comme on relève le gant. «Il faut être éduqué culturellement pour pouvoir apprécier le monde dans lequel nous vivons», a lancé le candidat Jean-Luc Mélenchon. L’heure est grave. Car le règne de Nicolas Sarkozy aura été aussi mortifère en ce domaine que pour le reste. Dépourvu de toute culture de la culture, il ne pouvait que la penser à la hauteur de sa médiocrité… Ainsi, l’affaissement programmé de la culture signe comme l’achèvement du processus sarkozyste: transformer les citoyens en consommateurs, les contraindre à la sortie de l’histoire et des moyens d’agir pour la transformer.
mardi 3 avril 2012
Irresponsabilité(s): pourquoi Nicoléon a utilisé des enfants
Après les meurtres de Toulouse. Retour sur une mise en scène scandaleuse et traumatisante devant des élèves...
Gamins. Le rythme de l’actualité nous joue parfois des tours. Il suffit d’un rien, d’une brusque accélération, pour qu’une séquence en chasse une autre et que l’acharnement jaloux à rester sur «la brèche» du jour-le-jour ne finisse par nuire au recul nécessaire et à la réflexion même. Ainsi, comme pris en faute sous l’effet pavlovien d’un retour de bâton pourtant salutaire, le bloc-noteur doit à un ami (moins influençable par le train fou des infos) ce petit rappel à l’ordre sous la forme d’une question : «T’es-tu demandé comment avaient réagi les gamins en entendant ces mots?» Il parlait de l’intervention de Nicoléon devant des élèves du collège et lycée François-Couperin à Paris au lendemain des meurtres des enfants juifs de Toulouse. La vérité oblige: oui, nous avions perçu vaguement que le prince-président avait, ce jour-là, mordu le trait; mais non, nous ne nous étions pas interrogés sur le point de savoir si son attitude avait été inconséquente – voire pire. À l’évidence, cet épisode assez invraisemblable n’a pas été assez commenté.
Erreur. Revoir les images (faites-en l’expérience) de Nicoléon s’adressant à ces enfants et, surtout, écouter les mots utilisés ajoutés à une gestuelle suggestive est une invitation à l’effraction émotive. Comme l’air et la lumière, tous les acteurs prisonniers de cette mise en abîme étaient autant d’éléments d’une spectacularisation outrancière. Car il s’agissait d’enfants. Scène incroyable durant laquelle le prince-président, ramené à lui-même, c’est-à-dire à l’essentiel de son sur-soi déviant, ne maîtrisait plus rien. Ni ses mots. Ni le sens qu’il voulait leur donner. Et bien sûr encore moins sa fonction, qui, en de semblables heures, méritait mieux. Ne le cachons pas, ce que vécurent ces enfants fut assez traumatisant.
Gamins. Le rythme de l’actualité nous joue parfois des tours. Il suffit d’un rien, d’une brusque accélération, pour qu’une séquence en chasse une autre et que l’acharnement jaloux à rester sur «la brèche» du jour-le-jour ne finisse par nuire au recul nécessaire et à la réflexion même. Ainsi, comme pris en faute sous l’effet pavlovien d’un retour de bâton pourtant salutaire, le bloc-noteur doit à un ami (moins influençable par le train fou des infos) ce petit rappel à l’ordre sous la forme d’une question : «T’es-tu demandé comment avaient réagi les gamins en entendant ces mots?» Il parlait de l’intervention de Nicoléon devant des élèves du collège et lycée François-Couperin à Paris au lendemain des meurtres des enfants juifs de Toulouse. La vérité oblige: oui, nous avions perçu vaguement que le prince-président avait, ce jour-là, mordu le trait; mais non, nous ne nous étions pas interrogés sur le point de savoir si son attitude avait été inconséquente – voire pire. À l’évidence, cet épisode assez invraisemblable n’a pas été assez commenté.
Erreur. Revoir les images (faites-en l’expérience) de Nicoléon s’adressant à ces enfants et, surtout, écouter les mots utilisés ajoutés à une gestuelle suggestive est une invitation à l’effraction émotive. Comme l’air et la lumière, tous les acteurs prisonniers de cette mise en abîme étaient autant d’éléments d’une spectacularisation outrancière. Car il s’agissait d’enfants. Scène incroyable durant laquelle le prince-président, ramené à lui-même, c’est-à-dire à l’essentiel de son sur-soi déviant, ne maîtrisait plus rien. Ni ses mots. Ni le sens qu’il voulait leur donner. Et bien sûr encore moins sa fonction, qui, en de semblables heures, méritait mieux. Ne le cachons pas, ce que vécurent ces enfants fut assez traumatisant.
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