Les membres du groupe Manouchian, bientôt fusillés. |
Choix. Nier la vérité des faits et des actes d’histoire, faire bon marché du sang séché des hommes, relève, dans la plupart des cas, de l’intention politique plus ou moins avouée. Dans les habits de la fonction, n’est pas de Gaulle qui veut – tout le monde n’est pas l’un des premiers à l’heure dite non plus… Difficile tâche pour un président, n’est-ce pas, que de devoir se «mettre en accord avec ses arrière-pensées», comme le réclamait le Général. François Hollande y parvient-il parfois? Et jusqu’où son impensé idéologique le conduit-il, vers quels coups tordus, lorsqu’il prend des décisions symboliques censées graver le marbre de la République dans ce qu’elle a de plus sacré? En installant au Panthéon Germaine Tillion, Geneviève Anthonioz-de Gaulle, Jean Zay et Pierre Brossolette, le chef de l’État a honoré quatre facettes d’un courage admirable, non discutable, deux femmes et deux hommes dont les combats et les destins ont aidé à sceller le renouveau de la République au cœur de la nuit pétainiste et nazie. Ces quatre visages tutélaires, dressés dans nos mémoires, têtes droites, méritaient la reconnaissance de la nation; ils sont légitimes; ils ont notre respect et notre admiration… Mais que les choses soient claires, néanmoins. En refusant la même reconnaissance à l’une ou l’autre des grandes figures communistes de la Résistance, cette même mémoire du pouvoir en place (nous n’écrirons pas ici, justement, «la République») s’avère pour le moins sélective. En politique, un oubli est toujours un choix; surtout quand on fraye dans la matière sensible des grands Livres du récit national. En assumant l’amnésie, le chef de l’État a volontairement décidé d’affaiblir – et d’entacher gravement – le message historique d’un des plus importants gestes de son quinquennat.