Numérique. Les rencontres littéraires parisiennes ont ceci d’intéressant qu’elles dispensent la plupart du temps des rencontres prévisibles, à l’instar de ces voyages organisés qui consentent à l’ordinaire des petits riens qui composent soi-disant une existence exaltante. L’autre jour, une auteure plutôt talentueuse et pourtant médiatique s’interrogeait, en mode provoquant: «L’écrivain est une “espèce” qui ne se définit pas, qui n’existe pas.» Et elle poursuivait: «L’écrivain est caractéristique de l’épicentre de la dialectique de reconnaissance. Pour que son “œuvre” soit éventuellement reconnue comme “littéraire”, elle doit être au moins publiée. Mais si elle devient publique, elle se doit d’être “reconnue”. Or, une qualité littéraire supposée ne dépend pas des lecteurs et encore moins de “ses” lecteurs.» Ainsi semble-t-il délicat de déterminer précisément ce qu’est l’écrivain, sans parler de sa fonction sociale qui ne s’inscrit pas mécaniquement dans la société comme l’un de ses rouages. D’ailleurs, un très bon livre –voire un chef-d’œuvre– peuvent très bien ne pas être écrits. En somme, personne ne l’attend. Sauf l’auteur. Et, éventuellement, un éditeur. Le dilemme paraît donc fracassant pour qui s’y exerce. Au moins pour une raison: la définition même de l’écrivain n’est-elle pas que, a priori, celui-ci n’écrit jamais par défaut? À partir de ce raisonnement, une question alors se pose: et les livres dans tout ça? Et même une question plus dérangeante par les temps qui courent: et les poètes dans tout ça?
Poésie. Connaissez-vous Yvon Le Men? Ici même dans cette chronique, nous avions narré sa mésaventure avec Pôle emploi (lire le bloc-notes du 3 octobre 2014), qui, en juillet 2013, avait lancé contre lui une procédure de contrôle alors qu’il bénéficiait du statut d’intermittent depuis 1986, avant d’être ni plus ni moins radié rétroactivement de ce régime et condamné à rembourser les indemnités perçues depuis 2010, soit 29 796 euros.