Comment les forces en lutte de 2016 peuvent-elles puiser dans celles du Front populaire de 1936…
Le trouble-fête, par définition, tombe toujours à point nommé en tant qu’intempestif, en une époque qui ne l’est sans doute plus assez et dont on voudrait nous laisser croire, par attitude rigide et péremptoire, qu’elle devrait rester figée dans un modèle libéral dogmatique. À la faveur, ces dernières semaines, d’une résurgence de contestations multiformes, ce que nous appelions jadis la «France sociale», souvent renvoyée dans un vaste musée d’antiquaille, s’invente avec le printemps un arrière-plan qui dessille les yeux. Car ses acteurs n’ont rien d’antiquaires. Ils connaissent même l’histoire dans laquelle puiser ce qui convient de l’être, comme source d’inspiration, à l’aune de ce qu’écrivait Marc Bloch: «Le proche passé est pour l’homme un commode écran; il lui cache les lointains de l’histoire et leurs possibilités de renouvellement.»
Ainsi en est-il de 1936 et du Front populaire, que la dernière Agora de l’Humanité, ce samedi, invitait à revisiter et à requalifier à la lumière de notre ici-et-maintenant, comme pour remettre le temps et ce qu’il nous a transmis à l’intérieur de ses gonds.
L’histoire ne se répète pas, encore moins les modèles, d’autant que nous vivons une période inédite, braquée par de multiples crises. Mais certaines matrices, que reflètent imparfaitement les photos jaunies, tracent des sillons dans lesquels chaque génération plante ses désirs et ses espérances. Nous sommes de plus en plus nombreux à sentir la force de cette nécessité absolue.
L’histoire –qui permet de se ressourcer à ses perspectives et de construire du neuf– n’est pas qu’une science du passé; elle est aussi une discipline du présent, avec l’épaisseur et l’expérience du temps. Si nous voulons retrouver le socle historique de la gauche et du mouvement plébéien et démocratique français, notre défi est à la fois simple et himalayen: aider tout ce qui peut agréger la rencontre, autrement dit la jonction, des lycéens, des étudiants, des travailleurs de tous horizons, des chômeurs comme des exploités, bref, aider le peuple à l’invention d’un rassemblement à la hauteur de ses intérêts. 1936 nous l’a enseigné: sans le mouvement social, pas de révolution citoyenne. La conscience collective est pourtant là, à portée d’yeux, de main. De jours de colère en nuits debout.
L’histoire –qui permet de se ressourcer à ses perspectives et de construire du neuf– n’est pas qu’une science du passé; elle est aussi une discipline du présent, avec l’épaisseur et l’expérience du temps. Si nous voulons retrouver le socle historique de la gauche et du mouvement plébéien et démocratique français, notre défi est à la fois simple et himalayen: aider tout ce qui peut agréger la rencontre, autrement dit la jonction, des lycéens, des étudiants, des travailleurs de tous horizons, des chômeurs comme des exploités, bref, aider le peuple à l’invention d’un rassemblement à la hauteur de ses intérêts. 1936 nous l’a enseigné: sans le mouvement social, pas de révolution citoyenne. La conscience collective est pourtant là, à portée d’yeux, de main. De jours de colère en nuits debout.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 25 avril 2016.]
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